Light up the sky [WILLIAM]

Je haïssais le week end. Je m'ennuyais horriblement, et je n'avais toujours pas eu le courage d'aller au centre commercial pour trouver la librairie, et m'acheter de nouveaux livres. L'envie de relire cent et cent fois les mêmes ne m'intéressait guère en ce moment, même si ça m'était déjà souvent arrivé pour ceux que j'aimais particulièrement. Je restais sur mon lit, à me morfondre, et surtout à penser ce que Aidan pouvait bien faire en ce moment. Je me trouvais tellement pitoyable à ne pas penser à autre chose, mais son visage d'ange me revenait dans l'esprit tel un ressort. Parfois, j'avais même peur d'oublier les traits de sa figure pendant le laps de temps qui séparait le vendredi du lundi, et ce n'était qu'avec plus d'excitation que je me rendais en cours au début de la semaine. Aucune maladie ne m'empêcherait de m'y rendre. J'avais au moins trouvé une source de plaisir, admirer Aidan était comme le petit bonheur de la journée et lui parler était l'extase, mais une source de frustration à cause du désir que je contenais comme je pouvais. Je n'étais pas très douée, n'ayant pas vraiment d'expérience, et en plus je n'avais personne à qui en parler. D'un autre côté, je ne savais pas vraiment si quelqu'un d'humain pouvait comprendre ce que je ressentais à son égard, et même les descriptions d'amour dans les grands livres romantiques ne semblaient pas être appropriés pour mes sensations. Soit c'était moi qui était complètement folle, soit c'était lui qui était doté d'un super pouvoir d'attraction très puissant et irrésistible. Ou les deux.

Me relevant rapidement de mon lit, je décidais de faire un petit tour dehors .. Motivé par la mince chance de le croiser. J'étais vêtue comme à mon habitude d'un immense pantalon de pyjama qui avait peine à tenir sur ma taille basse, et d'un vieux t-shirt délavé qui était trois fois trop grand pour moi. Confortable était ma devise. J'enfilais quelque chose de plus portable à l'extérieur, un pull mauve avec un col en V et un de mes jeans, et je fonçais jusqu'à la porte de l'hôtel. Alors que je fermais la porte derrière moi, j'eus une minute d'hésitation, est-ce que j'avais claqué la porte alors que mon frère avait essayé de me parler ? Il ne me semblait pas .. Oh et puis bon ! J'aurais l'air vraiment cruche de revenir subitement sur mes pas, et je me dirigeais dans les couloirs de l'hôtel, priant pour ne pas croiser une créature terrifiante et blanche. Mais incroyablement belle. Il fallait vraiment que j'arrête d'avoir des obsessions pareilles. Je ressentais un frisson en sortant dehors, heureusement que j'avais pensé à ajouter un parka, et je prenais un chemin au hasard dans la ville. Je n'étais pas peureuse, tout simplement parce que je ne pensais pas que quelque chose de mal pouvait m'arriver. Pas que je pensais que j'avais un ange gardien ou quelque chose de ce genre, mais juste ..Disons que mon cerveau était du genre à enlever tout ce qui était dangereux. J'étais vraiment imprudente, mais que voulez vous, il semblerait que ma tête soit enfermée dans un rêve constant, sans danger ou quoi que ce soit d'autre. Il ne m'était jamais rien arrivé jusque là, sans compter tous mes nombreux passages à l'hôpital qui n'étaient dus qu'à ma maladresse, et jamais je ne m'étais faite agressée pour avoir été trop insouciante. Je caressais les chiens qui étaient censés être méchants. Et puis, tout ce qui était louche, bizarre, inquiétant me fascinait.

Je marchais sans vraiment savoir où aller. Parfois, je m'arrêtais pour jeter un œil aux différentes pancartes, voir si un endroit m'intéressait plus qu'un autre, et même la bibliothèque n'avait pas suscité chez moi un grand intérêt. Je devais être malade. Mes pas se faisaient de plus en plus lents et réguliers, et j'arrivais presque à ne plus penser à la figure d'ange. Presque, j'ai dit. Très vite, j'arrivais dans une partie de la ville qui ne m'était pas du tout familière car, bien sûr, je n'avais jamais vu ces rues de ma vie. Contente d'avoir trouvé une partie à explorer, je m'avançais sans même avoir peur dans les rues crasseuses et sombres de l'ancienne ville. Je devinais tout de suite que cette partie était inhabitée, et ça ne faisait que mon désir d'exploration plus grand .. Ah oui, j'étais tellement imprudente. Les maisons étaient magnifiques, mais je n'étais quand même pas assez folle pour aller à l'intérieur. Alors que le silence était horriblement pesant dans les rues, des pas derrière moi me firent m'arrêter. Peut-être que je n'aurais pas du me promener ici, finalement. Ils se rapprochèrent, et je me préparais à me retourner et à mettre un grand coup de poing à mon futur agresseur, quand il se plaça juste derrière moi.

