Enea P. Bennett

« Je n'aime pas la ville. Je n'ai jamais aimé la ville. Ô, que le bruit des gens qui papotent dans la rue est agréable, que l'odeur des poubelles qui trainent sur les trottoirs l'est aussi. Je n'ai jamais compris la volonté des gens à se presser tous les matins pour aller au travail, dans des métros bondés, dans des bus puants, et même dans les aires de repos. Quelle ironie. Malgré l'apparence agitée de la ville, ma vie ne l'était guère. Tous les jours, la même routine s'installait, et il était inutile de dire que je m'ennuyais. Les seuls moments de bonheur de ma journée ? Ceux où je pouvais ouvrir un bon bouquin, et dévorer avec grande appréciation les mots de ma chère langue. En parlant de ça, je ne suis pas très amateur de romans nouveaux, de romans commerciaux, de ce genre de choses. Ce que j'aime, c'est l'ancien. C'est pour cela que je n'ai jamais aimé les États Unis, et que je me voyais vivre dans un pays comme l'Angleterre ou encore la France. Tout y était raffiné. Tout y était beau. Tout y était élégant. Dans la ville, ce n'était que grands buildings sans aucune recherche architecturale, et musique bruyante inécoutable. Je me réservais au classique, et je n'avais pas peur de l'affirmer .. Ou presque. On m'avait toujours traité comme une fille hors norme. Une fille bizarre. Celle qu'il ne fallait pas vraiment fréquenter, mais à qui on parlait pour faire bien. Je n'étais pas une tête de turc à proprement parler, mais disons que .. Bref.

J'étais alors partie pour une petite ville, celle de La Crosse. Quittant ma mère institutrice en la laissant totalement seule, pour aller rejoindre mon idiot de grand frère. Enfin, idiot, j'exagère, je ne le connais même pas. Toujours était-il qu'il était comme un grand vide dans ma vie, là aussi j'exagère, et il fallait absolument que je sache qui était celui avec qui je partageais « mon sang », si on pouvait dire. Je savais que ça n'allait pas vraiment être une partie de plaisir, comment connaître un frère que vous n'aviez jamais fréquenté, qui plus est avec 6 ans d'écart, mais ça me permettait au moins de quitter toute cette populace de filles à papa pourries gâtées, et je ne pèse pas mes mots. En tout cas, j'étais bien heureuse de rejoindre un endroit à peu près tranquille, avec, je l'espérais, de bonnes choses en perspective. D'ailleurs, il y avait un signe de bienvenue pour moi, je n'avais pas trébuché une seule fois sur mon trajet jusqu'ici. Impressionnant, hein ? Mais il faut arriver jusqu'au point le plus important, je me perd en paroles insensées.

Moi, Enea, j'étais maintenant une habitante de La Crosse. Bien que je n'aie pas vraiment mon appartement, étant donné qu'il n'était encore près que dans un mois .. Bref. Décidant de faire un petit tour dans la ville, pour repérer les meilleurs endroits, je m'étais vêtue d'un simple jean et d'un t-shirt pour sortir. Grave erreur, je n'avais apparemment pas remarqué le froid qui régnant ici, et je remontais bien vite rajouter plusieurs couches en haut. Préparée à affronter le froid polaire, je sortais dans la rue. Bien que j'avais l'âge, ma mère n'avait jamais été vraiment pour que je conduise une voiture, et je n'avais donc jamais touché le volant. Nous n'avions pas assez d'argent de toute façon pour m'acheter un engin, et vu ma maladresse, il n'était pas dit que je ne tombe pas dans un fossé dès le premier jour .. Alors je me mis en route, à pied, pour découvrir un peu. Ça me permettrait alors de repérer quelques gens sur le passage, en espérant qu'ils ne m'abordent pas, et de prendre un peu l'air. Mon teint indiquait très clairement que cette activité ne m'arrivait pas souvent, pas de ma faute si j'étais cataloguée comme un rat de bibliothèque.

Les premières minutes ne furent guère excitantes. La ville était déserte, et je soupçonnais un nuage de poison d'avoir recouvert la ville et laissé tout le monde pour mort, sauf moi. Scénario assez drôle, quand on l'imaginait. Morbide, également. Laissant de côté cette idée en remarquant un chat noir qui traversait la route non loin de moi, je pu me consacrer à l'admiration du paysage. C'était un peu grand dire, étant donné que le spectacle était assez désolant. J'en regrettais presque la grande ville de New York .. Trop vite parlé. Là bas, je ne pouvais pas marcher dans la rue sans croiser le regard d'un passant et de rougir comme une tomate. Je haïssais ça, bien sûr, mais je me gênais incroyablement vite. Comme avec ces drôles de personnes qui habitaient dans le même hôtel que moi et mon frère. Tellement beaux, bien sûr, mais ils fichaient vraiment la chair de poule. Et si nous habitions en même temps qu'une organisation secrète ? Ou qu'un réseau de tueurs en série qui avait décidé de faire son premier meeting IRL ? Oh et puis, après tout, ça mettrait un peu d'action. Mourir ne me faisait pas peur, et je ne voyais pas pourquoi les autres redoutaient tellement ce verbe. Peut-être la douleur de la mort, d'accord, mais la mort en elle même n'avait rien d'effrayant. Étant donné que quand on était mort, on ne s'en rendait pas compte .. A moins de croire à toutes ces histoires de paradis. Mais surtout d'enfer, d'ailleurs.

