Can you danse with me? [PV Tristan]

Les derniers rayons du soleil d'été brillaient encore sur la cime des arbres, n'allant pas tarder à s'éteindre, tandis que je faisais de mon mieux pour que personne ne puisse me reconnaître, ajustant mon loup avec soin.
Mais la distraction que j'avais tant espérée à la pensée de cette fête n'était apparemment pas au rendez-vous : ainsi dissimulés sous ces masques, je ne parvenais à reconnaître personne, regrettant amèrement de ne pas être venue en même temps qu'Oméga. Qui n'était d'ailleurs toujours pas là.
Histoire de ne pas rester plantée sur la piste de danse seule et penaude, je me dirigeais à tout hasard vers le buffet. Grand et surchargé de petits fours en tous genres, il m'intriguait, constatant le succès qu'il remportait, les plateaux se vidant au fur et à mesure que les invités les dévoraient. Avaient-ils ce même goût terreux pour eux qu'ils avaient pour moi ? Si oui, comment pouvaient-ils l'apprécier ? La tentation était trop grande, je tendis la main vers un feuilleté au fromage, hésitante, avant de me retirer promptement, me rappelant de la saveur qu'avait le café de la semaine dernière.
Me retournant, je balayai d'un coup d'oeil la fête, mon regard valsant entre les couples dansant, ceux qui discutaient, riaient, ou communiquaient simplement. Je commençais même à songer que j'étais la seule immortelle qui avait eu la mauvaise idée de venir, n'étant même pas conviée aux festivités. Dieu que je me sentais seule, toutes ces personnes tournoyant autour de moi, comme des hirondelles voltigeant autour d'une statue de glace.
Et voilà pourquoi j'étais différente. Tout bonnement différente. J 'avais beau avoir une apparence humaine, cette peau neige ne me remportait que des regards en coin étonnés, voire inquiets pour ma santé. Ces personnes savaient-elles seulement ce qu'elles étaient en train de toiser ainsi ? Voilà une question que je me posais bien souvent, et dont la réponse restait bien tristement la même : non.
Soudain, une odeur - peut-être bien trop familière - vint chatouiller mes narines sensibles, interrompant par la même occasion mes pensées noires. Du sang. J'en étais certaine. Mais pourquoi ce parfum était-il présent ? Il ne devait pas être là. Il n'en avait pas le droit.
Mais sans m'en rendre compte, le fumet avait donné un ordre à mon cerveau, impuissant : trouve-le. Et, évidemment, cet imbécile de cerveau avait obéit sans y réfléchir. Mes jambes avaient donc enjambé la piste de danse, courant presque. Fermant inconsciemment les paupières, je me laissais guidée par l'odeur, irrésistible. Et puis...

"Eve... Qu'est-ce que tu viens faire ici ? Je ne crois pas t'avoir invitée à te joindre à moi et à mon ami."

Je rouvris les yeux, retenant presque une exclamation de surprise. Face à moi, Max. Étonnamment belle et radieuse dans sa robe dont la clarté faisait subliment ressortir ses cheveux de jais. Cette phrase, elle l'avait prononcé avec une élégance que je ne lui aurais soupçonné. Incapable de prononcer un mot, mon regard se posa sur son expression dont je ne compris pas la signification, puis sur son col qui remontait jusqu'à son cou, pour finir sur son poignet. Ensanglanté. Instantanément, cette brûlure insoutenable consuma ma gorge, et l'intégralité de mes muscles se contractèrent, prêts à bondir sur leur proie. Me raclant discrètement la gorge, je répondis d'une voix timide et incertaine qui ne me ressemblait guère :

"Je ... suis navrée. Je voulais juste m'assurer que ton ami ne finisse pas unijambiste, comme certains."

En effet, ma jambe me faisait toujours souffrir, malgré sa cicatrisation plus que rapide. Agrippant sans le faire exprès mes doigts autour de ma cuisse, à travers ma robe, je soutins un regard de défi à Max, bien que je fusse décidée à ne pas me donner en spectacle aux yeux de tous en l'agressant en ce jour.