Avec de 'superbes' réflexes, je me retournais et lançais mon poing en avant, avant de me rendre compte qu'un de mes meilleurs amis, William, se trouvait juste devant moi. Je lui avais touché légèrement le nez et, nos poitrines respectives se touchant pratiquement, je baissais mon bras avec un soupir de soulagement. « Dieu, qu'est-ce que tu fais ici ! » Il pouvait me poser la même question, mais je m'en fichais. « On t'a jamais dit de pas te placer derrière quelqu'un sans rien dire .. » J'osais quand même exprimer un petit sourire, je n'étais pas complètement malheureuse de le voir dans un tel endroit. Après tout, j'aimais toujours passer du temps avec Will, j'éprouvais une très grande affection pour lui. Peut-être un peu trop grande. « Alors .. tu as quelque chose à me dire ou à me raconter ? »

[HS : Haha j'ai juste repris mon ancien sujet avec william, tu m'excuseras (a)]

Ce que j'aimais chez William, c'était qu'il pouvait être mystérieux et introverti sans être pessimiste et froid, et qu'il pouvait aussi bien sourire que je pouvais le faire. En fait, il était surement la personne dans laquelle je me retrouvais le plus, et c'est ce qui rendait les choses en sa compagnie aussi facile. Pas besoin de se casser la tête pour trouver des actions qui répondraient à ses attentes et rien qui ne me faisait honte, je pouvais simplement être moi même et voir ce que ça pouvait donner. Pour l'instant, il n'y avait eu aucun faux pas ni de sa part ni de la mienne, et je ne pouvais que me réjouir de cette situation. Même si les occasion s'intensifiaient depuis mon arrivée à La Crosse, il était rare que j'aie vraiment envie de passer du temps avec quelqu'un pour passer du temps avec quelqu'un, mais il était une des seules personnes -avec Aidan bien malheureusement-, avec qui j'aurais pu accepter n'importe quoi. Enfin, n'importe quoi dans la limite de l'acceptable, je n'étais pas sure qu'il me proposait de jouer à un jeu sadomasochiste cela me plairait. De toute façon, il était bien trop élégant et poli pour cela, et c'était aussi une des qualités que je pouvais lui attribuer, le fait qu'il ressemblait un peu à .. l'homme parfait, oui ! « Je ma baladais tranquillement et puis je t’ai vu prendre cette rue pas très accueillante, du coup je t’ai suivi, quelque fois qu’il t’arriverait quelque chose… et toi, qu’est ce que tu fais là ?» Je rigolais. Il avait été témoin de ma maladresse trop de fois depuis le début de l'année pour ne pas essayer d'y remédier, mais j'avais l'impression que là ou pas là, il m'arriverait toujours des choses. Pas des choses très graves, je l'espérais, même si Aidan m'avait sacrément fait peur sur ce coup là, mais je pouvais très bien me casser le bras en traversant juste une route. Heureusement, l'hôpital de La Crosse était là, et tout ouvert pour m'accueillir. « Mais dis donc, c'est que tu jouerais les princes charmants ! Je ne vais pas te mentir en te disant que je peux me débrouiller toute seule, la preuve, je crois bien que je suis perdue .. Heureusement que tu es arrivé ! » Je lui offrais un sourire de petite fille sans défense -c'était fou comme il était plus facile de paraître normale en compagnie que quelqu'un qui était aussi bizarre que je pouvais l'être-, et riais encore un bon coup. Comme il était rare que je me lâche de cette manière, il était évident que le sourire resté collé bêtement à mon visage presque en toutes circonstances en ce temps là comme pour rattraper le temps qu'il avait perdu à rester caché, et j'aurais très bien pu passer pour une de ces filles du genre de Jessina ou Rafael. Je ne savais pas l'expliquer, le simple fait de le voir me rendait heureuse, et vu que j'étais si proche de lui, j'avais bien envie de le prendre dans les bras. Il était rare que je m'autorise ce genre de gestes, une de mes devises était moins de contacts physiques mieux c'est, mais il fallait bien que j'exprime ma joie d'une manière ou d'une autre, et l'envie de me coller contre lui me démangeait les entrailles.

