RETENUE — The kid's aren't alright ..

Seule dans les couloirs de l'école, je poussais un grognement de rage. Je venais d'écoper de trois heures de colle. Une retenue. Non mais vraiment. Et tout ça à cause de Monsieur mon professeur de littérature, de sa stagiaire trop pleine d'hormones, et de leurs déboires amoureux. Bon, je l'avouais, j'avais ma part de responsabilité. Mais pourquoi est-ce que cette Emery venait me chercher des ennuis alors que mes notes étaient exemplaires ?! D'accord, j'avais manqué quelques cours. Peut être un peu trop. Mais ce n'était pas une raison. Et puis cette manière de m'interpeller, le lendemain de mon dernier cours séché .. Bien entendu, que j'avais fait le travail à rendre. Comment je savais qu'il y en avais un ? Par les autres élèves, bien sûr. « J'ai des amis, moi, madame » Il semblerait que Mademoiselle Carlisle n'ai pas apprécié que j'appuie autant sur le moi. Merde. C'était ma faute si la seule personne qui l'approchait pour autre chose que son physique était le prof' ? De plus, ça ne semblait pas lui déplaire, alors .. Enfin. De toutes façons, je me retrouvais quand même avec trois heure d'étude, et un travail plus qu'imposant à rendre. Je n'avais pas à me plaindre. Ce n'était pas grand chose, et tout dépendait du point de vue. Du point de vue d'un immortel, j'avais de la chance. En bonne insomniaque, je venais de passer ma nuit à terminer un travail qu'un élève normal aurai mis une semaine à rendre. C'était le délai, en fait. Une semaine. Et non, le travail était dans ma main, prêt à être rendu, parfait ou presque, et tellement farfelu sur son sujet impossible à avoir été copié. Oh le moment à venir allait être jouissif. Voir l'impuissance de mes professeurs face à mes capacités serait marrant.

Entrant silencieusement dans une classe, je jetais négligemment mon travail sur le bureau, avant de soupirer. Bon. Cette pièce allait être ma geôle pendant trois heures, et je me demandais avec qui j'allais la partager. Avec Carlisle, ou Carlson ? Aucune idée, et cela ne m'inquiétait pas. Après tout, je m'en foutais. Me glissant vers le fond de la pièce, je pris mon i-pod, et m'installais dans le coin, sur ce qui était devenu ma place habituelle. Ben oui. Mon intérêt pour ce cours ne s'était pas désagrégé, mais je n'avais plus envie de m'investir. C'est pour ça que je faisais maintenant partie du fond de la classe, composée des chahuteurs et des élèves les plus moqueurs. Mes résultats n'avaient pas bougés, et j'avais même aidé quelques autres élèves. Alors que demandait le peuple ? Bon, dans le cas de Carlisle, un tantinet de respect en plus, j'imaginais.. Mais savoir que j'avais couché - en partie - avec son amant respectif ne m'aidait pas. Au contraire. J'avais envie d'éclater de rire à chaque fois que je les voyait, eux et leur petit secret éventé. Si seulement les autres étaient au courant qu'il y en avait un autre, plus croustillant.. Mais cela n'arriverait pas. Je n'étais pas une lâcheuse. Par contre, je ne savais toujours pas si Carlisle était méfiante envers moi parce que ma tête ne lui revenait pas, parce qu'elle avait peur que je ne lui fasse de l'ombre, ou parce qu'elle savait pour Carlson et moi. Bon, dans un cas comme dans l'autre, cela ne changeait rien. J'étais dans cette classe, mon i-pod aux oreilles, le volume au minimum, et quelqu'un venait d'entrer.