Déglutissant avec difficulté, je fixais toujours la main de Max, aux traces rougeâtres. Je n'avais prêté attention à son "ami" jusqu'ici, mais, soudain, il se leva, avec une grâce étonnante pour un humain, avant de se placer entre l'hybride et moi. M'autorisant une petite bouffée d'air, je sentis que l'odeur de sang s'était atténuée, et recommençais ainsi à respirer normalement à nouveau. Mais cet humain n'en avait pas l'odeur, car je compris rapidement qu'il appartenait au groupe de ces très chers métamorphes. Et, même avec ce masque, je devinais qu'il était beau. Très beau. Avec une élégance qui reflétait subliment bien son physique, il s'adressa à moi avec une voix polie et accueillante :

« Bonsoir! Je me nomme Tristan McAllister, puis-je connaître le votre ? »

Me rendant compte que je le dévisageais, je me ressaisis, retrouvant tout à coup ma confiance habituelle. Adressant un sourire attrayant, je replaçai une mèche brune derrière mon oreille, bien décidée à lui dévoiler ma véritable personnalité, ne sachant pas quelles sottises Max avait bien put lui conter à mon sujet. Qui était d’ailleurs retournée s’asseoir sur sa souche, apparemment de mauvaise humeur. Car cela semblait être une coutume chez elle. La mauvaise humeur s’entend.

« Assurément. Je m’appelle Eve. Eve Pleasure Leigh. Je suis tout à fait désolée de vous interrompre ainsi, mais j’aurais souhaité dire un mot à Max. »

La première partie de la phrase était normale, habituelle, même si je m’encombrais de politesses dont je ne faisais habituellement pas usage. Le bal m’aurait-il influencée sur ma façon de parler ? C’était probable. Ou bien était-ce cette aisance avec laquelle cet homme parlait qui me poussait à le faire.
En revanche, la seconde partie n’était que pure invention, et je savais bien que si Tristan acceptait que j’aille lui parler en privé, la situation allait rapidement dégénérer. Car je m’imaginais déjà la scène : un nouveau conflit, un léopard face à une immortelle dont la robe nuit semblait sortir tout droit d’un compte de fée, le félin bondissant avec rage sur cette fille, qui ne se priverait pas de riposter . Mais je ne m’attendais pas à ce que le métamorphe soit d’accord. Cette seconde partie m’avait au moins fournit une excuse. Valable, cela, j’en doutais fort, mais une excuse quand même.
Je m’apprêtais à tendre la main vers Tristan, attendant une poignée de main en retour, mais le mot bal me revint. Autant user de la situation pour avoir un soupçon d’humour. Et puis, j’avais toujours envié ces princesses dans les vieux films qui pouvaient le faire. J’esquissai donc une légère révérence en tenant ma robe d’une main, l’autre dans le dos, avant d’adresser un demi sourire d’ironie à Tristan.
La brûlure incandescente de ma gorge semblait s’être soudainement envolée, ou plutôt, je l’avais oubliée. Et, cela, je ne pouvais pas m’en plaindre.

"Je suis navré mais je ne pense pas que cela soit une idée correcte. Veuillez m'excuser mais je crois que ce n'est pas le bon moment quoi que vous lui vouliez!"

Puis Tristan retourna ma révérence, et je fus heureuse que le métamorphe rentre dans mon jeu. Mais apparemment, il avait une image de moi assez péjorative, et était au courant du conflit qui s'était produit entre Max et moi. En même temps, le contraire m'aurait parut étrange. Son ton poli était cependant rassurant, et je ne parvenais pas à comprendre la raison pour laquelle Tristan pouvait bien être lié d'amitié avec l'hybride. J'aurais plutôt vu Max comme quelqu'un de misanthrope et solitaire, mais au fond, mes jugements sur les autres étaient bien souvent erronés. Et voilà pourquoi je m'étais promis de ne plus juger personne. Même si chacun le faisait toujours, même inconsciemment, du moins, c'est ce que j'espérais.