J'avais même complètement zappé sa question, ce qui faisait que j'étais ici, et je comptais y répondre un peu plus tard. Car aussitôt pensé aussitôt fait, je me laissais tomber avec entrain sur son torse -façon de parler-, et même si lui avait encore les bras dans ses poches, je passais les miens entre pour l'enserrer dans le dos. Je n'avais jamais eu ce qu'on appelait un capital câlin, d'ailleurs lorsque j'étais à New York il était rare que ma mère et moi nous adonnions à de telles choses mère/fille -il semblait bien que notre relation était assez spéciale-, mais il y avait de ces gens depuis que j'étais arrivée dans la ville que j'avais absolument envie de toucher. Et puis pour passer à un autre sens, je n'avais jamais autant humé les personnes que depuis mon arrivée ici, et je prenais grand plaisir à inspirer pour que mes narines frémissent au contact d'une si délicieuse odeur. En fait j'avais pu être capable de sentir -que c'était drôle de dire ça- un bon nombre de personnes à La Crosse, et chacun avait un arôme aussi délicieux et pourtant différents. Dans l'ordre des préférences, je ne pouvais m'empêcher de placer celui d'Aidan en premier, rien que d'y penser me donnait des frissons, mais celui de William arrivait en bon deuxième. « Désolée, j'ai froid. » Ce qui n'était pas exactement la première raison pour laquelle je m'étais jetée dans ses bras, mais il fallait bien avouer qu'il faisait plutôt frisquet à La Crosse, même à cette période de l'année. Et même s'il n'était pas brulant, il fallait avouer que sa température corporelle suffisait largement à me réchauffer quelque peu. Après un moment d'une durée indéfinie, un peu longtemps quand même, je me retirais et ne me reculais que très peu, pour finalement répondre à sa question. « Ah oui, comment je suis arrivée là .. Je dois avoir suivi un fantôme. » Je passais une main dans mes cheveux et jetais quelques regards hagards aux alentours, comme pour faire semblant d'avoir vu quelque chose de louche passer. Au bout de quelques secondes, mon regard revint dans celui de William, et je reprenais la parole. « Tu devrais passer à l'hôtel parfois pour venir me voir, ça me ferait plaisir, au lieu de m'aborder quand tu me croises dans la rue ou quand je cours un danger potentiel » Je n'avais aucune idée d'où il habitait, mais s'il souhaitait que je vienne le voir moi aussi j'en étais ravie, seulement, je lui réservais le droit de me le proposer ou pas pour ne pas le forcer.

Il semblait rigoler après chacune de mes phrases, et ce n'était pas pour me déplaire. Parce que parfois les rires semblaient pareils à des moqueries, ce n'était jamais l'impression que j'avais avec William, et de toute façon, même s'il riait pour se moquer de moi quelques fois, ce n'était jamais bien méchant. J'avais l'occasion de me moquer de lui pour d'autres choses, très rares je devais l'avouer, et rarement avec une mauvaise intention. Même, nous ne nous étions jamais disputés, mais peut-être également parce que ni l'un ni l'autre n'abordions des sujets qui pourraient amener à discorde. Je m'étais bien gardée de dire que je fréquentais plus que souvent un garçon très étrange qui me semblait en plus faire partie d'une association louche qui tuait des gens, et cela resterait comme ça je l'espérais un bon bout de temps. Il savait bien que je connaissais Aidan, parce que je ne pouvais pas l'omettre ou changer bizarrement de conversation quand je parlais de mes rencontres, mais cela s'arrêtait là. Et puis, j'avais l'impression qu'Aidan ne voudrait pas de toute façon que je parle excessivement de sa personne, ce qui était bien mieux pour tout le monde. Je ne voulais pas encombrer nos conversations légères de ces sujets qui me gênaient, et j'étais sure qu'il ne me dérangerait pas avec ce genre de choses. Ou en tout cas, je l'espérais. Heureusement qu'il ne faisait pas non plus partie de ces personnes qui écoutaient les rumeurs et qui avaient un cercle social qui savait absolument tout des derniers potins, parce que j'étais persuadée que comme ça il n'entendrait rien de ce que toutes ces méchantes jeunes filles pouvaient bien dire dans mon dos, ce qui d'ailleurs, me blessait terriblement. Il fallait que je fasse avec, tant qu'à me délecter de l'agréable présence de l'homme parfait, il fallait bien quelques mauvais côtés. « Je ne savais pas que tu pouvais avoir autant besoin de moi ! » Je rigolais, cette fois pas en cœur avec le jeune homme qui devait surement ne pas vouloir se moquer totalement de mon sens de l'orientation déplorable ou de mes capacités étranges à m'attirer des problèmes, et lui répondais tout de suite. « Si tu savais ! Peut-être qu'à ce moment là, si tu n'étais pas arrivé, je serais déjà décapitée, découpée en morceaux, jetée dans le lac ! » Je n'avais même pas détecté l'ironie dans sa voix, après tout, j'étais assez nulle pour repérer les différents tons des personnes. Mon truc, c'était plutôt analyser tout ce qui était signes du corps, mouvements suspects, expressions faciales, bref. De toute façon, tout occasion pour me rabaisser moi même était prise avec plaisir, même si je ne m'en rendais pas forcement compte.