Moi, Enea Phœnix Bennett, allait pour la première fois de ma vie en retenue. Cela me semblait tout simplement impossible. Invraisemblable. Comment moi, une élève modèle -en quelque sorte- allait pouvoir me retrouver pendant plusieurs heures entourées -je l'imaginais- de crapules de toutes sortes ? Et s'ils essayaient de me vendre de la drogue ? De me mettre un couteau au cou ? De me violer ? Ou je ne savais quelle autre horreur encore ? Non, l'idée d'aller en retenue était définitivement quelque chose à me donner un horrible mal de ventre. Encore, si l'objet de pratiquement toutes mes pensées était dans cette salle, il n'y aurait pas eu de problème. J'aurais pu passer mes heures, mes longues, longues heures, à admirer peut-être son dos, et l'arrière de ses cheveux. Mais il y avait moins de raisons qu'il se retrouve en colle que moi, alors il m'était impossible de me remonter le moral avec cette petite probabilité. En y réfléchissant, si mon frère surveillait la retenue -ce qui était tout à fait possible-, il e protégerait surement de tous les voyous qui s'en prendraient à moi. Et puis, je passerais surement pour la chouchoute du prof, qui avait des privilèges dus à sa relation parentale avec lui. Je détestais le lycée. Et pourtant, j'avais toujours été une excellente élève. Qu'avais-je fait pour mériter une telle punition ? Un accident. Un accident, comme il m'en arrivait une centaine dans la semaine. Parce que ma petite tête n'était pas assez performante pour me faire effectuer les tâches les plus simples du monde, et que je me retrouvais toujours empêtrée dans un tas de problèmes. Un devoir à finir tard la nuit, une quasi nuit blanche, je me couchais donc très tard -ou très tôt, selon le point de référence-, je n'ai pas entendu mon réveil sonner. Je me suis cassé la figure beaucoup de fois sur le chemin du lycée, laissé tomber mon sac à dos et moi même dans une flaque d'eau, ruinant à peu près tout ce qui se trouvait à l'intérieur. Car un retard -il me semblait- n'était pas assez pour me faire coller, il fallait en plus que mon devoir soit complètement trempé et illisible. Et puisque je faisais partie de ces gens qui rédigeaient leurs devoirs à la main, je m'étais rendue, couverte de bleus un peu partout sur mon corps, trempée et sale en cours, en déclarant que je n'avais rien à rendre. Même pas le temps de donner des explications, que je me retrouvais déjà avec plusieurs heures de colle. C'était injuste. Totalement injuste.

Je doutais retrouver une de mes connaissances dans cette lugubre salle de classe dans laquelle j'allais passer mes prochains instants, et me préparait psychologiquement à m'ennuyer. Car travailler dans une classe remplie de décérébrés qui ne feraient que chahuter .. Très peu pour moi. J'irais surement plus vite si j'étais chez moi. Et si Evan me donnait la permission de sortir ? Il fallait encore que je le trouve dans les couloirs, et il ne fallait pas que je prenne le risque d'arriver en retard à la colle. Vêtue d'un t-shirt surmonté par une veste, et d'un jean , simple et efficace (mais surtout pas joli), j'arrivais dans la salle de classe avec une expression de femme qui allait passer à la guillotine. Mon sac pendait sur l'une de mes épaules, et je poussai la porte avec peu d'enthousiasme. Mon regard se baladait vers le sol, je craignais de croiser le regard d'une de ces brutes et qu'elle m'aborde pour un tel affront, et j'essayais, en me cognant au moins trois fois, de rejoindre une place au premier rang, et directement face au bureau du surveillant. Surveillant qui, d'après les pieds qui ne dépassaient pas d'en dessous la table, n'était pas encore arrivé. Je posais mes affaires et, remarquant qu'il ne semblait y avoir aucuns bruits aux alentours, relevait la tête pour inspecter un peu la classe. Elle semblait pratiquement vide. A part une silhouette aux cheveux blonds, qui se trouvait au fond de la classe. Je n'étais que retournée à moitié, et fixait quelques secondes la personne avant de la reconnaître. Summer. Summer, que j'avais invité à une prétendue soirée pyjama catastrophique qui m'avait mise plus mal à l'aise qu'autre chose. Mais puisque ignorer les gens n'était pas exactement poli, je faisais un signe dans sa direction en feignant un petit sourire. « Salut Summer. » Je me retournais presque immédiatement. Je ne la connaissais pas tellement, et ne savait pas vraiment si sa place était en retenue. Peut-être que les heures n'allaient pas être aussi longues et ennuyantes que ça, après tout.