« Hey toi, tu es nouvelle ? » Je me retournais, avec un petit frisson. Apparemment, je n'étais pas si seule que ça. Superbe. Un gars me faisait de grands signes. « Oui. » Pas besoin de dire plus, je reprenais directement mon chemin. Apparemment, ma réponse courte mais efficace l'avait laissé sur le trottoir, et il ne s'était pas mis l'idée en tête de me suivre. Ce n'était pas que j'étais asociale mais .. Parfois, j'avais juste envie d'être seule, comme en cet instant. Bientôt, je me rapprochais du centre ville, et voyait un panneau qui m'indiquait la bibliothèque. Il y en avait une, même dans ce trou pommé ! Un petit sourire excité au visage, je choisissais tout de suite la direction que m'indiquait le panneau. Bibliothèque était, pour moi, synonyme même de paradis. A New York, il y en avait bien plusieurs, mais il y avait toujours des petits rigolos pour faire du bruit alors que les autres essayaient de travailler. Au moins, ici, il n'y avait probablement aucune chance que je me fasse déranger, ce qui était .. Eh bien, superbe. Mes pas s'accélérèrent, comme par magie, et j'arrivais assez vite devant les portes imposantes de la bibliothèque. Contre toute attente, elle était grande. Je jubilais. Rentrant, je me retrouvais tout de suite dans l'ambiance froide, tendue, et silencieuse que j'appréciais particulièrement. Les rayons étaient immenses, et je m'occupais de me plonger dans les allées avec plaisir. Que choisir ? J'optais au final pour Jane Eyre, que j'avais lu et relu, mais eh bien .. Ce n'était que ma première visite ici, il fallait que je prenne mes repères, non ?

Ma trouvaille à la main, je m'asseyais vite à une des grandes tables qui étaient pratiquement au centre du bâtiment. Avec un soupir de plaisir, je commençais à laisser mes yeux se délecter des mots imprimés sur les pages de papier, pendant bien une demi-heure, quand des pas me firent sortir de mon état presque second. Quelqu'un se dirigeait par ici. Relevant vite la tête, je tâchais de deviner l'origine de ce bruit, telle une panthère qui guettait sa proie. J'étais ridicule. Au fond d'une allée, une silhouette se détacha enfin, et un garçon d'assez grande taille se dirigea droit vers ma table. Superbe. Je tâchais de détacher mon regard, il ne manquait plus qu'il remarque que je le fixais et que je rougisse. Reprenant ma lecture, j'essayais de me rattacher aux phrases, qui bientôt n'eurent plus aucun sens. Il était assis juste devant moi. J'osais relever le regard pour le dévisager, chose que je regrettais presque instantanément. Pourquoi ?

Il ressemblait à un de ces étranges habitants de mon hôtel. En bref, il était parfait. Ses cheveux, qui pourtant n'avaient pas l'air d'avoir été spécialement coiffés, étaient sculptés à la manière d'une œuvre d'art, si bien que j'eus honte de mes propres poils capillaires. Les traits de son visage semblaient avoir été sculptés par des anges, tellement les lignes se rejoignaient avec souplesse et douceur. Un peintre se serait mordu les doigts de ne pas pouvoir faire un portrait de cette merveille. Face à cette créature presque surnaturelle, je me sentais tout d'un coup extrêmement petite et misérable. Pas grave, au moins j'avais la chance de pouvoir admirer la personne devant moi autant que je le voulais. J'aurais voulu observer plus précisément ses yeux, mais j'aurais alors croisé son regard, chose qui m'aurait flagellé. Cependant, j'étais persuadée qu'ils devaient avoir une couleur tout à fait exquise, car telle était l'appellation de toutes les parties de son corps. Je ne pouvais pas m'adonner à une contemplation de sa musculature, car elle était presque totalement cachée par la table basse. Je devinais néanmoins qu'elle devait être impressionnante. Impressionnant, tout en lui l'était. On aurait dit que la lumière qui émanait de son corps [NA : ce n'est qu'une image] m'aveuglait, et qu'il y avait une sorte d'aura magique qui l'entourait.