C'était quand même vrai que William faisait partie de ces personnes qui essayaient de me préserver des catastrophes et de me protéger on ne savait pourquoi, et je ne comprenais pas pourquoi de tels élans de générosité pouvaient avoir lieu envers ma personne. Je n'avais jamais rien demandé, mais je me retrouvais avec des personnes qui venaient m'aborder d'elle mêmes, ce qui me faisait affreusement plaisir mais m'ennuyait aussi parfois. J'étais loin d'être populaire ou branchée, très très loin, mais je connaissais un nombre de personnes qui me semblait assez considérable et que je jugeais même non négligeable. Après l'enlacement qui dura en fait même plusieurs minutes, et durant lequel je fus agréablement surprise de sentir ses bras entourer ma taille, je fus heureuse de voir que la réaction à ma petite intention de détente de l'atmosphère (remarque, l'atmosphère n'était pas tendue. J'étais juste idiote.), et me délectais encore une fois du doux son de son rire. Je ne savais pas si je me lasserais jamais d'entendre le doux rire de toutes ces personnes que j'appréciais, et même si celui de William était très différent de celui cristallin d'Aidan, je pouvais dire comme l'odeur qu'il m'était très agréable à l'oreille, toujours en deuxième position. Même si je n'étais pas véritablement gênée quand à ma proposition, il était vrai que je craignais un peu qu'il décline l'invitation, pour je ne savais quelle raison. En plus, je devais avouer qu'habiter dans une chambre d'hôtel était assez problématique, au risque de passer pour une perverse à chaque fois que j'y invitais un garçon. « Je n’y manquerais pas, promis, je passerais plus souvent ! » J'avais envie de le reprendre dans mes bras mais me retenais cette fois, il ne manquait plus que je passe pour une obsédée ou une accro. Bon, remarque je n'avais pas pensé à l'aspect « passer à l'improviste » qui pourrait m'être assez problématique, mais je réglerais ces petits détails plus tard. Genre, William arrive alors que je ne suis pas là, tombe nez à nez avec Evan et le prend pour mon petit ami professeur avec qui j'ai une liaison secrète, ou encore arrive alors que je suis en sous vêtements dans mon salon en train de danser la macarena .. Pas que ce genre de choses m'arrive, bien sûr. Maintenant que je savais que 'des gens' pouvaient passer par la fenêtre de ma chambre, je faisais plus attention. « Super, j'ai hâte ! »

