A not so awesome party [Summer]

C'était fou. De toute ma vie, je n'avais jamais organisé de soirée de filles. Pas de fête d'anniversaire, pas même de sortie shopping .. Tout ça me semblait tellement ennuyeux. Je n'aimais pas passer du temps en compagnie d'autres personnes qui me semblaient dénuées de tout caractère ou de toute culture, et à New York, il était inutile de dire que les gens dans mon école semblaient tous vouloir ressembler aux autres. Comme des moutons, portant de belles lunettes de mouche et des talons aiguille. Je ne comprenais pas comment ils faisaient pour ne pas avoir envie de se taper la tête contre le béton des rues à devoir toujours s'adapter à ce que l'autre faisait, à la place de ce que eux pensaient. J'avais toujours marché en solo. Et je ne m'en plaignais pas, attention ! Au contraire. Et après ? Ce soir, j'allais pourtant participer à ma première activité de filles. Bon .. L'objectif caché derrière cette action n'était pas exactement se faire les ongles, ou s'épiler les sourcils comme lors de vraies pyjamas parties, mais on verrait .. L'invitée avait déjà accepté l'invitation, ce qui était assez bien. Il n'y avait pas cours ce jour là, nous étions samedi, et j'avais la ferme intention d'utiliser mon week-end à des fins très intéressantes, c'est à dire, découvrir le sombre secret de l'Ange Aidan. Brr, j'espérais ne pas à avoir à user d'oxymores après avoir découvert de quoi il s'agissait réellement. Je ne pouvais même utiliser le mot sombre sans avoir quelques frissons, tant la perfection d'Aidan me semblait inébranlable. Que venait faire la fête dans ce plan ? Haha ! Elle était l'une d'eux. Une des peaux pâles, un des Anges mystérieux. Néanmoins, celle-ci semblait moins froide et effrayante que les autres, et c'était pour ça que mon dévolu pour mon investigation s'était jeté sur elle, Summer. Son nom même était rassurant, et la jeune fille semblait être assez joyeuse et extravertie. Ce qui me rendrait surement la tâche beaucoup plus facile.

Le timing semblait parfait, mon frère partait pour le soir. Oh, je n'avais aucuns doutes quand à sa destination de la nuit, et j'étais pratiquement sure qu'il n'allait pas beaucoup dormir en compagnie de sa stagiaire. Même s'il ne me disait jamais rien .. explicitement, ses rêves parlaient pour lui. Heureusement que dès que je trouvais le sommeil, j'étais comme une bûche, parce que dormir dans la chambre annexe d'un tel pervers aurait pu avoir des effets néfastes sur ma santé mentale. Si ce n'était pas déjà désespéré. D'un côté, si ma théorie des tueurs fous se révélait être vrai, ce n'était peut-être pas malin d'avoir expulsé la seule protection que j'aurais pu avoir. Evan rentrerait à la maison, et tomberait nez à nez avec mon corps inerte, baignant dans son sang .. Beuh. Le pauvre. Je le plaignais. Mais bon, il fallait que je tente le coup, ma curiosité était beaucoup trop importante pour que je laisse tomber tous mes plans. Le matin même, j'étais allée faire les courses pour acheter ce qui me semblait être le kit basique de chaque petite fête, des bonbons, friandises en toutes sortes, des apéritifs .. J'étais même allée jusqu'à louer un film. Même si le vendeur me donnait littéralement les chocottes. Ce qui m'avait d'ailleurs fait opter pour « Entretien avec un vampire ». Je n'étais pas vraiment branchée culture cinématographique, et c'était un des rares films que j'avais vu, alors .. On ne savait jamais. Peut-être que Summer aimerait. Rentrée chez moi, j'avais juste bouquiné toute la journée en attendant les 18h, heure à laquelle la jeune fille était censée descendre de son étage pour aller jusqu'au mien. Je serais bien montée jusqu'au 4e étage mais .. Aidan m'avait assez fait peur sur l'idée d'y aller pour que j'y renonce. Enea Phœnix Bennett n'était quand même pas suicidaire ! … ?

Une demi-heure avant l'arrivée de mon invitée, j'avais fait le point dans ma tête de toutes les questions subtiles à poser. Du genre, est-ce que ça fait longtemps que tu habites dans les coin ? Pourquoi tu habites dans un hôtel au lieu d'une maison ? [Cette question n'était pas dérangeante, non ? Elle ne m'avait pas l'air d'être pauvre]. Tu as de la famille ? Est-ce que tu es connectée, d'une certaine façon, à Aidan Williams ? Ces questions paraitraient parfaitement normales, non ? Au pire, je l'attacherais à une chaise, éteindrait toutes les lumières sauf une, que je pointerai sur son visage. Elle serait obligée d'avouer, hahaha ! Non, il fallait que j'arrête de me faire des scénarios. Après tout, si elle était une serial killeuse, je serais déjà morte avant d'avoir eu le temps d'attraper mes cordes. Des petits tocs à la porte me firent sursauter, et je m'approchais bien rapidement de la porte pour l'ouvrir. Elle se tenait devant moi. Dieu ce qu'elle m'était impressionnante, elle était .. Tout simplement magnifique. Comme Aidan. Dieu ! Ils ne pouvaient pas ne pas avoir de lien, familial ou autre. Je restais coïte devant la jeune fille, avant de m'espacer pour la laisser rentrer, pour ne pas qu'elle ait le temps de s'enfuir en me croyant groupie de sa perfection. « Salut Summer ! Ça .. va ? » Il fallait que je paraisse absolument normale, pour ne cultiver aucun doute. Je lui lançais un regard encourageant et m'asseyait sur le canapé pour qu'elle me suive. « J'espère que je ne te .. dérange pas. C'est une petite tradition, chez moi ! J'invite toujours toutes les filles que je rencontre pour une petite soirée, on regarde un DVD, on mange des cochonneries, ce genre de trucs .. » J'essayais de prendre un air convaincant, et ce n'était pas gagné. J'avais menti, je le savais, et j'espérais m'être assez entrainée avant pour ne pas avoir l'air trop ridicule, étant donné que je n'étais vraiment, vraiment pas bonne à ce jeu.

Je m'efforçais de prendre un air nonchalant qui n'était pas du tout habituel chez moi. Ne pas paraître stressée, tendue, angoissée et tout ce que vous voulez m'était pratiquement impossible, mais si je ne voulais pas perdre mon temps ce soir, il fallait bien que je me force. Affichant un sourire grand comme ça, je pris un des nombreux paquets, peut-être que j'avais un peu trop prévu de nourriture, dans mes mains et l'ouvrit, avant de le tendre à Summer. « Un bonbon ? » Je jetais un regard gêné vers tous les paquets qui s'étalaient parterre. « J'espère que tu as faim. Au pire, Evan me finira tout ça ce soir .. S'il rentre » Pas besoin de me lancer dans les explications, depuis le temps, elle devait surement savoir qu'il était son frère en même temps que son professeur de littérature. « Il n'est pas là ce soir. Mais j'y pense, si jamais tu veux avoir de meilleurs notes en littérature, tu n'as qu'à venir nous voir » Après tout, m'attirer ses grâces était dans mon avantage. « J'ai pris un DVD. Entretien avec un vampire .. J'espère que tu aimes ? Enfin tu sais, on n'est pas obligé de le regarder de toute façon, on peut juste .. discuter. » Pas besoin de me forcer à avoir un air curieux, cette fois, je me lâchais totalement. « J'aimerais bien en apprendre plus. Sur toi, tu vois. J'adore connaître toutes les .. petites anecdotes sur les gens » C'était faux, je voulais juste en savoir sur les gens à la beauté surnaturelle et à la peau pâle. Et après ? Les mensonges sortaient de plus en plus facilement de ma bouche.

Je n'avais jamais eu d'ami fille. Si l'on ne comptait pas cette fille bizarre obsédée par les fourmis qui mettait de la colle dans ses cheveux, en primaire, qui avait bien voulu me donner quelques uns de ses gâteaux pour le goûter. Je ne connaissais seulement les sujets de conversation primordiaux pour celles-ci grâce aux films et aux séries, ce qui se résumait à peu près à shopping, shopping, et garçons. Non ? Je ne pouvais pas parler de shopping avec Summer, étant donné que .. Eh bien, je n'en avais jamais fait. Enfin, jamais vraiment, c'est vrai que j'étais peut-être entré dans un magasin de vêtements quelques fois mais les vendeurs étaient tellement effrayants que je ressortais toujours dans la minute qui suivait. C'était ma mère, qui se chargeait de tout ça pour moi, et je la remerciais de ne pas avoir un horrible goût. Des vêtements simples, mais pas complètement moches quand même. Pour ne pas risquer de faire d'horribles fautes de coordinations, même si, franchement, ce n'aurait pas été très horrible si c'était arrivé, je coordonnais toujours des couleurs simples, telles que le noir, le blanc, le bleu .. En fait, je me limitais à peu près à tout ça. Lorsque j'avais ouvert la porte à Summer, j'étais simplement vêtue d'un immense sweat shirt gris foncé et d'un pantalon bien trop grand pour moi, blanc/gris étrange. De toute façon, est-ce qu'elle en ferait cas ? Je n'avais pas de pyjama dit « normal », ni de nuisette très sexy, ni de pyjama normal chemise et pantalon. Tout simplement parce que j'avais déjà du mal à m'endormir, alors dans des vêtements pas très confortables .. Concernant l'autre sujet de conversation, les garçons, je ne savais pas vraiment quoi dire. Parce que bien sûr, je ne pouvais pas parler d'Aidan ex pli ci te ment. Et puis il n'était pas un garçon .. normal, d'après ce que j'en avais compris. Et ce que j'avais vu, paix à l'âme du pauvre arbre qui s'était sacrifié pour cette impressionnante démonstration. Il y avait bien d'autres garçons que je connaissais, comme William ou encore Tinsley et après .. En fait, je ne voyais pas vraiment quoi dire sur eux. Et surtout avec Summer, qui n'était pas ce qu'on pouvait appeler une amie. Je voyais mal la soirée se passer dans un silence le plus complet, car ensuite il serait absolument sur que je n'aurais plus l'occasion de la revoir. Et donc, pas une autre occasion d'en apprendre plus sur l'origine de toutes les étranges caractéristiques qui étaient propres à Aidan. A vrai dire, j'étais excitée, pour une fois qu'il se passait quelque chose d'à peu près intéressant dans ma vie.