« Oui, vous n'avez peut-être pas tort, déclarais-je en reprenant un ton plus naturel. »

Tristan confirma d'un signe de tête, avant d'aller tenir compagnie à Max, retournant s'asseoir sur sa souche d'arbre. Je m'apprêtais à les laisser seuls, lorsque le métamorphe s'adressa à mon hybride :

« J'aimerai te proposer à nouveau un verre, puisque tu n'as pas eu l'occasion de savourer le premier... »

Un grognement sortit malgré mes efforts à le contenir des tréfonds de ma gorge, grave mais discret. Mais au fond, je comprenais tout à fait que je n'étais pas la bienvenue, interrompant ainsi leur ... discution ? L’insinuation dans cette phrase me dérangeait cependant profondément, je la trouvais presque déplacée. Secouant la tête, je me ressaisis, tranchant que j’étais en tort. Ce qui était probablement vrai.
Pour moi qui n’étais guère habituée à fréquenter des expériences en dehors des immortels, voir mes semblables manger, ou même boire, m’étais étranger, presque bizarre. Et cela reflétait le mur qui séparait nos espèces, si je puis dire. En effet, même à l’Area 51, les hybrides et métamorphes ne se mélangeaient pas aux immortels, malgré mes nombreuses tentatives pour me lier d’amitié avec eux, ils refusaient systématiquement nos approches, effrayés à l’idée que l’on puisse s’attaquer à eux. Car, mis à part Max, je n’avais mordu personne, sans compter mes premières divagations des débuts. L’attitude que j’avais envers elle ne me ressemblait en rien, et je n’avais jamais compris pourquoi j’agissais ainsi avec elle.
Et, tout aussi soudainement que l’odeur du sang était arrivée à mes narines, Max se leva, enlevant avec elle Tristan, et tous deux se dirigèrent en direction du buffet.
Mais ce comportement me paraissait faux, comme si Max avait tout programmé à l’avance, comme si Tristan la suivait non pas parce qu’il en avait envie, mais parce qu’il y était obligé. Mais cette pensée n’était-elle pas de la jalousie vis-à-vis de mon hybride favorite ? M’éloignant à mon tour de la souche d’arbre, au sol encore immaculé de sang, je dépassais ce couple si parfait, en soufflant au passage un « Fais attention » à l’oreille de Tristan, sans me rendre compte que je l’avais tout à coup tutoyé.
Je traversais rapidement la zone des festivités, pour m’enfoncer dans la forêt, aussi loin que possible de Max, ignorant cette robe trop encombrante qui voltigeait autour de moi lorsque je faisais le moindre pas.
La nuit était tombée, et la cime des arbres ne brillaient à présent plus grâce aux derniers rayons du soleil, mais grâce à l’éclat de la lune. Lorsque je trouvai enfin un endroit désert de monde, je me laissai tombée au pied d’un chêne centenaire, prêtant une soudaine attention aux bruits de la nuit, mystérieux et fascinants à la fois. Car, à cet instant, je compris quelle question j’aurais dû poser, la seule chose qui était vraiment importante dans cette soirée. Ça a quel goût, un feuilleté au fromage ?