Et puis, tout d'un coup, il affichait une face un peu plus sérieuse. Je m'inquiétais sur le champ, affichant un air à la fois interrogateur, suspect et inquiet, avant qu'il ouvre la bouche pour me dire ce qui pouvait bien le tracasser. « Avant je voudrais quand même te dire quelque chose. Je te demande simplement de ne pas me juger et de ma croire… Je ne suis pas vraiment ce que tu crois… Je… je ne suis pas comme toi, je ne suis pas humain, enfin pas totalement… En réalité… je suis ce qu’on appelle un hybride. C’est… un modification génétique, qui fait que je peux… me transformer… en tigre… » Wow. Sur le coup, j'avais la bouche en O et avait une figure un peu étonnée et déconcertée à la fois, et après être restée à l'état de statue plusieurs minutes, j'éclatais de rire comme une petite enfant. Je ne savais pas vraiment ce qui l'avait poussé à dire tout ça, peut-être une piètre excuse pour me dire ensuite « enea, je suis désolée, nous ne pouvons plus nous voir » ou « il serait préférable que nous ne soyons pas amis », mais cela semblait légèrement tiré par les cheveux. Ok, j'avais vu des choses bizarres par ici, du genre un gros lézard géant en plein milieu de la forêt, un homme particulièrement magnifique et doté d'une force surnaturelle, une jeune fille qui semblait réapparaitre et disparaître à divers endroits .. Enfin tout ceci pouvait être le produit de mon imagination. Je ne voulais pas particulièrement être méchante en rigolant, mais après tout, qui croirait une chose pareille ? Même avec son air timide et adorable, qui me donnait vraiment envie de l'embrasser, je ne pouvais me résoudre à croire son histoire. Parce qu'on m'avait fait croire à n'importe quoi lorsque j'étais plus jeune et que j'en avais pâti, j'essayais de devenir un peu moins naïve. C'était dur. « Oui, et j'ai trouvé une raison à ma maladresse .. Le fait est, que je suis ce qu'on appelle un hybride. C'est une modification génétique, qui fait que je peux me transformer en poisson ! Alors tu imagines, marcher avec deux jambes et deux pieds, ce n'est pas forcement facile .. » Je m'arrêtais de rire néanmoins pour afficher une figure amusée. « Tu aurais peut-être du trouver une meilleure excuse pour me dire que tu ne veux pas venir me voir .. »

Alors que j'étais profondément amusé, il ne rigolait pas en cœur avec moi ce qui n'était pas vraiment bon signe. Cela ne voulait dire qu'une chose, il voulait vraiment me faire adhérer à cette excuse extravagante pour mieux m'humilier après ! J'avais vu des choses étranges, mais penser que William pouvait se transformer en tigre ? Il ne fallait pas pousser ! Ma phrase sur le poisson rouge qui était censée détendre l'atmosphère me déconcerta quelque peu, en voyant le sourire désolé qu'affichait Will. Comme s'il croyait lui même, qu'il pouvait vraiment se transformer en tigre ! Et s'il avait une tumeur au cerveau qui appuyait sur certaines parties et qui lui faisaient croire des choses étranges ? Mon dieu, et s'il était vraiment malade ? Il ne m'avait jamais montré aucuns signes de folie, mais je devais avouer commencer à douter. Il n'y avait rien de honteux a ça, et il était évident que je n'allais pas partir en courant parce qu'il commençait à halluciner et à dire n'importe quoi, mais il fallait peut-être en parler à quelqu'un, non ? Lui non plus n'avait jamais parlé de sa famille, alors je ne savais pas vraiment qui contacter, que faire .. J'étais déjà en train de trouver plein de plans dans ma tête, de choses à faire et à noter, de gens à appeler ou autres, d'examens à passer, quand il reprit la parole.

« Jamais je n’ai dit que je ne voulais plus te voir, bien au contraire ! Simplement… crois moi je t’en prie ! »

Je décidais d'adopter une autre technique, celle qui consistait à faire comme si je croyais absolument tout ce qu'il disait même si ce n'était pas vrai. Je hochais la tête avec un petit sourire qui se voulait rassurant, tandis qu'il avait attrapé ma main pour je ne savais quelle raison. Et s'il devenait violent ? Il n'était pas forcément capable de se contrôler, peut-être qu'après tout, c'était lui qui allait me découper en morceaux et me jeter dans le lac .. J'attendais juste, mais il ne serrait pas ma main trop fort. D'ailleurs, je me délectais de ce contact du mieux que je pouvais. Il me regardais avec un air plus que sérieux, et comme je m'inquiétais sérieusement pour sa santé mentale, je le regardais le plus sérieusement possible également.