Je remarquais bien que mes tentatives pitoyables de paraître tout à fait normale n'étaient pas vraiment concluantes, mais j'étais heureuse que Summer au moins joue le jeu. Après tout, je me demandais même si nous pourrions vraiment devenir des amies .. Ce qui m'avantagerait encore, encore plus. Surement qu'Aidan me taperait (ou me fouetterait) d'avoir sympathisé avec une personne du quatrième étage, mais d'un autre côté, ça lui donnerait bien un prétexte pour venir me voir. Il fallait que je définisse un plan d'attaque, afin de paraître subtile, de n'absolument pas mettre les pieds dans le plat mais de quand même obtenir des réponses qui avanceraient ma recherche. Le problème était que j'étais absolument nulle pour ce qui était du milieu, et qu'avec moi, c'était toujours tout .. ou rien. Je changeais souvent d'avis, bien sûr, d'ailleurs j'étais une des personnes les plus indécises parfois que vous pouviez connaître, mais c'était toujours pour aller d'un extrême à un autre. Soit courbe, soit pointu. Alors être dans le vague, mais en même temps dans le vif ? Mission impossible. Mais il allait bien falloir que je me débrouille, surtout que j'avais l'air d'avoir bien choisi ma cible. Sympathique, charmante, polie. Peut-être que toutes les peaux pâles avaient les mêmes caractéristiques, d'ailleurs. Surement qu'elle aussi avait une super force, et des sens surdéveloppés ? Mais je ne savais pas si j'avais le droit d'y faire allusion. Surement que non .. Car si je me fiais aux explications étranges d'Aidan, tous les gens du 4e étage, à part lui, étaient dangereux et même des meurtriers. Cela voulait-il donc dire que Summer en faisait partie ? Elle pourrait bien m'assassiner sans que je m'y attende. Si mon obsession pouvait bien faire tomber un arbre gigantesque sans le moindre effort, je me doutais que la jeune fille aurait pu, en m'enlaçant, me casser toutes les cotes .. Oh et puis, je prendrais le risque. Au pire, j'arrivais à crier très fort, et en imaginant que Aidan était quelques étages au dessus avec une super ouïe, il viendrait à ma rescousse. J'espérais.

Si ça se faisait, elle me considérait comme une proie naïve qui n'était là que pour satisfaire ses pulsions meurtrières. C'est vrai qu'en y réfléchissant, j'étais plus que naïve. Imaginons que je ne m'étais pas entichée d'Aidan, mais d'un autre de ces gens du 4e étage. Je serais quand même allée dans la forêt et .. serait encore là bas, en train de me faire dévorer par tous les animaux qui y habitaient. Au moins, ils ne mourraient pas de faim, même si j'étais loin d'être un met fameux. J'imaginais. J'aurais peut-être pu, vainement j'imagine, tenter de persuader que je voulais absolument joindre leur groupe, et que c'était pour ça que je m'étais installée dans le fameux hôtel. Des tonnes de questions subsistaient encore dans mon esprit. D'accord, le 4e étage était très, très limité, mais pourquoi le 2e et le 3e n'étaient pas, d'après Paulo, très très fréquentables, même si j'avais finalement eu la permission d'aller y jeter un coup d'œil ? Il fallait que je pense à d'autres questions subtiles de ce côté là. En espérant bien sur qu'elle n'était absolument pas en contact avec Aidan [quoi que, ils faisaient partie du même .. groupe de la même .. secte, du même étage, de la même organisation, je ne savais pas toujours de quoi il en ressortait au final] parce qu'encore une fois, il aurait des raisons de me taper. Bizarrement, elle restait quand même, de ce que je voyais, assez différente de lui et me mettait beaucoup plus à l'aise qu'il aurait pu le faire. Même elle, hésitait sur ses mots, parfois ! Ce qui me rassurait assez. Est-ce que les supposés super meurtriers étaient aussi adorables, et parlaient d'une manière si charmante ? Si IL était supposé l'être au départ et qu'il dit que tous les autres sont de la même nature, alors oui. Je voulais me pendre.

« Oui, bien sur, et toi ? » Je n'avais pas répondu .. Parce qu'il y avait de ces phrases à lesquelles vous avez le pressentiment que la réponse ne servirait à rien. Je détestais gâcher ma salive pour rien, et à vrai dire, lorsque je posais une question de cet ordre qui n'avait d'autre but que la simple politesse, je ne m'attendais pas à ce que l'on me la retourne .. Bon d'accord, je n'avais surtout pas répondu parce que la voix de Summer était plus que basse, et alors ? Il faut bien faire genre, un petit peu. J'essayais de la rendre à l'aise au maximum, et d'un autre côté, il fallait que je paraisse bien décontractée et gênée à la fois. Gênée, parce que ça attirait toujours un peu de compassion et m'aiderait surement dans les questions que je poserais .. Plus tard. En tout cas, elle semblait bien se prêter au jeu et souriait lorsque je parlais, j'imaginais bien que c'était pour se moquer de moi mais je faisais comme si elle me rendait exactement le même sourire débile que j'adressais à son égard, ce qui rendait mes paroles de plus en plus naturelles, chose qui ne m'arrivait pratiquement jamais. Peut-être que finalement, je pourrais bien m'en faire une amie. « C’est plutôt à moi de te demander si je ne te déranges pas … Et .. de mon côté je .. j’ai pas trop l’habitude, donc j’ai plutôt hâte .. ! » Je levais un de mes sourcils, j'adorais avoir l'air suspicieuse, en sa direction comme si je ne m'y attendais pas. Après tout, je pensais qu'avec un physique pareil, elle serait bien populaire. Surtout qu'en plus de ça, elle me paraissait très gentille. Peut-être que c'était comme Aidan .. Même si je n'avais pas exactement compris les raisons qui faisaient qu'il marchait toujours en solitaire. Quoi que, maintenant que j'avais obtenu la permission [quoi, il ne me l'avait pas dit ?!], j'irai le coller quand j'en aurai envie .. Je n'allais pas me priver. Peut-être qu'elle aimait plus être solitaire, elle aussi ou qu'elle intimidait les autres. D'un côté, j'avais un peu eu du mal à aller lui proposer de passer « chez moi » vu sa prestance et l'aura qui se dégageait d'elle, si je pouvais le dire de cette manière, mais maintenant que c'était fait, je ne le regrettais pas. Du moment que toutes ces histoires de meurtre restaient bien cachées dans un coin de mon esprit.

« Je ne l'aurais pas cru. Après tout, je pensais que tu avais plein .. d'amis » Je jetai un regard suggéré dans sa direction. Ce que j'étais piètre sous-entendeuse. Je ne savais pas exactement de combien de temps j'allais pouvoir disposer pour mener mon petit interrogatoire suggéré, alors autant commencer dès maintenant. Et puis, si elle devinait mon petit jeu .. Était-ce un si grand drame ? A part si elle était une sorte d'obsessionnelle, colérique compulsive, et agressive, qui se jetait sur les gens dès qu'ils lui mentaient. Brr, cela faisait froid dans le dos, et je n'imaginais vraiment pas Summer de toute façon s'énerver ou .. tuer quelqu'un. Même si elle l'avait surement déjà fait, si Aidan m'avait vraiment dit toute la vérité. « Tu as de la .. famille, au lycée, non ? » Comme si de rien était. Oui, j'étais très, très nulle à ce jeu là, mais si elle jouait le jeu, elle allait bien répondre. Si ça se faisait, elle allait faire comme Aidan « si par famille tu entends parents, ils sont morts .. » et allait éviter la question des frères et sœurs. Je ne savais toujours pas s'il avait considéré 'famille' comme groupe de gens qui rassemblaient les mêmes caractéristiques, ou un vrai lien du sang, alors je me devais de vérifier. « J’ai toujours faim pour des bonbons, tu sais.. » En tout cas, je notais dans un coin de ma tête qu'elle ne daignait pas manger de la nourriture humaine, on ne savait jamais, je n'avais quant à moi jamais vu Aidan manger de la nourriture. Il fallait bien que j'explore le domaine du surnaturel, autant analyser toutes les caractéristiques humaines que je ne voyais pas chez ces autres humains. Je ne me voyais plus vraiment les appeler Ange après les sombres déclarations d'Aidan, il fallait aussi que je trouve un nouveau surnom. Les peaux pâles allaient pour le moment, mais ça ne sonnait pas tellement bien. « A ben raison de plus pour lui en laisser une part, à .. ton frère » Je fronçais les sourcils, n'étant pas sure si elle avait bien compris ma proposition, qui était juste que mon frère lui donne des cours particuliers de littérature. Mais je passais sur le sujet, après tout, il était tout, tout sauf important. Si Evan rentrait plus tôt, surement que je me suiciderais. Je me jetterai du toit. Je me pendrai. Je me tirerai une balle dans la tête. Oh non, plus simple, j'irai au 4e étage.

Je remarquais la façon dont elle avait d'hésiter sur le mot « frère ». Peut-être qu'elle était mal à l'aise, du fait que j'ai des liens de famille avec le professeur de littérature. Ou alors, elle le connaissait, entretenait une relation amoureuse interdite avec lui en secret et se sentait mal à l'aise par rapport à moi, sa sœur, et avait peur que je le ressente comme une trahison ? Oui, j'aimais bien me faire des scénarios à l'intérieur de ma tête. En fait, je n'avais rien contre le fait qu'Evan et Summer sortent ensemble, mais il semblait désespérément accroché comme une sangsue à cette fameuse Emery que je n'adorais guère. Je ne la détestais pas, attention. En plus, je ne la connaissais même pas, étant donné qu'Evan n'avait même pas cru nécessaire de faire de véritables présentations. Vous en connaissez vous, beaucoup, des frères qui ne présentent même pas leur petite amie à leur petite sœur ? Quoi ? Ce n'est pas une habitude ? Et pourquoi les petits amis des petites sœurs avaient à passer toujours cet espèce de rite de passage, alors. Quoi que, dans mon cas, ça ne serait pas avant un très .. très long bout de temps, presque jamais. En fait, la seule personne avec qui je rêverai de sortir avec était toujours la même, et il était évident que je n'arriverais jamais peut-être à obtenir tout ce que mon corps me disait d'attraper. En tout cas, si jamais cette chose irréalisable était en fait réalisée, je ne pensais pas avoir trop de problèmes de ce côté là. En fait, j'étais plus encline à me comporter moi même comme le grand frère protecteur que lui voudrait peut-être le faire. Où es-tu ? Que fais-tu ? J'étais trop lâche pour aller poser toutes ces questions qui me brûlaient bien sur le bout de la langue. Alors que mon esprit dérivait totalement vers mon frère, j'en avais presque oublié la présence de Summer juste à côté de moi. Sursautant lorsque celle-ci prit la parole après ma phrase, je reprenais un sourire idiot que je m'étais persuadée de coller avec du scotch invisible au visage.

