Oooooooups! [Libre]

Puis-je réserver ?

Bien sûr! J'ai terminé mon post, à toi de jouer ^^

« Arrête de soupirer comme ça, et va faire un tour ! »

J’attrapai un oreiller placé à côté de moi pour me le mettre sur la tête. Ok, mon attitude évoquait un peu celle d’une gamine. Voire beaucoup. Mais La Crosse m’ennuyait à mourir. Après tout, c’était compréhensif que quelqu’un ayant l’habitude de parcourir le pays sans rester plus de trois jours dans chaque état se lasse un peu de voir chaque jour le même paysage. Soudain, je sentis que quelqu’un retirait le coussin de ma figure.

« Redonne moi ça ! m’écriai-je. »

Mais Oméga n’en fit rien. A place, elle se pencha vers moi, m’observa quelques secondes avant de pouffer. J’aurais parfois préféré ne pas avoir de colocataire…

« -Je suis sérieuse, rends- moi ça. C’est mon seul moyen pour ne plus voir ce monde ingrat, affirmai-je en affichant une expression indignée.

-Sinon ? demanda-t-elle en riant.

-Sinon je descends et je mange tout le monde ! »

Je me redressai sur mon lit et lui arrachai l’oreiller des mains avant de le placer contre ma poitrine, mes bras en croix dessus.

« -Ma petite sœur de onze ans devait réagir à peu près comme toi, déclara-t-elle.

-Quelle petite sœur ? »

Une moue moqueuse se dessina sur la visage fin d’Oméga avant que celle-ci ne quitte la pièce. Je poussai inconsciemment un grognement et jetai le coussin sur un fauteuil face à moi. Lassée du décor quelque peu déprimant de la chambre - que nous nous étions promis d’arranger - je sortis à mon tour de la salle, sans vraiment savoir où je me rendais. Je descendis à un lenteur qui ne me ressemblait guère les marches d’escaliers, réfléchissant à ce que je pourrais éventuellement faire après. Je rayai immédiatement le centre-ville, par peur de me retrouver nez à nez avec Enea, ou, pire, avec Tristan. Le Mississipi ? Je m’en étais lassée il y a bien longtemps… Non, j’avais envie d’aller dans un endroit où je ne m’étais jamais rendue, un endroit un peu dangereux. Je tournais et retournais toutes les possibilités dans mon esprit, en vain. Soudain, l’évidence me frappa : et si j’allais rendre une petite visite aux métamorphes ? Voilà longtemps que je mourrais d’envie de voir à quoi ressemblait le second étage de l’hôtel, mais je n’en avais jamais eu l’occasion. Je dévalai précipitamment les marches avant de me retrouver devant la porte interdite. Je me sentais un peu comme Ève s’apprêtant à goûter la pomme. Et c’est maintenant que je comprends pourquoi mon humour n’a jamais remporté beaucoup de succès…
Je posais ma main pâle sur la poignée, tentant de faire durer l’excitation le plus longtemps possible, et ouvris la porte de quelques centimètres. Je glissai ma tête dans l’ouverture et jetai un coup d’œil dans le couloir. Désert. Poussant un soupir de soulagement, je pénétrai dans le corridor. Je fus légèrement déçue, car il n’était pas plus différent du nôtre…Mis à part l’odeur qui flottait dans l’air, évidemment.
J’inspectai rapidement les environs, avant de repérer une porte entrouverte. J’hésitai : et si on m’expulsais de l’hôtel pour avoir visité cet étage ? Je ne savais même pas si c’était interdit, mais j’estimai que ça l’était. Après tout, j’étais considérée comme l’immonde prédateur du coin, n’est-ce pas ? Le danger redouté de tous, bien que peu de personnes soient au courant de notre présence… Oh, et puis tant pis, si la direction n’était pas contente, je m’occuperai d’elle à ma manière. J’entrai - le plus discrètement possible - dans la chambre. A l’instar du couloir, la chambre n’était guère différente de la nôtre. La même moquette écoeurante, les mêmes murs blancs cassés, le même tapis à coup sûr bourré d’acariens, et j’en passe. Bref, la seule chose différente, c’était cette fille écroulé sur son lit. Le parfum assez fort d’alcool qui émanait d’elle me suffisait comprendre que qu’elle faisait là au beau milieu de la journée. Je m’apprêtai à repartir lorsque je remarquai l’étrange bosse qu’elle avait sur le dos. Je fronçai les sourcils et m’approchai lentement afin de ne pas la réveiller. Malgré son Tee-shirt - rouge vif - on devinait la forme de quelque chose qu’elle portait, en dessous. Pas un autre haut ni de sous-vêtements, mais plutôt un harnais… Ma curiosité dévorante de poussait à savoir ce que c’était. Et le fait qu’elle soit une métamorphe laissait un libre cours à mon imagination débordante…
Soudain, elle bougea. Je me mordis la lèvre et, sans réfléchir, j’allais me cacher dans la salle de bain. Ce qui était idiot d’ailleurs. Quelqu’un de saoule va directement de rincer le visage à l’eau fraîche, ou quelque chose qui y ressemble, mais il était trop tard pour changer de cachette. Un maigre espoir me traversa lorsque je vis que la douche était hors d’usage. Je patientai quelques secondes et vis que la jeune femme sortit de sa chambre avec quelques affaires. Poussant un long, et nouveau, soupir de soulagement, je sortis de ma cachette avant de quitter la chambre à mon tour et de retourner dans les escaliers. Je l’avais sans aucun doute échappé belle… Mais alors que j’allais remonter dans ma propre chambre, je fis demi tour et m’assis sur les marches. Sans savoir pourquoi, je ne voulais pas y retourner, trop curieuse de savoir ce que ce harnais pouvait bien signifier…
Quelques minutes plus tard, l’odeur d’alcool vint me chatouiller les narines, cependant bien moins forte que lorsque la métamorphe était devant moi. Déduisant que c’était elle, je me levai et franchissait une nouvelle fois la porte interdite. Je retins un sourire lorsque je la vis, une simple serviette enroulée autour d’elle, à l’instar d’Oméga. Elle semblait ne plus pouvoir entrer dans sa chambre. Sûrement un oubli de clef… Je marchai dans sa direction, mais elle ne m’avait apparemment pas remarquée, trop occupée par son problème. Sans hésitation, je passai devant elle et forçai la serrure. Un vrai jeu d’enfant pour une immortelle…