« Enea, je veux vraiment que tu me croies ! Et je vais faire quelque chose que très peu d’humains ont pu voir. Je voudrais juste que tu ne cris pas, je ne te ferais rien… »

Je hochais la tête en me demandant ce qu'il allait bien pouvoir m'inventer, il semblait vraiment qu'il croyait à cette histoire de métamorphose étrange. Je me demandais s'il allait se mettre à quatre pattes et allait courir partout comme s'il se croyait véritablement tigre, et je restais sur place avec un air indescriptible. Il me lacha la main, ce que je regrettais, s'éloigna et .. Bon, je ne savais pas trop comment l'expliquer. En gros, une seconde avant il y avait William, et une seconde après, un magnifique tigre. Je ne bougeais pas, mais tournais rapidement la tête histoire de repérer mon ami caché derrière une maison ou une porte. Où diable avait-il pu se procurer un tigre comme ça ? Ce n'était pas du tout une région avec ce genre d'animaux, et en plus il n'y avait même pas de zoo à La Crosse .. Bon, j'adorais les tigres, et je commençais à observer celui qui se tenait devant moi. Bizarrement, il ne bougeait pas, et émit juste un son. Il n'avait pas l'air très dangereux, alors je me rapprochais pour passer la main sur sa tête et lui gratter le cou.

« William ? Ce n'est pas vraiment marrant .. Où est-ce que tu es passé ? »

Le tigre était aussi doux qu'un chaton, et je commençais progressivement à me demander si ce n'était pas bien William qui s'était transformé en cet animal. Mais était-ce possible ? Je ne pouvais pas avoir cligné des yeux plusieurs secondes, il avait rétréci, et il s'était mis à quatre pattes, et .. Je n'en savais rien ! Peut-être que ce n'était pas lui le fou, mais moi ? Je commençais à avoir des hallucinations ? Peut-être que j'étais encore chez moi, que je rêvais ? Ou peut-être que j'étais morte, finalement ? Il fallait que j'arrête d'être paranoïaque. Comment ne pas l'être dans une telle situation ? Je baissais les yeux vers le félin.

« William, c'est toi ? »

Je me préparais à avoir la honte de ma vie.

Lorsque j'étais plus jeune, il était sur que j'aurais cru tout ce que William m'aurait dit sans hésiter, même sans preuve, et je ne pouvais parier que je ne l'aurais pas deviné ou suggéré avant qu'il me le dise. Parce que j'étais le genre de filles à croire tout le monde et à vivre dans ses petits rêves, j'avais souvent été ramenée sur terre par des claquements de doigts et avais grandi en essayant de ne plus faire confiance aussi facilement aux gens. Vous l'aurez deviné, je reste quand même étonnement inconsciente, inconsidérée et naïve, mais beaucoup moins qu'il y a quelques années. Maintenant que j'avais vu le jeune homme se transformer juste devant mes yeux, je ne pouvais le nier, j'avais bien devant un moi un homme qui pouvait se transformer en .. tigre. Ce que j'aurais rêvé pouvoir me transformer en animal, moi aussi. Je n'avais jamais eu la chance de rêver, et de me retrouver dans le corps d'un félin ou d'un volatile ce qui m'aurait procuré des sensations surement sensationnelles, et le regrettais plus que tout. Qu'est-ce que j'aurais donné pour pouvoir changer mon corps à ma guise comme il le faisait ? Je reprenais ce qu'il m'avait dit précédemment, alors que je caressais sa tête. Une expérience génétique ? Je ne savais pas que les chercheurs pouvaient exécuter de telles prouesses, et surtout, que c'était autorisé .. Mais cela voulait dire qu'il n'était pas né naturellement, non ? Pour faire de telles choses, il devait surement être né dans une éprouvette .. Il y avait décidément beaucoup de gens que je connaissais qui n'avaient pas de famille, et je me demandais si c'était le fruit du hasard ou tout simplement parce qu'ils étaient tous liés. Il ne fallait pas que je m'embrouille le cerveau aussi vite .. J'avais un de mes amis, proche en plus, presque très ou trop proche, qui pouvait se transformer en tigre. Si ce n'était pas exceptionnel ? Je rêvais de prendre tout de suite la parole et de déverser un torrent de paroles et de questions auxquelles il ne pouvait pas toutes répondre. Je l'enviais mais je ne le jalousais pas, et je me sentais encore plus pitoyable de fréquenter de tous les côtés des personnes qui semblaient hors normes. Peut-être qu'on m'avait amené ici pour ça, me faire me sentir horriblement petite .. Si ça se faisait, evan aussi était bizarre et je vivais dans la chambre de quelqu'un qui avait des pouvoirs bizarres. Je ne pouvais pas commencer à penser au fait que moi aussi je pouvais en avoir, car je l'avais déjà fait trop de fois dans ma vie et je ne voulais pas être déçue encore une fois. Je ne voulais plus agir comme la petite fille qui avait attendu impatiemment sa lettre d'entrée à Poudlard à ses 10 ans.