« Et bien, je ne connais pas ce film, mais il me paraît sympa .. Et pour la discussion, j’espère en apprendre aussi sur toi. Tu n’es pas la seule à aimer connaître les gens » Je me retenais de soupirer, évidemment sure que sa phrase n'était faite que pour être polie. La mienne n'était pas exactement juste non plus, alors de toute façon, je ne pouvais pas me donner le droit de critiquer dans ma tête. Est-ce qu'elle aimait bien connaître les gens .. Pour mieux les massacrer après ? Non ! Il fallait que je m'enlève toutes ces idées sanglantes et morbides de la tête, mais elles ne cessaient de revenir comme un punching-ball. « On regardera le film plus tard, alors .. Parlons, d'abord. » Je me retournais sur le canapé pour fixer la jeune fille, dans les yeux, histoire de voir si leur couleur changeait comme pouvaient faire ceux d'Aidan. Seulement pour cela, il fallait bien que j'amène des sentiments forts, étant donné que c'était le moyen de leur faire changer de teinte. N'ayant aucune information sur l'ancienne vie de la jeune femme qui se tenait devant moi, je ne pouvais ni lui attirer de la tristesse, ni de la colère, de la déception, de la frustration .. Et la joie, il ne fallait même pas en parler. On verrait, au fil des choses. « Tu as un petit ami ? » Il me semblait que c'était une des questions basiques de filles à filles, non ? Étant donné que je ne pouvais pas parler de shopping, comme précisé précédemment. « Pas de question indiscrète, j'espère. Il me semble que c'est une question .. normale, oui. » Je faisais un sourire gêné et lui tendait le paquet de bonbons, pour lui remplir la bouche et ne pas la laisser dire des phrases qui pourraient me faire rougir. J'en engouffrais un à mon tour, non sans m'étouffer quelque peu parce que bien sur ça tombait toujours sur moi, et continuait sur ma lancée. « Ça ne fait pas longtemps que je suis à La Crosse .. Je ne connais pas encore énormément de monde. Tu pourrais m'en présenter ! Par exemple, dans l'hôtel. Ça m'évitera parfois de passer des journées à s'ennuyer, tant qu'à faire, vu qu'il y a plein de jeunes apparemment qui vivent au même endroit .. » Je prenais un autre bonbon que j'avalais, cette fois, tout rond. « Je pourrai te rendre visite, la prochaine fois, moi aussi. Hein ? Tu habites dans quelle chambre ? »

Je n’avais absolument aucune idée de ce qu’était l’amitié pour les humains. Bien sûr, je me doutais que cela devait fortement ressembler aux amitiés que j’avais contractées lors de mon séjour à l’Aréa. N’empêche, je restais méfiante. Parce que je me doutais aussi que les humains devaient avoir un esprit tordus. Et qui savait ce que la jeune humaine assise en face de moi allait bien pouvoir imaginer ? Aucune idée. Néanmoins, je me doutais que son invitation ne s’était pas faite sans arrières pensées. Que manigançait-elle ? Jouer le jeu et participer à sa petite soirée ne me dérangeait pas du tout, au contraire, mais j'aurai bien voulu savoir ce qu'elle me voulait. Peu à peu, mon regard se fixa sur ses vêtements. Elle était habillée avec simplicité, comme d'habitude. Un pantalon trop large et un tee-shirt plus ou moins assorti. Je ne fis aucun commentaire, parce qu'il n'y avait rien à dire. Enea avait ce petit truc qui poussait les gens à la trouver mignonne en toute situation. Il fallait dire qu'elle semblait toujours si fragile ... C'en devenait désespérant. Comment un être aussi insignifiant pouvait il être si important ? Enfin. En cet instant plus que tout autre, j'aurai voulu posséder le don d'Aidan. C'était la première fois que je l'enviais. Non mais quelle conne. J'aurai du lui demander d'abord ce que Enea me voulait. Mais ça aurait été de la triche. Tant pis. Il était trop tard. Et puis le jeu n'en était que plus amusant comme ça. Après tout, cette frêle et fragile humaine ne pouvait rien contre moi. J'étais un prédateur, et franchement, elle devait représenter la plus ignorante des proies. Naïve, en plus. Mais tellement attachante ... Ah non. Je m'étais promis de ne m'attacher à personne. Je n'allais pas tout changer comme ça, pour une humaine qui sentait si bon. C'était dangereux pour elle, et pour moi. J'allais la voir mourir peu à peu, obligée de prendre mes distances à cause d'une éternité qui m'avait été offerte. J'allais la voir se marier, avoir des enfants, tout en restant moi même un monstre solitaire et buveur de sang. Je n'aurai jamais d'enfant. Jamais de compagnon. Juste la solitude, et le sang ...

Beaucoup de ceux qui étaient né à l'aréa me prenait pour une folle. Je me nourrissais toujours de sang, mais uniquement de sang animal. Le tragique meurtre de celle que j'appelais mon Ange m'avais dégoûté du sang humain, même si j'en avais encore envie. M'introduire dans cette chambre, avec l'odeur si plaisante et alléchante des Carlson/Bennett, était du pur masochisme. Je me testait, mettait ma volonté à l'épreuve. Et c'était de la folie. Parce qu'en faisant ça, je me montrais égoïste. Incroyablement et terriblement égoïste. Mais bon. J'étais comme ça, et je m'étais tant fait avoir par la vie et ses emmerdes que je n'avais plus envie d'être sage. C'était injuste, je le savais, mais il y avait tant d'injustice partout autours de moi que j'en avais marre. Je laissais peu à peu mes instincts félins prendre le dessus, et cela de plus en plus souvent. Ce qui revenait à dire que j'étais entrain d'acquérir de plus en plus de souplesse, et qu'une certaine aura plutôt animale entourait chacun de mes gestes. Chose assez stupide, si l'on considérait déjà le fait que les immortels étaient étranges à la base. Mais tant pis. J'assumais totalement le fait d'être considérée comme bizarre, et m'arrangeait plutôt bien avec la solitude qui en découlait. Enfin. Ma vie sociale semblait quand même s'améliorer un peu. J'étais plus ou moins amie avec Aidan. J'étais la demi-sœur d'Edward. J'allais peut être devenir l'amie d'Enea. J'étais aussi amie avec Nessee, Omega, Billie et d'autres filles ... Et puis je connaissais pas mal de monde. Néanmoins, ces filles, sauf dans le cas d'Enea, venaient toute de l'Aréa. Et dans ces conditions, il était impossible, ou presque, de les effrayer. Ce qui était pas mal, parce que question frayeur, j'étais douée. Même très douée. Enfin. Le tout, pour l'instant, était de ne pas effrayer Enea. Ce qui aurait été une chose passablement stupide, n'est-ce pas ?

La tête faussement étonnée de cette potentielle future amie me fit sourire. Alors elle me pensait méga-populaire ? Mouai. C'était pas vraiment le cas. Parce que même si j'avais beaucoup de connaissance, et que les gens de l'école se pressaient autours de moi comme autours de tout les autres descendants de Genesis, je n'en restais pas moins quelqu'un de difficile à satisfaire. « Je ne l'aurais pas cru. Après tout, je pensais que tu avais plein .. d'amis. Tu as de la .. famille, au lycée, non ?» Sa question, assez peu subtile, en somme, me fit haussez un sourcil. On se serait cru à l'inquisition espagnole. Enfin, c'était le but d'une pyjama party, apparemment. Et puis, Enea n'avait pas l'air d'être le genre de fille à aimer parler de shopping. Tant pis. Je n'étais pas une grande folle de boutiques, mais de temps en temps, j'appréciais une petite virée magasins. En plus, comme l'argent ne manquait pas ... « J'ai un demi-frère, oui » Sur le coup, ma réponse paru la perturbé. Pourtant, il n'y avait pas grand chose à dire. J'étais la demi-sœur d'Edward Blackwell, et c'était tout. Nous ne nous connaissions pas, et je n'avais appris son existence que peu de temps auparavant. Bref, malgré nos efforts à tout les deux pour nous rapprocher, ce n'était pas encore gagné. Mais la tête d'Enea me poussa à m'expliquer un minimum. Bon, en même temps, nous n'allions jamais tenir une soirée comme ça si je n'ouvrais pas la bouche un tantinet plus souvent. « C'est Edward Blackwell ... On est pas vraiment proche, donc il n'y a pas grand chose à raconter .. Et sinon, c'est tout. Je n'ai pas vraiment eu de parents » Bon voilà pour la touche familiale. Réfléchissant tout en parlant, j'en vins à la conclusion que la brunette jaugeait mes relations avec les gens de l'école. Et il ne me fallut pas longtemps pour comprendre qu'elle vérifiait que je n'étais pas trop proche d'Aidan ... C'était tout à son honneur, bien sûr, et cela me rassurait un peu. Au moins, il n'y avait pas de complot plus important en vue. Mon dieu. Je devenais paranoïaque.. Il fallait que j'arrête ça tout de suite. Me faire de tels films n'était pas bon pour mon esprit, qui avait déjà bien du mal comme ça à garder sa solidité. Devenir folle n'étant évidemment pas un de mes buts pour l'instant ...

Tout en discutant, j'observais la tête d'Enea. Elle paraissais songeuse, mais aussi .. Suspicieuse, par moment. Immédiatement, l'idée qu'Aidan lui ai tout raconté me vint à l'esprit. Et si elle savait que j'étais un vampire ? Et si elle profitait de cette occasion pour me mettre devant le fait accompli et me traiter de monstre ? Et si elle voulais devenir une des nôtres, simplement ? Non. Je ne devais pas penser à cela. Aidan allait me tuer. Et puis à nouveau, je me faisais surement des idées. Elle ne poserait pas autant de question si elle était au courant. Du moins, c'était mon avis, et mon souhait. Je ne tenais pas du tout à me retrouver face à ce genre de problème. Néanmoins, je ne cessais pas de m'interroger. « On regardera le film plus tard, alors .. Parlons, d'abord. » Ouai. J'avais remarqué, son idée de base n'était pas de regarder un film. Mais comme parler ne me dérangeais pas trop pour l'instant, et bien je me prêtais volontiers à son petit jeu de question et réponse. Bizarrement, son regard se plongea dans le mien, et elle ne cessa de m'observer. Bon, j'étais habituée au regard des autres, mais là, c'en devenait .. gênant. Comptait-elle me fixer comme ça tout le temps ? Et pourquoi regardait-elle mes yeux avec autant d'attention ? Ils n'avaient pourtant rien de bien particulier. J'avais bien entendu des jolis yeux, qui s'éclaircissaient ou s'assombrissaient légèrement en fonction de mon humeur, et de ma dernière chasse, mais .. Comment serait-elle au courant ? Pourtant, je n'avais rien à craindre. Même si elle cherchait vraiment ce genre de signe, elle mettrait un moment avant de voir la différence. La seule et unique chose de vraiment marquante pouvant arriver étant que je me laisse emporter par mon esprit félin, auquel cas .. Auquel cas et bien apparaîtrait dans mon regard une sorte de petite étincelle, ou un truc du genre. Mais c'était bon. Je ne comptais pas me laisser aller, et je gérais. Enfin, je l'espérais ... « Tu as un petit ami ? » Euh. Ouai. Là, par contre, la question me pris un peu de cours. J'aurai dû m'y attendre, mais .. J'étais persuadée qu'Enea ne me poserait pas ce genre de question, pour la simple et bonne raison que j'allais la lui retourner. « Non. Je ne .. Il n'y a pas beaucoup de garçon qui ont l'air vraiment intéressés .. » Quelle conne. Bien sûr que si, des garçons, il y en avait à la pelle, qui se retournaient sur mon passage. Seulement .. Voilà, tous avaient trop peur de moi pour m'approcher, ou bien ne pensaient qu'au cul. Ce qui ne m'intéressais pas. En gros, je n'avais pas énormément de choix. Et puis, déjà à la base, aucun ne m'intéressais, alors .. « Et toi ? Un petit ami, ou quelqu'un qui t'intéresses ? » Voilà, elle était coincée. Obligée de répondre.