Tristan m'intriguait. Était-ce de la réelle politesse, ou bien avait-il enfilé ce costume d'homme parfait dans le but insensé de plaire à Max ? Je n'avais pas le souvenir de l'avoir déjà croisé auparavant, et n'avait donc aucune idée de la personne qu'il pouvait bien être en dehors de ces bals mensongers. Mensongers, car ils obligent chacun à se vêtir et à se comporter d'une manière qui ne leur ressemblent guère pour la plupart. Et au fond, c'était sûrement cela qui les rendaient fantastiques. Car ce n'était qu'à cet instant précis que je compris que le seul moment auquel j'avais pu m'amuser un peu était lorsque je m'étais adressée à lui. A Tristan. Et cela, aussi étrange soit-il, ne m'étonnait pas une seconde. En dehors de Nathaniel, les rares connaissances que je possédais à La Crosse n'étaient que des femmes. Et une présence masculine me manquait cruellement. Rigolant je ma propre bêtise, je cessai de contempler la Lune, pâle et brillante, pour m’intéresser à la merveilleuse distraction qu’était le déchirage du tapis du feuilles qui m’entourait. Mais je l’avais entendu. Les bruits de ses pas s’entend. Légers et rapides, je les auraient reconnus parmi cent. Max approchait dangereusement, et je m’y attendais. Bien que je ne la connaisse que d’une rencontre, le fait qu’elle eut réussit à échapper à la vigilance étroite de Tristan ne me surprenait guère. Le contraire m’aurait même inquiétée. Les sons s’estompèrent peu à peu, jusqu’à s’effacer.

« EVE! »

Au cas où je n’aurais pas entendu évidemment... Je relevais la tête, regardant le plus naturellement du monde Max, qui avait entreprit de retirer son masque, dévoilant ainsi son visage, clair mais contrarié. Sans prendre d’inspiration, elle lança :

« Dis moi ce que tu as dit à Tristan. j’ai bien vu que tu lui murmurais quelque chose à l’oreille. Si tu ne me le dis pas toi-même, j’irais lui demander. Alors autant parler. »

Sans me relever, je le toisais d’un regard, ses yeux emplis de colère, ses cheveux qui n’étaient plus aussi bien coiffés que tout à l’heure, certainement en raison de sa course, cette robe sublime dans laquelle elle semblait être mal à l’aise, ses doigts crispés, comme pour s’empêcher de me sauter dessus, avant de m’égorger avec fureur.

« Dis moi Max... » commençais-je.

Je fis une pause, tout en retirant mon masque à mon tour, sans interrompre mon observation de sa personne. Et, sans attendre sa réponse, je poursuivis, la phrase n’étant pas réfléchie, fusant toute seule de ma bouche :

« Ça a quel goût, un feuilleté au fromage ? »

Jetant mon loup à terre, je la regardais dans les yeux, attendant une réelle réponse. Qui ne vint jamais. Ma question semblait peut-être étrange. C’est comme si l’on me demandais quel goût avait le sang. C’était inexplicable, car normal, banal, habituel.

« Bon, d’accord, laisse tomber ça. On verra plus tard. Mais tu n’as pas à t’inquiéter, je n’ai pas avoué à Tristan mon plan diabolique qui consiste à manger tout le monde ce soir, avant d’incendier la forêt entière pour faire disparaître les preuves. »

Petite erreur : Max n’avait jamais compris mon humour... assez pitoyable. Et elle serait tout à fait capable de prendre ma plaisanterie au sérieux. Mais je n’avais aucune intention de me battre ce soir, et si je voulais mener mes bonnes résolutions à terme, j'avais tout intérêt à me calmer...

Tristan était proche du buffet à présent. en fait, son amie et lui se trouvaient maintenant juste devant et le jeune homme venait de lui coller un verre dans les mains. bien entendu, il savait pertinemment qu'il avait contre-carré les plans de la demoiselle, et qu'elle en était vraiment furieuse, même si elle ne le montrait pas. du coup, elle avait pris le verre sans rien dire, enfin de toute manière elle n'avait pas eu trop le choix... Tristan était un jeune homme adorable, mais il savait parfaitement être persuasif.
mais Max préparait un mauvais coup. il l'avait bien compris. cependant, il ne pouvait pas définitivement l'empêcher d'aller la retrouver... il n'en avait aucun droit déjà pour commencer. ben quoi? il n'était pas de sa famille, ni son petit ami, il n'était qu'un simple ami, pas très proche... il n'avait donc aucune raison valable de la retenir contre son gré. elle avait pris sa décision et n'en changerait pas, il en était certain...