A ma question, le tigre étira la bouche pour faire apparaître des rangées de crocs acérés, ce qui n'était pas pour me rassurer. J'imaginais qu'il voulait sourire, mais détournais le regard pour qu'il arrête de prendre une telle expression. Puis, je le regardais, toujours avec un air entre doux, choqué et étonné, se dresser sur ses deux pattes arrières et devenir William. Je détaillais la transformation sans réussir à trouver les mots, le regard fixé dans ses yeux qui avaient radicalement changé, même si très ressemblants sous les deux formes. « Enea… tu me crois maintenant ! Je ne te mentais pas et… je voulais juste que tu saches qui je suis si l’on devait se voir plus souvent… Tu m’es très chère et ne pas te dire la vérité était mal… Bon, là c’est moi qui risque d’avoir des problèmes parce que je ne suis pas censé me montrer, mais je ne pouvais faire autrement… » J'affichais un air un peu de fille qui se demander si elle était coincée entre les rêves et la réalité, et ouvrais la bouche. « Mon dieu Will c'est tellement .. waw .. Il n'y a pas de mots ! Tu peux te transformer en tigre. Tu. Peux. Te. Transformer. En. Tigre. Les sensations doivent être ... sensationnelles ! » Je m'arrêtais de parler, avec des étoiles dans les yeux et le sourire aux lèvres, pour revenir à l'analyse de ce qu'il venait de dire. « Tu n'es pas .. censé ? Pourquoi ? Tu m'as dit qu'il y avait une sorte d'expérience génétique ou je ne sais pas trop quoi, c'est quelque chose du genre .. On t'observe ? On t'enferme dans une cage la nuit ? Tu veux que je t'aides à te libérer de leur emprise ? » Bon, je m'emportais surement un peu, mais dans des conditions comme celles ci, je ne pouvais pas non plus ne pas tomber dans des délires étranges. Il me touchait l'épaule, et je me délectais de l'agréable sensation que me procurait ses doigts baladeurs, maudissant le tissu qui empêchait un contact plus direct. Il devait être une des seules personnes que j'avais vraiment envie de toucher ou qui me touche, et je ne me sentais pas coupable d'avoir une telle pensée. « Je veux aussi te dire que je n’ai jamais fait d mal à personne et que tu n’as rien à craindre de moi, que je sois tigre ou humain, rien ne change, je reste moi… » Je rigolais, la tension semblait être partie de mon corps comme par magie. « Es-tu fou ? Jamais je ne pourrais croire que tu es .. dangereux .. Même en tigre. Tu es beaucoup trop gentil pour blesser quelqu'un ! » Je passais les deux bras autour de son cou, là où je l'avais gratté précédemment, comme pour vérifier s'il y restait bien des poils, avant de remarquer que son t shirt avait surement disparu, parce qu'il n'y avait l'ombre de manches. Je tournais les yeux sans baisser le regard heureusement pour apercevoir quelques lambeaux de ce qui étaient précédemment les habits de will, et frémissais en pensant qu'en fait, il était surement totalement nu, presque collé à moi. Je mettais rapidement mes deux mains sur mes yeux et me reculais rapidement en faisant un saut habile vers l'arrière, ce qui eut pour conséquence de me faire tomber en arrière. Je me cognais la tête contre le pavé et enlevais les mains de mes yeux pour essayer de me protéger durant la chute, et entrapercevant son corps nu tandis que je relevais légèrement le buste, je replaçais bien vite mes mains en place en attendant. Ma tête me faisait mal, et je me demandais même si je ne saignais pas. Aller vérifier inclurait enlever une main de mes yeux, et ce n'était pas le moment.