Piochant dans le sachet qu'Enea me présentait, je mangeais un ou deux bonbons, en la regardant. Je failli bouger lorsqu'elle s'étrangla, mais elle se remit d'elle même, et je ne bougeais finalement pas. Sa question suivante, par contre, me fit réagir un peu plus. « Ça ne fait pas longtemps que je suis à La Crosse .. Je ne connais pas encore énormément de monde. Tu pourrais m'en présenter ! Par exemple, dans l'hôtel. Ça m'évitera parfois de passer des journées à s'ennuyer, tant qu'à faire, vu qu'il y a plein de jeunes apparemment qui vivent au même endroit .. Je pourrai te rendre visite, la prochaine fois, moi aussi. Hein ? Tu habites dans quelle chambre ? » Alors là, si je répondais mal, j'allais vraiment me faire tuer. C'était quoi, ces questions pièges ? Un test, ça ne pouvait être que ça .. Me mordant les lèvres, je me repris. Non, ce n'était qu'une question toute simple, que n'importe qui dans le cas de Enea aurait posé. « Oui, si tu veux, je t'en présenterai quelques uns à l'école... J'suis sûre que beaucoup de gens seraient content de te connaître.. » Bon, jusque là, c'était facile, et c'était vrai. J'avais volontairement le sujet de l'hôtel. Mais j'étais coincée, à mon tour ... « Par contre, je préférerais que tu évites certains habitants de l'hôtel. Je sais que tu connais Aidan, et il a surement dû te mettre en garde. Évites-les. Du moins, ceux des étages supérieurs.. » Je me tus un instant, consciente que cette phrase m'englobait aussi. tant mieux. Enfin, une personne avertie en vaut deux, n'est-ce pas ? « Ne montes jamais sans quelqu'un. Et Aidan est le plus .. aptes à t'aider. Et si jamais tu as un problème, appelle-le. Ou appelles-moi, éventuellement. N'oublies pas, surtout. » Mais elle allait franchement flipper, si je continuais .. Il fallait que je rattrappe un peu le coup, même si ça ne changerait pas grand chose. « Par contre, si un jour tu veux qu'on se voie, sonne moi, je viendrai... » Bref, un coup dans le vent. J'étais vraiment conne.

A ce moment là, ce que ma mère aurait été fière de moi. Pas que j'aie spécialement l'envie de lui faire plaisir, ou que je suive ses ordres, mais le fait que je connaisse autant de personnes (bon d'accord pas beaucoup mais en tout cas beaucoup plus qu'à NY) lui ferait surement plaisir. Depuis que j'étais arrivée à La Crosse en fait, elle s'était mise en tête de m'appeler tous les jours pour avoir des mes nouvelles, et était friande de tous les petits potins que je pouvais lui rapporter. Je ne savais pas comment était mon père, étant donné que je n'avais jamais vécu avec lui, mais ma mère au contraire était un peu l'opposé de ce que je pouvais être. Quoi que, j'avais peur qu'en devenant mère (si cela m'arrivait un jour), je devienne aussi parano et inquiète qu'elle pouvait l'être. Elle me posait des questions sur les cours, ça ce n'était pas difficile cela se passait relativement bien, et puis sur mes amis, là j'avais tendance à un peu écarter le sujet, et puis elle retombait toujours sur le sujet des garçons. Comme si elle faisait partie de cette petite partie de la population encore ultra coincée dans le passé qui veut absolument que leurs progénitures de sexe féminin se marient le plus vite possible. Que pouvais-je répondre ? Non maman, je n'ai pas l'intention de sortir avec un garçon. Mais tu sais, il y en a un qui habite avec un tas de gens super dangereux, qui a des super pouvoirs, et qui m'obsède. Tu crois que je devrais faire quoi ? Premièrement, si je lui racontais elle ne me croirait surement pas, deuxièmement je ne crois pas qu'Aidan voudrait spécialement que je parle de lui à d'autres personnes, ou en tout cas de ces .. particularités, et troisièmement .. Ça me gênait horriblement, point. Nous n'avions jamais été proches, les questions allaient toujours dans un sens. Pour que le sujet ne dérive jamais sur ma vie, je lui posais des questions sur la sienne, et me montrait extrêmement à l'écoute. Mais étant donné que son quotidien était plus monotone que le mien .. Bref. Si elle savait que j'avais invité une fille à une « pyjama party » (même si le terme n'était pas vraiment exact), elle sauterait sur sa chaise comme une petite puce excitée. Je ne manquerais pas de le faire, pour l'entendre heureuse de l'autre bout du téléphone. Ce n'était pas parce que nous n'avions pas à proprement parler une relation fusionnelle que son bonheur ne m'importait pas, et en fait, j'étais partie à La Crosse en partie pour ne pas la déranger.

Je commençais (déjà !) à regretter de m'être embarquée dans une telle affaire. Il ne fallait pas que je me surestime, je n'allais jamais être capable d'alimenter une conversation toute une soirée durant, et avait de plus en plus de doutes concernant le fait que Summer me révèle quoi que ce soit sur le 4e étage. Et puis, aussi, d'un autre côté, il était évident que j'aurais préféré entendre toute la vérité de la bouche d'Aidan, même si je l'avais un peu taquiné en disant que j'allais poursuivre l'affaire de mon côté. Et si je découvrais quelque chose d'horrible qui allait véritablement m'effrayer comme il me l'avait fait entendre plusieurs fois ? Je serais tellement honteuse de l'éviter, sans qu'il sache pourquoi. Et si je me faisais, en plus, des idées trop vite comme il m'arrivait bien souvent, et que la vérité n'était pas la même que ce que j'avais entendu. Et que par conséquent, j'avais peur de rien, pour rien .. Inutile de penser à tout ça pour l'instant. Après tout, Aidan m'avait assuré d'être différent des autres ? Je n'avais donc aucune inquiétude à me faire par rapport à lui, et vu qu'apparemment, je n'avais de contacts proches avec aucuns des gens de là haut, il n'y avait aucune raison de m'inquiéter. Et si je m'attachais à Summer ? Cela pouvait bien être possible. J'avais l'impression qu'en arrivant à La Crosse, je m'attachais de plus en plus vite et fort avec toutes les personnes qui daignaient s'intéresser à moi (pour cette raison d'ailleurs, peut-être). Si nous devenions très grandes amies, et que ce fameux secret me révulse et me fasse peur ? Surement que je ne l'abandonnerais pas comme ça, premièrement parce que j'étais loyale, et deuxièmement parce que j'avais un certain côté masochiste. Mais quand même, tout cette histoire était vraiment trop louche, et j'avais beau la retourner, et la retourner dans mon petit cerveau, je ne comprenais toujours rien. Remarque, Aidan avait fait allusion à un moment d'histoires que l'on racontait le soir pour s'effrayer, peut-être qu'il fallait que je m'interroge plutôt dans ce sens là ? Ou il avait juste fait allusion pour .. rigoler. Je ne pouvais jamais rien distinguer du sérieux de la rigolade avec lui, et cela m'agaçait profondément.

Il ne manquait plus qu'un jeu d'action ou vérité pour remonter encore un peu le niveau des questions que je posais, et qui devaient la gêner affreusement. Désolée, Summer, je ferai mieux ensuite. C'est vrai que pour mettre les pieds dans le plat (même si bien évidemment c'était justement tout sauf mon intention au départ) j'avais été vraiment forte. Pareil qu'Aidan semblait s'amuser de ma maladresse à l'oral, mes phrases la firent sourire également. Ce qui, dans un sens, était bien, non ? Le sourire était toujours une bonne chose. Quand au mien, il était soit forcé, soit gêné, soit totalement nerveux. C'était mieux que rien. « J'ai un demi-frère, oui » Oh ! Superbe. Surement quelqu'un à qui je pourrais parler, alors, en espérant qu'il soit aussi gentil, et avec un air aussi peu dangereux, que pouvait l'être Summer. Le mot demi me fit tilter, ce qui me fit tout de suite imaginer que ses parents devaient être divorcés. Comme les miens, en somme. Au moins une caractéristique que nous avions en commun ! Il n'y avait aucun avantage à former un groupe, et je ne voyais pas ce que ça pouvait nous apporter comme sujet de conversation .. Mais bon. A part bien sur si nous voulions commencer un débat sur « combien notre papa/maman nous manque » et pour elle « combien notre beau père/belle mère est énervante ». Comme je voulais en savoir un peu plus sur leurs relations, je fronçais exagérément les sourcils comme pour la forcer à continuer, ce qu'elle fit. « C'est Edward Blackwell ... On est pas vraiment proche, donc il n'y a pas grand chose à raconter .. Et sinon, c'est tout. Je n'ai pas vraiment eu de parents » Alors là c'était vraiment .. louche. Si elle n'avait jamais vraiment eu de parents, comment aurait-elle pu avoir un demi frère ? En supposant peut-être qu'elle ne connaissait pas ses parents et qu'ils avaient vraiment divorcé. Que l'un d'entre eux aille faire un enfant avec un autre .. Comment aurait-elle appris leur existence ? En tout cas, Aidan orphelin, elle qui n'avait jamais vraiment eu de parents. Peut-être que c'était une caractéristique commune à tous ceux du 4e étage, et qu'ils avaient été recrutés pour ça. Il faudrait que je cogite un peu toutes ces histoires de famille plus tard, parce que ça ne me semblait pas vraiment clair, tout ceci. « Edward Blackwell. Je ne le connais pas .. Il habite au quatrième étage ? » Il était bon de vérifier, au cas où. Je notais dans un coin de ma tête d'aller trouver ce Edward, à condition qu'il ne soit pas trop dangereux. Au pire, j'en ferais allusion devant Aidan, et je jugerais de la couleur de ses yeux pour décider si j'allais voir ce garçon ou pas.