"Je ne voudrais pas te commander mais est ce que tu pourrais aller me chercher un petit
canapé, sur l'autre table, s'il te plait?"

il n'avait donc plus qu'à la laisser faire, sans pour autant montrer sa "faiblesse". oui, lorsqu'il aperçu son petit sourire qui sonnait totalement faux, et qu'en plus celle-ci lui demanda s'il pouvait aller lui chercher quelque chose à grignoter, Tristan comprit ou en était la situation. il n'avait plus qu'à accepter et la laisser filer, car c'était bien ce qu'elle comptait faire, il le savait très bien!
il fila donc de l'autre coté du buffet, l'air de rien, mais ne la lâcha pas vraiment du regard. il ne prit même pas la peine de prendre le petit canapé trop lourd qu'elle lui avait demandé. non, il se contenta de la suivre du regard. il put même la voir transformée, et constata qu'elle était tout aussi belle ainsi, aussi gracieuse, aussi... caractérielle!
il n'avait plus qu'une chose à faire, la suivre. la suivre sans qu'elle ne s'en aperçoive, et sans se faire prendre de vitesse par l'immortelle, mais il y avait peu de chance que cela arrive. son pouvoir était bien trop puissant pour qu'il se laisse avoir comme un débutant...il s'arrangea alors pour ne faire aucun bruit, et la suivit en se plaçant à contre-sens du vent de façon à ne se faire remarquer par personne.
c'est ainsi qu'il les retrouva. l'immortelle assise par terre, son masque au sol, et Max en face d'elle, debout, le visage également à découvert. préférant ne pas intervenir pour l'instant, il s'appuya alors contre un arbre et observa la scène.

« Dis moi ce que tu as dit à Tristan. j’ai bien vu que tu lui murmurais quelque chose à l’oreille.Si tu ne me le dis pas toi-même, j’irais lui demander. Alors autant parler. »

« Dis moi Max... Ça a quel goût, un feuilleté au fromage? Bon, d’accord, laisse tomber ça. On verra plus tard. Mais tu n’as pas à t’inquiéter, je n’ai pas avoué à Tristan mon plan diabolique qui consiste à manger tout le monde ce soir, avant d’incendier la forêt entière pour faire disparaître les preuves. »

[dsl mais je ne sais pas quoi rajouter ^^]

« J'en doute. Il aurait réagit... »

Parce qu'elle avait réellement pris ma plaisanterie au sérieux ? Une envie dévorante de continuer sur cette voie là me rongeait, mais son manque cruel d'humour ne me le permettait pas. Même Spiderman lui était étranger, c'était pour dire...

« Sauf si il était de mèche avec moi! » rigolais-je avec un sourire ironique. 

Incapable de tenir en place, j’esquissai quelques pas, dansant presque, ne pouvant pas grimper dans les arbres comme lors de notre dernière rencontre, à moins de mettre en péril ma robe. Max, elle, restait immobile, comme une statue de marbre, haute et distinguée. Lui jetant un regard en coin, je remarquai son expression froide usuelle qu’elle arborait. Rejetant mes cheveux en arrière, je penchai légèrement la tête vers la Lune, qui me fascinait tant.

« Tu ne la trouves pas sublime ? Dommage qu’elle ne soit pas pleine, ce soir. Ça aurait fait une scène idéale pour un film à l’eau de rose... »

Son manque de réaction m’attristait presque. Comment pouvait-on être si inexpressif ? Ou bien n’était-ce qu’en ma compagnie ? Une seule chose était certaine : je ne comprendrais bel et bien jamais cette jeune femme aux cheveux de jais. Et c’était probablement réciproque. Délaissant mon admiration, je regagnai mon sérieux, puis m’approchais à pas lents de l’hybride, qui était placée à quelques mètres de moi. Celle-ci, toujours aussi glaciale, porta machinalement ses doigts à son cou, recouvert d’un col de dentelle claire. J’aurais voulu ignorer son geste, mais la phrase fusa d’elle-même, sans que je puisse m’en rendre compte.