"Et merde! j'avais complément oublié! J'suis désolé Enea, c'est un inconvénient des transformations..." J'aurais pu rire si je ne m'étais pas fait mal à la tête sur le pavé, mais je me contentais de faire un sourire. Au moins, il n'avait pas fait exprès d'être nu devant moi -on ne savait jamais, il pouvait avoir des idées perverses derrière la tête et ce genre de choses-, et cela me rassurait. Je restais néanmoins par terre, les mains sur les yeux, parce que même s'il s'excusait, ça ne changeait pas le fait qu'il était nu comme un ver et que je n'avais pas forcément envie de voir ce spectacle. En quelque sorte. C'était affreusement gênant. Une sensation étrange me prit à la joue, et je sentais quelqu'un me lécher la joue. Enfin dans ce cas là, c'était comme un chien pouvait vous lécher de bonheur quand vous rentriez à la maison. Comprenant qu'il s'était surement transformé en tigre -je n'en revenais toujours pas de pouvoir répéter ça à l'intérieur de ma tête-, je rouvrais les yeux et le caressait un peu. Son pelage était si doux ! Mais dès que je me rappelais que c'était William, cela faisait un peu bizarre. Je caressais William. Un peu tordu comme idée. Il s'éloigna alors, jusqu'à une poubelle. Il allait s'offrir un petit repas, maintenant ? Mais non, il se cacha derrière pour pouvoir reprendre sa forme humaine. A vrai dire, le spectacle était hilarant, et j'aurais bien ri si la situation avait été un peu plus détendue. "Enea, si tu veux vraiment tout savoir, il faut que tu me suives... Mais pour sa, on doit passer par les ruelles les plus sombres, parce qu'un tigre dans une ville, c'est pas courant et je risque ma peau! Bref, Il faut que je rentre chez moi, je suis dans l'hôtel, au 3ème étage... Tu pourras me suivre si tu veux..." Je restais immobile. Il habitait à l'hôtel ? Au .. troisième étage ? Summer m'avait bien fait apprendre que les gens qui habitaient du deuxième au quatrième étage étaient spéciaux, dans un certain genre .. Enfin, je ne savais pas vraiment. Cette information était capitale, cela voulait peut-être dire que William n'était pas le seul dans son genre ? Je ne pouvais pas y croire. Et s'il y avait des gens qui pouvaient se transformer en oiseaux, en chiens, en crocodiles ou je ne savais quoi ? Cela me faisait penser à cet énorme lézard que j'avais croisé en forêt. Effrayant. « Je veux vraiment tout te dire, mais pas ici et pas comme ça, enfin je veux dire, moi nu caché derrière une poubelle… » Je rigolais, parce que vu qu'il l'évoquait je ne pouvais pas m'en empêcher. « Oui, t'inquiètes pas, j'arrive .. »

Je posais mes deux mains sur le sol -sale, je devais l'avouer-, et me relevais avec un peu de difficultés. Ma tête me faisait mal, et je pariais que j'allais bientôt avoir une bosse. En passant la main sur ma blessure, je me rendis compte que ça ne saignait pas, et cela m'épargnait donc un passage à l'hôpital. Tant mieux, j'y allais beaucoup trop souvent. « Tu peux te .. transformer .. en tigre, vas y. » Je mettais les mains sur mes yeux, avant de les enlever en réalisant qu'il n'y avait rien qu'il avait à cacher vu que la poubelle s'en occupait. Une fois qu'il se fut transformé, j'allais près de lui pour marcher à ses côtés. Cela faisait vraiment étrange comme spectacle, la petite enea qui marchait côte à côte avec un imposant félin. Il devait s'ennuyer en allant à une telle vitesse, parce qu'il fallait avouer que même en marchant je n'allais pas très vite sauf si je voulais m'écraser par terre, et je regrettais de ne pas avoir le pouvoir d'aller à la vitesse de la lumière. Ou un peu moins, quand même. Je savais bien qu'il ne pouvait pas me répondre, mais je commençais à parler. « Je n'arrive toujours pas à réaliser, je veux dire, ça fait quand même quelques temps qu'on se connait, et je n'aurais jamais pu deviner que tu pouvais te transformer en .. tigre. Remarque, c'était un peu dur à deviner. Je regrette de ne pas avoir la même capacité (rires) on aurait pu faire des balades ensemble, ça aurait été marrant. » J'hésitais à lui caresser le dos parce que ça me faisait très bizarre, et je ne savais même pas s'il aimait. J'aurais adoré passer mes doigts entre ses poils, mais je ne pouvais pas m'autoriser une telle action. « J'ai toujours rêvé d'avoir un tigre de compagnie (rires) c'était sur qu'à New York, il n' y avait pas vraiment la place d'en élever un dans un salon .. et de toute façon, ce genre de bête ne se fait pas domestiquer, mais bon .. c'était amusant à imaginer. Au moins je peux me vanter d'avoir touché un tigre. » Je n'osais pas lui demander si il y avait d'autres comme lui, parce que je ne savais pas s'il avait le droit de me le dire et si non, il détournerait la question et cela me travaillerait l'esprit. « Mais tu aurais pu me le dire que tu habitais juste au dessus de moi, on aurait pu se voir tout le temps .. »