Je la fixais, elle m'observait. Je me sentais effroyablement gênée, et j'essayais de paraître complètement décontractée. Dieu ! Ce que c'était dur. Paraître normal était un vrai exercice, dis donc. Et en essayant de paraître normale, je crois que je paraissais encore plus bizarre à ses yeux .. Bien que pour l'instant, elle ait eu la gentillesse de ne rien laisser paraître. Ma petite phrase eut pour effet un petit silence, peut-être qu'elle était gênée que je la regarde dans les yeux en attente d'un quelconque changement de couleur, et la question que je lui posais ensuite semblait la prendre de court. Bon, c'était évident, en me voyant, personne n'aurait l'imagination assez débordante pour même avoir l'idée que je puisse un jour poser une question de ce genre à une autre personne. J'avoue moi même que celle-ci avait eu quelques difficultés à sortir de ma bouche. Je la gênais ? Peut-être que je n'aurais pas du. « Non. Je ne .. Il n'y a pas beaucoup de garçon qui ont l'air vraiment intéressés .. » Même si tous les garçons devaient simplement baver devant sa splendeur lorsqu'elle marchait dans les couloirs du lycée, c'était purement physique, j'imaginais, même si il y avait cette attraction irrésistible et caractéristique à chacune de ses personnes de l'étage mystérieux. Même si je n'étais pas particulièrement intéressée par le sexe féminin, je devais avouer que Summer avait un certain charme, que les autres jeunes filles humaines ne devaient pas forcement apprécier. J'avais eu le temps de me creuser la tête sur la question, étant donné que le même phénomène arrivait presque exactement à Aidan (oui, seule différence que les filles étaient beaucoup plus enclines à devenir des groupies insupportables que leur sexe opposé), et que l'idée s'était déjà tournée et retournée dans ma tête. Même si j'étais moi aussi complètement déstabilisée par leur physique attrayant, j'étais plus curieuse de savoir ce qui se cachait à l'intérieur qu'autre chose. « Et toi ? Un petit ami, ou quelqu'un qui t'intéresses ? » La réponse ne fit pas tout de suite bing dans ma tête, alors je restais la bouche entrouverte pendant quelques secondes avant de reprendre mes esprits. Un petit ami ? Non. Définitivement non, et jamais eu de plus. Quelqu'un qui m'intéressait ? Dans le sens, quelqu'un qui m'obsédait, me fascinait, occupait la majeure partie de mes pensées, mes rêves, et qui rendait tout autour de lui agréable ? Dans ce sens, oui. Mais ce n'était surement pas à elle, ou à quiconque d'ailleurs, que j'allais le dire, surtout si elle était en contact avec lui. « Non. Enfin, je ne m'intéresse pas vraiment aux garçons .. » Ce qui était vrai, en somme. « Pas que je m'intéresse aux filles, mais .. » Il fallait toujours que je rende tout compliqué. « Bref, voilà. Je n'ai pas de petit ami, et je n'en aurai probablement jamais. J'ai prévu de finir vieille fille et de vivre avec des dizaines de chats. » Autant rigoler (?) un peu pour détendre l'atmosphère.

Toutes mes questions semblaient vraiment la déstabiliser, et d'un côté, j'essayais vainement de foncer dans le mur pour qu'il s'écroule. Il semblait pourtant vraiment, vraiment très résistant. « Oui, si tu veux, je t'en présenterai quelques uns à l'école... J'suis sûre que beaucoup de gens seraient content de te connaître.. » Bien sûr, moi qui avait parlé de gens à l'intérieur de l'hôtel, elle parlait directement de gens du lycée. S'ils étaient dangereux, c'était tout à son honneur, mais le fait était que je n'étais pas sure qu'elle non plus n'était pas dangereuse. Si Aidan ne mentait pas, et Aidan ne mentait pas, elle faisait partie également de ces gens dangereux. Alors la présenter à d'autres gens comme elle n'aurait pas du être un problème, à moins qu'elle veuille me tuer d'elle même. « Oh, super. Content, je suis pas sure. » Zut ! Qu'est-ce qu'il était de mon désir de paraître normale ? Bon, un léger dérapage sur ce coup-ci, je me rattraperai surement à un autre moment. « Par contre, je préférerais que tu évites certains habitants de l'hôtel. Je sais que tu connais Aidan, et il a surement dû te mettre en garde. Évites-les. Du moins, ceux des étages supérieurs.. » Ah ! Ah ! Je tenais une nouvelle information que je notais soigneusement dans un coin de mon esprit. Aidan n'avait parlé que du quatrième étage, bien sûr, et Summer avait parlé des étages supérieurs. Donc, il devait forcement avoir un lien entre les gens des étages 2,3 et 4. Pourtant, les personnes que j'avais pu croiser des étages 2 et 3 ne semblaient en rien ressembler aux personnes de l'étage 4 .. Il fallait que je médite tout cela. « Ne montes jamais sans quelqu'un. Et Aidan est le plus .. aptes à t'aider. Et si jamais tu as un problème, appelle-le. Ou appelles-moi, éventuellement. N'oublies pas, surtout. » Elle avait l'air de le connaître, alors. Je devinais qu'ils devaient être plutôt amis .. Et le fait que Summer puisse être dangereuse fut rayé de mon esprit, après tout, jamais elle ne me dirait tout cela sinon. « C'est bon, Aidan m'a déjà suffisamment .. Bassiné, avec ça. Les gens du quatrième étage sont dangereux, les gens du quatrième étage sont dangereux .. Je ne suis pas suicidaire. Pas totalement. Je n'irai pas, et je n'aurai pas de problème. Pour ce qui est de vous appeler, je m'en souviendrai. » Je ne posai pas tout de suite la question par rapport à ma petite déduction, après tout, je craignais de ne recevoir que des bouts de phrase si je me jetai tout de suite sur l'occasion. « Par contre, si un jour tu veux qu'on se voie, sonne moi, je viendrai... » J'osai un sourire. « Oui, bien sûr. » Histoire de ne pas me faire fusiller du regard, je le jetai sur les murs aux alentours tandis que je me lançai pour la fameuse question. « Aidan ne m'avait parlé que du 4e étage. Tu as parlé .. d'étages supérieurs. Les personnes habitant là bas sont-elles aussi .. dangereuses ? »

Je n'avais jamais eu de parents. Pas de père, pas de mère. Pas de racines, pas d'attaches. Juste un peu de sang prélevé sur un anonyme. Et encore.. Je n'avais jamais ressenti un quelconque besoin d'affection. Je gardais mes sentiments, mes joies et mes peurs pour moi même. Après tout, dans l'état actuel des choses, personnes n'aurait vraiment pu me comprendre ... J'étais une bâtarde, et cette idée négative ne s'enlevait pas de ma tête. Aucun repère, aucun soutien. Aucun modèle .. J'avais grandit et mûrit par moi-même. Et quand on voyait le résultat, ce n'était pas glorieux. Bien sûr, j'avais bien réussi. J'étais intelligente, et débrouillarde. Mais ma manière de penser, toujours différente de celle des autres, me poussait à croire que quelque chose n'allait pas. J'avais surement un problème psychologique. Une tare. Et le pire, c'est que je ne m'en inquiétais pas. Pourquoi l'aurais-je fait ? Mon problème ne semblait pas trop ennuyé les autres, à partir du moment où j'étais moi-même un problème. Trop belle, trop parfaite, trop froide, trop moqueuse ... Toutes les excuses étaient bonnes, de la part des mortels, pour me haïr. Pour nous haïr. Les vampires, nom assez barbare, je trouve, n'avaient finalement pas grand chose à envier. Ils allaient voir leurs proches mourir, les choses qu'ils avaient construites se détruire, les endroits qu'ils avaient connus s'altérer .. Et en échange ? Ils étaient damnés, obligés de se nourrir de sang humain, de se contrôler en permanence, et de réprouver chaque jour des pouvoirs qu'il était dur de contrôler. Franchement, ma condition n'avait rien d'enviable. Même si je ne l'aurai changée pour rien au monde. J'étais un monstre, et même si j'avais encore du mal à m'y faire, et bien .. J'aimais ça. C'était clair et net. L'idée d'être un humain, mortel et si futile m'aurait ennuyée, et aurait limité mes possibilités. Non, je n'aurai su être humaine. Ni hybride, d'ailleurs ... Même si j'étais en partie hybride, en partie animale, .. Et bien voilà. Savoir se transformer doit être agréable, mais franchement, c'était le seul pouvoir que possédaient les hybrides, et c'étaient bien peu. Ils ne pouvaient rien faire d'autre.. Tant pis pour eux. (a) Par contre, être un métamorphe devait être intéressant. Enfin, en fonction du pouvoir obtenu. Parce qu'avoir la possibilité de faire pousser des poteau électrique ne devait pas être génial non plus .. En bref, être un vampire, un sang froid, un Ange, un monstre, ou quelque soit le nom que vous lui donneriez, et bien cela me plaisait.

Calmement, je promenais un regard neutre sur la pièce. Mis à part les nombreux paquets de bonbons et autres sac de nourriture, peu de choses trainaient .. Hum. Ça, ça changeait de mon propre QG. Ben oui, ma tanière était envahie par les brols que je laissait traîner, et que je rangeais une fois de temps en temps. Était-ce toujours comme ça, ou Enea avait elle rangé pour ma venue ..? Non. Je n'imaginais pas Enea Phœnix Bennett vivre dans un endroit trop dérangé. Et c'était pareil pour Monsieur son frère, Carlson. Mais ce n'était que des préjugés, et je ne préférais pas m'y fier .. Par contre, je repérais sur la table une bouteille de soda, et notais que cela pouvait représenter un bon moyen de diversion. Parce qu'on est jamais trop prudent .. Bon, je n'aimais pas le soda. La seule boisson que j'ingérais sans trop difficulté était bien entendu l'alcool, mais bon. Je n'allais pas faire la fine bouche, et Enea avait fait l'effort de tout préparer. Décidément, elle y tenais, à son interrogatoire .. Moi, ça ne me dérangeais pas, tant que je contrôlais. Et pour le moment, je commençais à moins gérer, pour le coup. Enea était bien trop évasive, et trop désinvolte. C'était bizarre, et dangereux. Un mot de travers, et je bousillais la vie de tout les non-humains du coin. Quelle conne. Pourquoi avais-je accepté cette soirée, et pourquoi répondais-je toujours comme ça ? Je m'enfonçais peu à peu, et devais absolument m'en sortir. Parce que les conséquences étaient bien trop importantes que pour prendre le sujet à la légère. Et pour tout dire, Enea ne me facilitait pas la tâche en posant autant de questions.. Et tout ça pour Aidan. Qui lui, par contre, était parvenu à éviter ces questions. C'était clair et net, j'allais lui demander sa technique. Dès que je le verrai .. Donc pour l'instant, je devais m'en sortir toute seule, comme une grande. Et connaissant mon caractère, j'allais réussir. J'en étais persuadée .. ou presque.