« Ma jambe cicatrise très mal aussi... » soufflais-je d’une voix étonnamment calme et sincère.

Concluant que cette phrase suffisait à faire comprendre à Max que je ne souhaitais pas m battre, que je refusais d’écoper d’une seconde cicatrice, recouvrant la première.
Décidant qu’ajouter quoi que ce soit ne serait qu’inutilité, je passai à côté de l’hybride, oubliant même mon masque, toujours au pied du chêne centenaire, désormais à l’abandon.
Quelques pas me suffirent à sentir une nouvelle odeur, une odeur qui n’aurait pas dû être là, une odeur que j’avais sentis quelques minutes auparavant. Pas celle du sang, mais celle de Tristan. M’arrêtant net, je balayai le forêt autour de moi d’un regard, avant de trouver ce que je cherchais. Reprenant ma route en direction de la zone des festivités, je pris soin de passer à côté du métamorphe.

« Bonsoir Tristan. » murmurais-je, cependant assez fort pour que Max l’entende.

Sans attendre sa réaction, je passais mon chemin, l’énervement me gagnant peu à peu. Bien que l’attitude de Max me désespérait littéralement, je ne pouvais m’empêcher de blâmer Tristan. Comment pouvait-il ainsi suivre son amie ? Espérait-il pouvoir réagir au cas où un conflit éclaterait ? Contre un léopard et une immortelle ? Ne lui faisait-il pas suffisamment confiance ? Même si je ne connaissais pas son don, je doutais fortement qu’il ait la puissance nécessaire pour nous stopper, Max et moi.

[Entre les feuilletés au fromage et les blagues pourries, faut que je me calme moi...]

[waou le roman!!]

Tristan savait que Max serait déçue. oui, elle allait être déçue du fait qu'il l'ait suivit... mais il avait été nécessaire pour lui de faire une chose pareille. il l'avait déjà laissé partir vers Eve contre son gré il ne pouvait pas se permettre de l'oublier seule face à l'immortelle. après tout, il avait empêché Eve de se retrouver seule avec elle au début parce qu'il pensait que cela finirait mal et pour finir Max avait quand même décidé d'y aller! que pouvait il faire d'autre?
il n'avait pas vraiment le choix, il n'avait pas empêché le premier tête à tête pour rien quand même! en plus il avait bien remarqué qu'au début Max n'avait aucune envie de rester toute seule en compagnie de l'immortelle... c'était à présent un renversement de situation... la jeune femme ramassa alors son masque et se tourna vers lui avant de reprendre la parole à son intention.

"Pourquoi m'as tu suivis?"

pourquoi l'avait-il suivi? elle était bien bonne celle-là... Max lui avait-elle dit ces choses pour le faire enrager ou bien ne comprenait-elle vraiment pas la situation? pour une fois Tristan n'aurait su répondre à cette question. mais peu après, il lui paru évident que non. elle ne se rendait pas compte... le jeune homme se redressa alors et laissa échapper un soupire plein d'ironie.
Max le prendrait peut être alors de haut, mais tout ce qu'il avait fait ce soir depuis qu'il était arrivé, c'était pour elle, pour lui faire plaisir et pour la protéger, éviter le pire. et elle ne faisait que lui montrer un coté déçu de son comportement. qu'aurait-il pu faire de mieux? rien... s'il n'avait pas agit comme ça qu'aurait-il fait? rien?? et il s'en serait voulu si quoi que ce soit c'était produit! ce fut alors d'un ton un peu plus froid que d'habitude qu'il lui répondit, le regard posé sur un vulgaire moustique qui cherchait une proie. lui aussi était déçu, il était déçu de la façon dont avait agit son amie.

pourquoi crois-tu que je t'ai suivi?!

puis il fit lentement demi-tour et commença à marcher de nouveau en direction des festivités, dans l'espoir qu'elle le rejoindrait et que tout se passerait comme en début de soirée.