Soudain, il releva la tête. Que faire ? Les pensées dans ma tête se mirent à vouloir se cogner les unes aux autres, et je ne fit que me re-baisser vers mon bouquin. Je l'avais littéralement déshabillé [bon d'accord, pas vraiment] du regard, et je me sentais alors extrêmement honteuse. Il n'avait aucun livre à la main. Il continuait de me fixer. Dieu, ce que ça pouvait être stressant et énervant ! Il devait surement se rendre compte de ma pâle normalité à côté de sa splendeur si évidente. Je voulais me pendre. Ma respiration s'accélérait, sans que je le veuille ou le souhaite. Je voulais que la corde me soit tendue par cet être angélique, et qu'il soit le témoin de ma mort. Ma tête se mit à me faire mal, et comme une idiote, sous la pression, mon nez se mit à saigner. Jetant le livre précipitamment pour ne pas l'abimer, je portais ma main à mon nez et entreprenait d'appuyer sur la narine pour arrêter le flot. Relevant la tête, je remarquais que le garçon devant moi avait rattrapé le livre. Je ne savais pas viser, je n'avais donc pas pu l'envoyer directement sur lui. Et si oui, il aurait du se le recevoir dans la tête, comme à chaque fois que je faisais des gaffes. Pourquoi ce genre de choses n'arrivait qu'à moi ? Avec des secondes de retard, je remarquais qu'il tenait une main sur son nez, comme si .. Je sentais mauvais. J'avais pris une douche ce matin, c'était impossible. L'odeur du sang me brouillait le sens de l'odorat et je ne pouvais pas vérifier.

L'ange me tendit un mouchoir. Je le pris, et remarquait qu'il n'était pas en papier .. Est-ce que j'allais oser l'utiliser ? Le portant jusqu'à mes narines, je pu sentir la douce effluve qui devait surement être son odeur. Elle était exquise, si bien que j'aurais voulu garder le tissu contre mon nez pendant des jours entiers sans m'en lasser. Je devenais complètement folle. Après des secondes d'hésitation, il fit un geste qui me décida à coller l'objet aux senteurs angéliques sur la protubérance du milieu de mon visage, qui avait surement envie de disparaître à l'instant. L'odeur s'introduisit dans mes narines en une grande vague, et j'eus bien du mal à retenir un petit soupir de plaisir. Pendant des minutes qui semblaient durer des heures, je restais la tête baissée, à ne pas vouloir croiser le regard de l'ange qui pensait que je sentais mauvais. Alors que je sentais le flot de liquide rouge arrêté, j'osais un regard vers le haut, pour m'apercevoir qu'il était parti.

Je me demande si c'est qu'on appelle tomber amoureux, trouver une personne tellement parfaite et belle, ou si c'était juste la créature du paradis qui était juste comme ça. J'étais restée un bon quart d'heure à renifler le mouchoir, avant de prendre mon livre laissé sur la table et de le ranger. Rentrée chez moi, je ne pouvais que m'interroger sur la nature du garçon. Était-il dans mon lycée ? Il ne semblait pas avoir plus de 20 ans, mais sa beauté aveuglante pouvait bien me tromper. J'espérais de tout mon cœur le rencontrer encore une fois, rien que pour ressentir tout ce que je pouvais, comme à l'épisode de la bibliothèque. Le désir. Je n'avais jamais compris cette notion, qu'utilisaient beaucoup des jeunes de mon ancien lycée pour justifier le fait qu'ils trompaient leurs copines à tout bout de champ. Je n'avais jamais ressenti aucune attraction pour une personne humaine, et pourtant, là était la preuve que je n'étais pas si déglinguée mentalement. Ma mère serait ravie.

Première rencontre officielle avec l'être charmant. Mission : Trouver ABSOLUMENT qui il est.

Enea, Phœnix, Bennett. »

« Durant les jours suivants, je n'arrivais plus à penser correctement. Je n'avais pas la certitude qu'il était une personne normale, et je ne pouvais que me poser des questions sur l'ange. Pourquoi les personnes de mon hôtel avaient les étranges mêmes caractéristiques ? Comme une idiote, je reniflais le mouchoir plein de taches rouges chaque fois que je le pouvais. Mon frère se moquait de moi et ne comprenait pas vraiment, mais je le comprends. Même moi je me trouve ridicule, comme d'habitude. Mais que pouvais-je faire ? Cette sensation m'était tellement nouvelle, que je me sentais l'obligation d'en jouir du plus que je le pouvais. Tout ce que je pouvais, c'était attendre le jour où je rentrais au lycée avec une appréhension qui me mangeait les entrailles, et qui me faisait horriblement souffrir. Je devais surement être masochiste, car j'attendais également le moment avec impatience. Et c'était arrivé. Le lycée. Pas besoin de passer des heures à me coiffer ou à m'habiller, ce n'était pas ça qui allait me rendre plus jolie. Après la rencontre de ce garçon, le mot joli semblait même avoir pris une toute autre signification, et, pire que de me trouver banale, je me trouvais profondément moche. Je faisais un rapide signe à mon frère, et m'engageait sur les routes sinueuses qui allaient me mener à La Crosse High School. Le temps était tout simplement déprimant, mais je préférais quand même cela au soleil éclatant.