« Edward Blackwell. Je ne le connais pas .. Il habite au quatrième étage ? » Parce que maintenant elle allais aussi s'intéresser à mon frère ?! C'était dingue. Et connaissant Edward, il n'aimerait pas ça. Contrairement aux autres métamorphe, c'était un solitaire. Avoir une humaine collée aux basques ne lui plairait pas ... Néanmoins, je ne pouvais éviter la question d'Enea. Ma seule solution était de lui dire directement de ne pas trop l'ennuyer. Je devais au moins ça à mon frère. C'est vrai, j'avais débarqué dans sa "vie", en lui demandant s'il acceptait qu'on se voit de temps en temps. Bon, il avait accepté, bien sûr, mais je ne voulais pas tout gâcher en lui envoyant Enea. « Non, je ne crois pas .. Il est plutôt dans le genre solitaire et discret, donc à part ça, je ne sais pas grand chose de lui » Et je ne peux pas lui en demander plus. La fin de ma phrase, totalement inappropriée pour Enea, je la gardais pour moi. De plus, elle n'avait pas à être mise au courant de mes problèmes de consciences. Qui étaient personnels, mais que je devais quand même partagé avec Aidan, vu qu'il devait sûrement avoir perçu mes pensées à l'école, un jour ou l'autre. Heureusement que, Gentleman, il n'y avait pas fait attention, ou ne l'avait en tout cas pas mentionné.. Et je lui en étais reconnaissante, sur ce point. Vinrent ensuite les questions de connaissances et de petit ami, apparemment inexistant chez les deux filles.. « Non. Enfin, je ne m'intéresse pas vraiment aux garçons .. Pas que je m'intéresse aux filles, mais .. Bref, voilà. Je n'ai pas de petit ami, et je n'en aurai probablement jamais. J'ai prévu de finir vieille fille et de vivre avec des dizaines de chats. » Ouai. Même si elle était obsédée par Aidan, et même si cela se voyait, elle maintenait une version erronée .. C'était son choix, et il ne tenait qu'à moi de la laisser continuer. Ce que je comptais faire .. pour l'instant. Par contre, ma tentative pour éviter de lui promettre de lui faire rencontrer des gens de l'école ne parut pas la satisfaire. Sa réponse, assez courte, témoignait à sa place de son manque cruel de sociabilité .. « Oh, super. Content, je suis pas sure. » Je ne répondis pas, puisqu'il n'y avait absolument rien à répondre. C'était clair, mais je me voyais mal la rassurer sur sa vie sociale et les chances qu'elle avait de devenir la fille la plus populaire du lycée.. Et puis bon. Je n'avais pas envie de répondre, c'était comme ça.

Quand enfin, je la mis en garde contre les gens des étages supérieurs, sa réponse m'énerva. « C'est bon, Aidan m'a déjà suffisamment .. Bassiné, avec ça. Les gens du quatrième étage sont dangereux, les gens du quatrième étage sont dangereux .. Je ne suis pas suicidaire. Pas totalement. Je n'irai pas, et je n'aurai pas de problème. Pour ce qui est de vous appeler, je m'en souviendrai. » Alors elle pensait que Aidan faisait ça pour la bassiner ? Elle prenait cela bien trop à la légère. Et il était temps qu'elle comprenne que c'était sa vie qui était en danger .. Automatiquement, mon regard se durcit. Il ne s'assombrit pas des masses, mais c'était peut être le signe qu'attendait Enea. Voilà, elle avait réussi. Et d'ailleurs, sa dernière question ne fit qu'aggraver son cas. Ou le mien, au choix. Évitant mon regard, elle la posa discrètement, l'air de rien, presque innocente .. « Aidan ne m'avait parlé que du 4e étage. Tu as parlé .. d'étages supérieurs. Les personnes habitant là bas sont-elles aussi .. dangereuses ? » Woua. Alors là, elle avait trouvé la question à cent points. Et le pire, c'est qu'elle avait l'air gênée. Elle pouvait bien l'être .. Me passant une main dans les cheveux, je promenait calmement mon regard sur la pièce, en cherchant une réponse. Je me mordis la lèvre, et me releva d'un bond souple et félin. M'approchant de la table, je pris deux verres, et entrepris de les remplir de soda, après avoir demander calmement à Enea si je pouvais. Bien entendu, c'est un verre plein que je tendis à la brune, tandis que le mien ne l'était qu'au quart. Plaçant bien mes doigts autours du verre, pour masquer ce fait, je portais le verre à mes lèvres, et absorbais un minimum de liquide. C'était infect. Mais je devais répondre. « J'ai pour principe de me méfier de tout le monde.. » Restant debout, immobile et plus tout à fait humaine, je fixais Enea. Je ne voulais pas l'effrayer, ni quoi que ce soit, mais bon. Je devais tourner ma réponse en une phrase anodine, ce qui n'était pas facile dut tout. Loin de là. « Alors je peux te dire que les habitants du premier étage ne sont pas dangereux, vu qu'ils sont tous en cours avec nous, et que je les ai .. observé » Bon, hop, ça y était, j'avais ma réponse. Du moins, je savais quoi dire. Parvenir à convaincre Enea allait en revanche être plus difficile. Enfin. Elle pouvait croire ce qu'elle voulait. Surtout qu'en définitif, j'en divulguais à ma manière autant qu'Aidan, mais jamais plus .. « Pour les autres étages, je n'en sais rien, alors je préfère garder mes distances le temps de vérifier. Et tu devrais faire pareil. » Traversant à nouveau la pièce avec la grâce coutumière des immortelles, je m'assis à côté d'Enea et lui souris. Je devais changer de sujet, et tout de suite. Alors quoi de mieux, pour ça, que d'embrayer sur le sujet "Aidan" ..? Enfin, si la brunette marchait, bien sûr. Ce qui n'était pas encore certain. Enfin. Tant pis, je fini quand même par lui dire avec amusement : « Mais dis donc, on dirais qu'Aidan t'as bien briffer, et qu'il tiens à ce que tu sois prudente .. C'est mignion, tu ne trouves pas ..? »

[ Wouaaa c'est pourri. O_o' ]

On m'avait toujours répété que je ne savais pas m'exprimer, qu'on ne comprenait jamais rien lorsque je parlais et que je n'arriverais jamais à avoir ce que je désirais si je restais aussi fermée au niveau du langage. Je n'ouvrais la bouche que pour de grandes occasions, et il semblait que lorsque j'étais à New York, ma bouche refusait parfois même de s'ouvrir. Il arrivait qu'il y ait de grandes périodes ou je restais muette, et où tout le monde se demandait ce qu'il pouvait bien se passer dans ma tête. Ils étaient passés par toutes les hypothèses possibles et imaginables, une fois je m'étais fait violée, une autre fois je m'étais fait menacée avec une arme à feu, une autre j'étais tombée enceinte et j'avais peur d'en parler .. Dieu ce que l'on avait pu me harceler. Et même lors des hypothèses les plus invraisemblables et choquantes envers ma personne que les grandes personnes avaient énoncées, je restais toujours de marbre. Il semblait que seule ma mère restait de mon côté, et c'est elle qui m'avait empêché de me retrouver quelques fois dans un institut psychiatrique. Pourtant (à ce que je savais tout du moins), mon cerveau allait totalement bien. Et si je pouvais me comporter bizarrement eh bien .. Je mettais cela sur le compte du fait qu'il semblait toujours privilégier les chemins les plus compliqués pour les choses simples, ce qui embrouillait tout dans ma tête et me faisait passer pour une idiote. Remarque, il valait surement mieux passer pour une idiote qu'une fille intelligente, car je me serais surement faite persécuter lors de mes années de collège à NY. Là bas, il ne fallait pas essayer de sortir du lot à moins que l'on soit une petite fille à papa friquée, si l'on ne voulait pas prendre le risque de se faire arroser et enfermer dans la benne à ordures. Elles étaient assez impitoyables, là bas. Au moins, ici, à La Crosse, il y avait multitude de gens aussi bizarres et tordus que je pouvais l'être, et même plus. Bon peut-être pas tordus, mais au moins, étranges et mystérieux. Ce qui avait le don de m'énerver, parce qu'avec ma curiosité maladive, je ne pouvais pas rester en place sans même essayer de découvrir de quoi il s'en retournait. Pauvre Summer d'avoir été celle sur qui j'avais jeté mon dévolu en tant qu'informatrice officielle. J'espérais au moins que cet entretien ne serait pas vain, et que je n'avais pas dépensé de l'argent en multitudes de bonbons que je n'allais surement pas finir pour me retrouver avec la tête aussi vide qu'au départ. Et puis, il fallait surtout que j'évite le plus possible de mentionner Aidan parce j'avais toujours peur de paraître obsédée lorsque je commençais à penser à lui. Ce qui devait surement être le cas.

Même si, évidement, le but de mon interrogatoire n'était pas exactement de mettre Summer à l'aise, j'espérais quand même qu'elle ne se sentait pas trop mal. Parce qu'après tout, elle était humaine. Humaine surnaturelle, si j'en croyais ce que j'en avais vu, mais humaine quand même. Je ne pouvais pas essayer de m'infiltrer dans son cerveau pour y retirer tout ce que j'en avais besoin, et me retirer comme un passager. C'était un comportement abject et je ne me laisserais surement pas agir ainsi même si, depuis le début, mes intentions n'étaient pas exactement gentilles. En fait, j'avais agis comme une égoïste, autant auprès d'Aidan et Summer. Pourtant, j'étais plutôt le genre de personnes à s'occuper plus des autres que d'eux même, mais il semblait que lorsque cela portait sur ce fameux garçon, il fallait que j'aille au fond de la chose pour tout découvrir. J'avais envie de tout savoir, même en sachant pertinemment que mes yeux devaient être bien plus gros que mon ventre. Et si je tombais sur une chose que je n'aurais pas, en fait, voulu savoir .. Eh bien, c'était tant pis pour ma poire. Cela m'aurait appris à être trop curieuse et à vouloir fourrer mon nez dans les affaires des autres alors qu'ils me le déconseillaient fortement. En fait, plus que me le déconseillaient, ils semblaient me l'interdire et me faire peur à propos de cette chose, pour que je ne m'en approche pas. Comment ne pouvaient-ils pas voir que ce comportement ne faisait qu'attiser mon côté mauvais ? J'étais persuadée que s'ils n'en avaient pas fait un aussi grand plat, je ne serais surement pas allée me poser toutes ces questions. Mais d'un autre côté, si je parvenais un jour à découvrir le grand -ou non- secret d'Aidan Williams, peut-être que ça me permettrait de me rapprocher de lui. Parce que je ne pensais pas exactement que beaucoup de gens aussi insignifiants que moi pouvaient savoir leur véritable nature, ou quoi que ce soit. Un autre aspect de la question également était, et si Summer me révélait tout ? Bon, je me doutais fortement que ce ne serait pas le cas, mais je préférais nettement l'entendre de la bouche d'Aidan que de la sienne -ou même de le découvrir moi même- et si ce n'était le cas, je me sentirais tellement honteuse auprès de lui. S'il me l'avouait, cela me déculpabiliserait. Ce qui était encore égoïste. Je me haïssais. Pour essayer de paraître moins butée devant Summer, je décidais d'alterner les sujets anodins, et les sujets moins. C'était une assez bonne décision.