Après une petite demi-heure, j'aperçus enfin le portail du lycée. Je ne pouvais m'empêcher de regarder aux alentours, et de guetter sa venue, mais je ne remarquais rien de spécial. Pas de créature à la beauté surnaturelle, pas de beau garçon du tout. Renfrognée, je me dirigeais, les yeux dirigés vers le sol, dans mon nouvel établissement. Même si mon regard n'était pas assez bien dirigé pour que je puisse rendre du nombre de gens qui me fixaient, j'avais l'impression, sans être égocentrique, d'être fixée de toutes parts. Mes joues se mirent à rosir. Je rasais les murs et avançait à une vitesse plus que rapide, avant de me rendre jusqu'à ma nouvelle salle de classe. Étant arrivée quelque peu à l'avance, il n'y avait pratiquement personne. Certaines filles inconscientes me firent des signes de la main, et je ne leur répondis même pas, de honte. M'asseyant à ma place, je me résignais à la dure vérité, c'est-à-dire, que j'avais totalement rêvé et/ou eu des hallucinations. Et le mouchoir, alors ? Non, il existait bien. J'aurais même été capable de retourner à la bibliothèque et de sentir Jane Eyre pour y retrouver un petit signe.

Si le mouchoir avait été récupérable, j'aurais pu m'en servir comme excuse pour réaborder le jeune, mais malheureusement, le sang était quelque chose qui semblait prendre plaisir à ne pas partir. Aussi bizarre que ça puisse paraître, j'avais toujours eu une fascination pour ce liquide. Le liquide de la vie. Je n'étais pas du tout répugnée, et à chaque fois que je me coupais ou me piquais, je suçais mon doigt pour ressentir son goût. Je trouvais ça beau, et n'avait jamais trouvé une telle scintillation sur une autre substance. J'aurais fait un bon vampire. A part le fait que je ne pouvais pas marcher sur une surface plane sans me casser la figure, évidemment. Après quelques minutes de total gâchis de temps, un bruit sourd me fit sortir de ma petite bulle. Je relevais légèrement la tête, pour apercevoir un livre posé sur ma table, précédemment vide. Je le pris dans mes mains, pour me rendre compte de la nature de l'écrit. Jane Eyre. Le volume avait l'air ancien, et avait donc cette odeur particulière que j'adorais.

Pendant une seconde, j'avais espéré que se trouvait devant moi le prince charmant de l'autre fois, et que nous partirions sur son beau cheval blanc dans un pays très très lointain. Mais en relevant la tête, il n'y avait personne. Le livre n'avait pas pu apparaître comme par magie. En tournant lentement et légèrement la tête, j'aperçus une coupe de cheveux qu'il me semblait avoir déjà vue. A l'exact autre bout de la classe. J'étais persuadée d'avoir une hallucination, et pourtant, voulant rester dans le rêve, je me persuadais de croire que c'était lui qui avait déposé de livre, et que c'était lui qui était à la bibliothèque autrefois. Les heures suivantes ont confirmé mon hypothèse folle, et j'étais en état d'extase. Il fallait absolument que je découvre son lien avec les habitants de mon hôtel. Était-il lui aussi un meurtrier, comme je soupçonnais mes voisins de l'être ? Ça ne me dérangeait pas, j'avais moi même considéré ce métier auparavant. L'idée de tuer des gens, aussi morbide et horrible soit elle, devenait tout de suite plus agréable quand j'envisageais de partager la tâche avec lui. Je me sens horrible.

Vérifier la liste des hôpitaux psychiatriques

Enea, Phœnix, Bennett. »

Je n'ai pas énormément de choses à dire. Je suis une fille de 15 ans, je fais du rpg depuis .. 4 ans je pense, mais pas en continu. On m'appelle Bou, et mon véritable nom est Fantine. J'ai beaucoup de mal à m'intégrer sur le flood en rpg je l'avoue mais je suis active à 100% sur le rp. Je suis accro de tout ce qui est smiley bizarre, mais d'habitude, je n'ai pas vraiment le cran de les mettre pour peur de passer pour une folle .. Que je suis. Et en général, ce sont des folles, ou des personnages un peu bizarres, que je joue en rp. J'ai un peu tendance à avoir de la peine pour un peu n'importe quoi qu'on me dit mais j'essaie de m'améliorer
Merci d'avoir lu ma fiche, j'ai pris du plaisir à la faire