« Non, je ne crois pas . » Je fus surprise que, même si Summer m'avait annoncé qu'ils n'avaient pas trop de liens, elle ne sache même pas exactement où il habitait. Quand on y réfléchissait, cela avait été un peu la même chose avec moi durant de longues années avec Evan. Pas de lettre, pas de coup de téléphone, et j'avais débarqué chez lui sans même crier gare. En fait, j'étais plutôt surprise qu'il m'ait accepté de cette manière, et lui en était maintenant bien reconnaissante. Ma vie semblait un peu plus heureuse chaque jour, et cela principalement à cause d'une personne. Qui ne répondrait surement jamais à mes attentes. Et après ? Je m'en contentais pour le moment il ne fallait pas trop penser au futur. « Il est plutôt dans le genre solitaire et discret, donc à part ça, je ne sais pas grand chose de lui » J'esquissais un petit sourire, ce serait bien une personne avec qui je m'entendrais. Enfin, je l'imaginais, car je n'avais pas réellement créé de lien avec toutes les personnes solitaires et discrètes du collège, même si ces deux critères semblaient être pour moi essentiels dans la compatibilité de plusieurs personnes. Je ne saisissais pas vraiment si elle me précisait ce caractère là pour me dire qu'il ne voudrait surement pas me parler, ou alors juste à titre d'information. J'aurais surement beaucoup de mal à aller le voir, mais s'il était vraiment désagréable et rejetait tout le monde, Summer me l'aurait dit. Enfin j'imaginais. Nous n'étions pas ce que l'on pouvait appeler de bonnes amies. « Oh. Super. » C'est vrai que je n'avais pas grand chose à dire, mais bon. Mes phrases se raccourcissaient au fil du temps, et j'avais peur que la soirée se finisse dans un silence des plus complets. Je poussais un petit soupir et attrapait moi même un bonbon que j'étirais avec mes dents à l'infini avant de le croquer. Je n'étais pas particulièrement fan de tous ces trucs sucrés et chimiques à souhait, mais après tout, je n'avais fait que suivre les instructions des films gnangnan pour adolescentes désespérées. Ça me semblait plutôt ressemblant. Il ne manquait plus que le kit complet d'esthéticienne. J'avais choisi d'éviter cette partie, car je n'avais pas exactement envie d'apposer du vernis à ongles sur les doigts de pieds de Summer, et j'étais pratiquement sure que cette idée à l'inverse ne lui était pas vraiment agréable non plus.

J'avais l'impression de faire de plus en plus de gaffes au fur et a mesure que ma bouche s'ouvrait pour parler, même si je faisais beaucoup d'efforts pour paraître normale. Zut ! C'était beaucoup plus difficile qu'il n'y paraissait, et j'étais presque impressionnée par rapport aux capacités orales de la majorité de mon lycée. Peut-être qu'à force d'entrainement, cela paraitrait simple. En tout cas, je pouvais déjà rayer une perspective d'avenir pour moi, celle d'inspecteur de police. Faire les interrogatoires ? Je suis sure que je serai celle qui se retrouverait interrogée à la fin de l'entretien ! Non, définitivement, non. Même s'il m'était dur de regarder Summer dans les yeux, cela m'était presque vital pour déterminer les réactions qu'elle pouvait avoir (et puis les éventuelles ressemblances avec Aidan.). Lorsque j'essayais de la rassurer (d'une certaine sorte ?), elle sembla s'énerver, ce qui me fit reculer légèrement. Après tout, il fallait quand même être prudente, même si je ne pensais pas que Summer était comme tous les autres de ce fameux étage. Sur le coup, je détournais complètement mon regard, surement apeuré, pour mettre toute mon attention sur une petite table plus loin dans la salle. Ma respiration s'accélérait, évidement, mais je faisais tout pour la contrôler du mieux que je pouvais. Après tout, je n'étais qu'une froussarde, et après ? Sur la table que je fixais, bientôt Summer y prit deux verres de soda, avant de se re-éloigner de mon champ de vision. J'osais un petit regard dans sa direction lorsqu'elle me tendit un verre rempli -ce dont je me serais bien passé étant donné que premièrement je n'aimais pas le soda et deuxièmement je n'avais pas du tout, pas du tout soif- en osant un petit sourire en signe de remerciement. « J'ai pour principe de me méfier de tout le monde.. » Je prenais une petite gorgée, pour paraître plus détendue, et haussait un sourcil. Cela me décevrait plus que beaucoup de ne pas avoir une nouvelle information, et sa première phrase semblait plus détourner mes hypothèses que les confirmer. De toute façon, est-ce qu'avec ces deux là, Aidan et Summer, j'arriverais jamais à avoir une réponse qui ne serait pas contredite dans les cinq minutes ? Ils me torturaient le cerveau. « Alors je peux te dire que les habitants du premier étage ne sont pas dangereux, vu qu'ils sont tous en cours avec nous, et que je les ai .. observé » Ils ne sont pas dangereux, mais dans le sens dont je prenais la phrase, ils devaient être .. quelque chose, quand même. De différent. Je rapprochais imperceptiblement ma tête pour me préparer à mieux écouter « Pour les autres étages, je n'en sais rien, alors je préfère garder mes distances le temps de vérifier. Et tu devrais faire pareil. » Note : Ils sont différents de ceux du quatrième étage, mais pas nets quand même. Il faudra absolument que je me renseigne. « OK. Oui. D'accord .. Je ne ferais rien » Je mentais effrontément, et elle devait le voir, mais bon. Après tout, je faisais ça depuis le début, non ?

Il fallait que je pousse un soupir, et que je me tasse dans mon siège. Qu'est-ce que j'allais pouvoir dire, qui n'était pas en rapport avec ce quatrième étage ? A part le fait que nous fréquentions toutes deux le même lycée, il n'y avait pas grand chose qui nous rapprochaient. Même si rien du tout. J'avais l'impression qu'un grand mur de pierre nous séparait, ou encore un grand escalier. Bien sur, Summer serait tout en haut, et moi, à l'opposé, tout en bas. Alors que je me mordais la lèvre en cherchant que dire, Summer prit la parole. En fait, je m'attendais au pire .. Ce qui n'était pas bien différent de ce qu'elle avait dit. « Mais dis donc, on dirais qu'Aidan t'as bien briffer, et qu'il tiens à ce que tu sois prudente .. C'est mignon, tu ne trouves pas ..? » Je tournais rapidement mon regard vers elle, en écarquillant à moitié les yeux, et me relevait sur mon siège. Sans oublier le fait que je recrachais sur le canapé que je n'avais pas du tout payé le soda qui était dans ma bouche, en m'étranglant à moitié. Evan me truciderait. Je prenais rapidement une serviette pour éponger, et prendre le temps de penser. Non, ce n'était pas quelque chose de .. mignon. C'était juste .. Je ne savais pas. Et puis, ce n'était pas comme s'il m'avait dit tout ça d'un ton sympathique, il m'avait vraiment fait peur. C'est normal pour quelqu'un de s'inquiéter qu'une autre puisse se faire tuer, non ? Je devais afficher une tête tellement étrange. Je sursautais soudain, surement pour reprendre mes esprits, et essayait de prendre une face aussi « je m'en foutiste » que possible. « Non ! Enfin .. J'en sais rien. C'est normal, je suppose. Je m'en fiche un peu .. » Je baladai un court instant mon regard dans la pièce, et croisait mes deux bras. Après tout, c'est vrai qu'à part le cahier que je tenais depuis que j'étais arrivé à La Crosse, je n'avais parlé à personne à proprement dire d'Aidan. Summer n'était pas mon amie ou quoi, mais d'un côté .. Elle le connaissait. Peut-être même qu'elle savait bien ce qu'il aimait, s'il aimait quelque chose, et ce qui l'intéressait. Ce qui me donnerait de la matière à engager des conversations, et peut-être à mieux le connaître. Affichant une figure tout de suite plus intéressée, je revenais à la réalité et me retournais vers elle. « Enfin .. Tu es comme .. Je ne sais pas .. Son amie ? » Je n'étais pas du tout du genre à être comme ça, en fait je me surprenais même à penser à ce que j'allais m'apprêter à dire. « Enfin je sais pas .. Je demande ça hm .. Comme si, par hasard, il aurait peut-être mentionné mon nom dans une phrase ? Surement en mal, je m'en doute .. Je l'ai plutôt énervé, mais .. Comme ça. » Je déglutissais, vive les hésitations qui parsemaient mes phrases. Cela en devenait incompréhensible. « Enfin si je demande ça surtout c'est pour .. Enfin, je ne sais pas trop, mais.. Peut-être un indice sur le pourcentage de temps durant lequel je pourrai ou ne pas le voir, tu vois ? » Ouais, parler de pourcentages, ce n'était surement pas une si bonne idée. « A moins qu'il voie quelqu'un ? » Dans ma tête, le cheminement était parfait, dans mes paroles, pas du tout. Qui dans le monde pourrait sortir une phrase pareille, totalement sortie du contexte, en apparence ? Moi, totalement. Une question qui me fit monter le rouge aux joues, puisque de toute façon, je ne me laisserais jamais supposer une quelconque histoire avec lui. L'imaginer était assez agréable quand même.

J'avais bien l'impression de paraître ridicule. Je ne pouvais pas m'en empêcher, ou alors mon subconscient m'y obligeait afin que .. Que .. Je ne savais pas trop. Surement pour égaliser les charges, me dire que si je ne faisais pas d'efforts ma parole n'en ferait pas aussi, que mon cerveau bloquerait sur les mots, buterait sur les phrases, sortirait des répliques complètement désordonnées et m'embêterait. Cela m'embêtait, parce que même si quelques uns semblaient m'excuser ma mauvaise habitude, certains avaient pris l'habitude de s'en servir pour se moquer de moi. Enfin, pas depuis que j'étais arrivée ici, peut-être que les gens se faisaient plus tolérants dans les petites villes, mais je me souvenais très bien de quelques têtes dures qui me martyrisaient sans même sentir une once de remord. Je ne leur en voulais pas, de toute façon il m'était extrêmement dur d'en vouloir à quelqu'un tellement j'étais peu rancunière -cela m'énervait d'ailleurs horriblement-, mais il était évident que m'en rappeler ne me faisait pas particulièrement plaisir. Il semblait que partout, il y avait ces personnes, qui s'obligeaient à pourrir la vie des autres. Si à New York, j'étais restée à part des rumeurs et que je pouvais marcher dans les couloirs en n'attendant que qu'on me tape dessus un petit peu ou qu'on se moque de moi, je me rendais compte que le fait d'entendre les gens véritablement parler à mon sujet était beaucoup plus énervant. Dès qu'une fille s'adressait à Aidan, je ne savais pas exactement ce qu'ils se disaient parce que je restais à distance mais je pouvais très bien imaginer que ce n'était pas pour aller jouer à la dinette, un bon nombre d'élèves dans le lycée en parlaient automatiquement dès le lendemain. Je me demandais vraiment comment il faisait pour supporter ça, les regards constants dans sa direction, les nombreuses filles qui venaient l'aborder, et j'en oubliais presque que je figurais au top de toutes ces obsédées. Mais j'étais une obsédée tranquille, ou en tout cas, c'était ce qui me semblait. Puisque je ne parlais pas à grand monde, je ne pouvais pas vraiment me vanter d'avoir pu lui adresser la parole, et même je trouvais le concept légèrement idiot. Parce que j'avais l'intention d'aller le revoir plusieurs fois maintenant par semaine, je devais évidement me préparer à ce que l'on parle sur moi, ce qui au passage était déjà arrivé. Après passé le délire de la nouvelle qui vient de la grande ville et qui doit être trop cool, mais en fait qui ne l'est pas et qui est super bizarre, venait le délire de qui c'est celle là et pourquoi elle parle à Aidan. Je ne savais pas si j'étais dotée de la force émotionnelle suffisante pour supporter des piaillements. Non, en fait, je savais très bien que je ne le pouvais pas, car il arrivait parfois qu'à la propre mention de mon nom dans mon dos, je fonde en larmes. Ce que je pouvais me détester, parfois, mais il fallait avouer que si j'étais comme je l'étais aujourd'hui, ce n'était pas la faute de Chuck Norris.

Je m'étais étouffé, et elle rigolait. Je ne prenais pas ça pour de la méchanceté, après tout son rire était beaucoup trop joli à l'oreille pour que je m'en offusque, mais j'étais affreusement gênée de ce que ma bouche avait rejeté, surtout après la phrase que Summer avait bien pu déclarer. Bon, il était vrai que je n'aimais pas parler de tout ce qui concernait Aidan, qu'il me gênait affreusement, mais je ne voulais absolument pas que la fille qui vivait au même étage de lui et qui de toute évidence lui parlait le sache. Parce que, qui pouvait m'assurer qu'elle n'irait pas lui raconter tout, et qu'il n'accepte plus de me voir ? Cela me rendait folle. En fait, même si je le connaissais depuis peu, c'était vrai que je ne savais pas comment définir comment je me sentirais s'il me considérait comme toutes les autres qui voulaient l'accrocher à leur bras pour faire joli, et si je savais qu'il me détestait. Je préférais ne pas y penser pour l'instant. « Une amie .. oui. On s'entraide si besoin, on se change les idées et on se lance des paris débiles .. Ça ne va pas beaucoup plus loin. » Elle semblait avoir hésité sur le fait qu'elle était son amie, et j'analysais ça immédiatement au quart de tour. Avec ce qu'elle m'avait dit à la suite, je ne pouvais pas imaginer que c'était une histoire d'amour qui s'était mal finie -bon d'accord ou en tout cas je me refusais de le croire-, et je me demandais si elle doutait vraiment du fait qu'il la considère comme une amie, ou alors parce qu'elle n'aimait pas sa condition d'amie, et voulait plus. Après tout, ils étaient tous les deux aussi magnifiques, ils devaient aller superbement ensemble. Cela me faisait déglutir difficilement, tandis que je m'acharnais toujours sur le canapé, en espérant qu'en séchant tout cela ne serait pas collant. Je n'avais pas vraiment envie d'annoncer à Evan que j'avais déjà provoqué une catastrophe sur un des meubles. Après avoir reposé une autre question -je devais être masochiste pour ne pas écarter le sujet right away-, je me disais que je n'aurais peut-être pas du. Pas le temps de réfléchir qu'elle me répondait, alors que je priais dans ma tête qu'elle ne se moque pas. « Tu as déjà été citée dans les conversations, oui.. En fait, je trouvais tellement inhabituelle qu'Aidan soit si prévenant avec toi, que je lui ai demandé. » Je soupirais un bon coup, en fait sa réponse m'avait rassurée et fait au chaud au coeur en même temps, quoi que je me posais immédiatement la question du quand où dans quel contexte comment et pourquoi. Je ne pouvais pas vraiment lui demander, de peur de passer vraiment pour une folle obsédée, mais ajoutait une phrase comme pour essayer de lui enlever les idées qu'elle devait se faire en tête. « Oh, il n'est pas particulièrement .. prévenant. Enfin, si. Enfin, peut-être. Mais je veux dire, c'est un peu normal, je crois que je pose .. beaucoup de questions. Et puis, il semble que j'ai la capacité de m'attirer des problèmes comme si j'étais un aimant, alors c'est surement pour le mieux. » Je m'impressionnais moi même d'avoir répliqué en n'hésitant pratiquement pas, et c'était peut-être parce que je croyais ce que je disais. « Mais ne t'inquiète pas. Si au début ton.. indifférence face à ses mises en gardes l'énervait, je ne pense pas qu'il réussisse à t'en vouloir bien longtemps. Je pense d'ailleurs qu'il à arrêté » Je me sentais tout de suite horriblement coupable, et à la fois triste. Je devais avouer que j'avais fait un peu fort, mais l'énerver ? Il avait haussé le ton plusieurs fois et avait eu l'air un peu tendu .. Non, en fait il me semblait que j'avais pris compte de cette vérité. Mais je ne pensais pas qu'il m'en voulait véritablement, parce que je ne le voyais pas vraiment en .. vouloir à quelqu'un. Je m'étais de toute évidence trompée, et effaçait l'air gêné de mon visage pour une expression neutre. Le fait que selon elle, il avait arrêté ne m'importait que peu, parce que j'avais la fâcheuse habitude de penser que les choses du passé avaient plus d'importance que celles du présent. Je ne pouvais pas m'en empêcher. « Oui .. c'est ça. » Je lui accordais un maigre sourire, mais qui devait surement passer pour plus vrai que ceux que je faisais depuis le début, qui étaient pour la majorité plus que forcés.

Je m'étonnais de plus en plus qu'elle n'avait pas encore éclaté de rire -si l'on excluait l'accident du soda- surtout avec la phrase on ne peut plus débile que je venais de sortir. Il était évident qu'elle ne devait plus douter quand à mon obsession pour son voisin de palier, et même si c'était très mal pour moi, c'était vrai qu'il était un peu soulageant de pouvoir en parler avec Summer, sachant qu'elle n'était pas le genre de filles à raconter tout partout. Ma seule crainte était qu'elle en discute avec Aidan, mais si je lui demandais, je doutais qu'elle brise sa parole. Fallait-il encore que j'ai le courage de prononcer une telle phrase, qui devrait définitivement arrêter son avis sur ce que je pouvais bien penser de son .. ami, oui, comme elle disait, et je n'étais pas vraiment encore prête. Pas à l'instant, en tout cas. Il paraissait que l'alcool était plus que bien pour délier sa langue, mais je ne pouvais pas assurer de la vérité de cette phrase -il fallait que j'aille me renseigner auprès d'Evan-, et je ne pouvais pas savoir si je n'allais pas débiter un autre nombre de débilités autres que le fait que j'étais plus qu'intéressée par la personne mystérieuse qu'était Aidan. En plus, elle devait vraiment s'ennuyer. J'avais prévu dès le début que cela allait être un interrogatoire, mais je n'avais pas vraiment prévu que le sujet allait dériver sur .. ça. Et pour tout dire, je n'avais plus vraiment le cœur à lui demander d'autres questions qu'elle éluderait avec une facilité déconcertante pour me laisser pantelante. Elle ne m'agaçait pas vraiment, mais il était sur qu'à part l'information, utile mais petite, qu'il pouvait très bien y avoir d'autres « associations » (j'allais me tenir à ce mot) dans les étages au dessus, et que les gens qui en faisaient partie pouvaient être dangereux, je n'avais pas appris grand chose. C'était loin de l'objectif que je m'étais promis, que j'avais d'ailleurs totalement oublié. « Je n'en sais rien. Tout dépend de toi, de lui, et de beaucoup d'autres choses dont je ne pense pas faire partie.. » Sa réponse me laissait pensive. En fait, elle ne m'aidait pas du tout, mais je pouvais au moins me réjouir du fait qu'elle ne me dise pas qu'il ne voulait absolument pas me voir et qu'il ne pouvait pas me réserver plus d'1% de son temps par semaine. Par mesure de précaution, je rouvrais la bouche. « Hm .. D'accord. Mais il ne t'aurait pas dit quelque chose, du genre .. « j'en ai vraiment marre qu'elle vienne me voir et il vaudrait mieux qu'elle arrête avant que je m'énerve », ou plutôt du genre que ça ne le dérange pas. » En fait, je ne réfléchissais pas tellement lorsque j'ai sorti la phrase d'après, et je me maudissais automatiquement d'avoir été aussi stupide. Et elle semblait le penser aussi, étant donné qu'elle éclatait de rire. Vu que j'étais plus gênée qu'autre chose, je rougissais horriblement mais n'esquissait même pas un semblant de sourire, baissant la tête au plus vite pour ne pas avoir à croiser son regard. « Je préfères quand même quand tu arrêtes de mentir.. C'est un bon début » Je relevais la tête surprise, c'était mieux que ce à quoi je m'étais attendue, mais je n'en étais pas pour le moins mal à l'aise. Je m'étais doutée quand même qu'elle se serait doutée de quelque chose quand à mes attitudes étranges, et je savais que j'étais une bien mauvaise menteuse, mais j'aurais préféré qu'elle ne remarque pas que je disais la vérité quand on parlait de ça. Au pire, j'aurais pu prétendre plus tard que cela faisait partie de la mise en scène de la fille normale, mais le problème était que ce serait encore un mensonge.« Je ne mens pas ! Ou .. pas vraiment .. enfin, ce n'est pas vraiment mentir que de prétendre, non? Pas que je prétende quoi que ce soit, c'est juste que .. Oublies. » Je soupirais presque intérieurement de soulagement du fait qu'elle ait détourné elle même le sujet, avant qu'elle reprenne la parole. « Aidan voit beaucoup de monde, toi et moi comprise, mais il me semble qu'il ne voie personne pour l'instant. Du moins, dans le sens où tu l'entends. » C'était encore .. un peu moins .. pire que je le pensais, même si je ne m'attendais pas à sa réponse. La seule explication logique au fait qu'il repoussait littéralement toutes les filles -même incroyablement jolies- qui lui faisaient des avances que j'avais trouvé était qu'il était secrètement mariée à une allemande, une française, ou je ne savais pas quoi, ou encore fiancé à une des personnes du 4e étage. Après tout, qui se ressemble s'assemble. J'étais maintenant au fond du trou, et je ne me souvenais même plus comment la conversation avait pu dériver aussi rapidement sur un autre sujet que celui initial.

(bon alors à la fin j'avais tellement le cerveau en compote que je savais plus quoi dire XD alors tu peux commencer à répondre et si j'ai une idée, je rajouterai des paroles à la fin ..)