Cette retenue n'était pas ma première expérience. Bien sûr, je me doutais que cela n'étonnerais personne, mais je devais avouer que vu mon caractère, il me semblait normal de me retrouver ici. Après tout, n'avais-je pas du sang de félin ? Si. Et par définition, un félin est un animal plutôt indépendant, solitaire, mais aussi farceur, joueur et dynamique par moment. Déjà à l'Area, je posais problème. Hmm. Ces périodes de ma vie me faisaient toujours sourire. J'étais vraiment grave. Toujours là pour critiquer, pour me moquer ou participer au mauvais coup, je m'étais toujours demandé comment les gens pouvaient me supporter. Enfin, pour les rares qui y arrivaient, bien sûr ... (a) Néanmoins, je reconnaissais aussi que nous étions quelques réguliers à nous retrouver de temps en temps en retenue. Là, chose incroyable, aucunes de mes connaissances de bagne n'étaient là. Puis je me souvins de leurs explications. Le "chef" de notre bande avait dû se calmer, sous peine d'être expulsé du lycée. Son co-leader, Liam, n'était pas présent très souvent. Le dernier mec, lui était malade. Tandis que l'unique et dernière fille de la bande était à un rendez-vous, et avait donc préféré se tenir à carreaux. Bref, pour la première fois, je serai seule. Tant pis. Avec ou sans eux, je survivrais. Même si j'aurai adoré que Liam soit là. Ah bon dieu. Il ne fallait pas que je m'attache. A personne. Bordel, c'était chiant. L'immortalité me plaisait, mais j'aurai voulu la partager avec certaines personnes. Ou bien être plus proches des autres immortels. Dans un cas comme dans l'autre, c'était pareil. Je restais résolument seule.

Portant mon attention sur la personne qui entrait, je fut surprise de reconnaître Enea. Bon dieu, que faisait-elle là ? C'était la première fois qu'elle venait en retenue, j'en étais quasi certaine. En même temps, son air de jeune biche effrayée était suffisant pour le deviner. Elle devait sûrement s'imaginer mille et uns scénarii au cours desquels elle se faisait agresser. Sans que je m'en vexe, j'aperçus le temps de réaction qu'elle mis avant de me reconnaître. Peut importait. Elle m'avait utilisée pour obtenir des informations sur Aidan, et je ne lui en avait donné que très peu. Elle devait ronger son frein en attendant une meilleure occasion de questionner quelqu'un. Boh, attendre un peu ne pouvais pas lui faire de mal. Surtout que je savais qu'elle s'intéressait bien trop à notre aîné de vampire que pour rester longtemps en vie. Oh, je ne doutais pas de Aidan, bien sûr. Mais je savais que Enea avait une odeur plus que attirante, et peu de vampires à La Crosse seraient capables de lui résister longtemps. Moi-même, je m'étonnais de ma force. Peut être n'étais-je pas le monstre que je pensais être. « Salut Summer. » Bizarrement, sa voix me parut plus chétive que d'habitude, comme pour me rappeler qu'elle était fragile. Qu'elle n'était pas comme moi. Que j'étais unique, et incroyablement dangereuse pour les autres. Merde. Allait-on rester seules ? — SALUT ENEA. » Bon, en même temps, difficile de faire plus cours. tant pis. Croyant pouvoir profiter du calme relatif de la pièce, je dû me rendre à l'évidence. Nous ne resterions pas seules. Une jeune femme venait d'entrer, motivée et .. hybride. Sans bouger, je parvins à le voir. Elle devait se transformer en un animal plutôt canin. Du moins, elle sentait le chien, donc c'était sûrement ça. A sa suite se trouvait une autre hybride.. Celle-là me disais quelque chose. Hmm.. Apple Price. Apple Jaysin Price, même. Penchant légèrement la tête, je répondis à son sourire par un autre, plutôt léger mais amusé. Ces filles ne venaient jamais en retenue. Des novices. Alors pourquoi étaient-elles là, et pourquoi étais-je la seule des habituelles ? Parce qu'appart la bande, il y avait souvent d'autres gens. Enfin. Je n'avais pas envie de réfléchir trop à cela, aussi me contentais-je de changer la musique de mon i-pod, dont la mélodie en cours, même baissée au minimum, m'exaspérait...

( J'ai fait cours afin de finir le plus vite possible. ^^ )

Mon ventre se crispait à l'idée d'avoir la blondinette assise derrière moi -même à un nombre de rangs plus que respectable-. Je n'avais pas particulièrement peur qu'elle se jette sur moi, qu'elle me mette un couteau à la gorge et qu'elle me tue, mais le fait d'avoir un regard -même non dirigé vers moi- dans mon dos était une perspective effrayante. Dit par la fille qui s'était placée exprès au premier rang. Mais au moins, de là, il n'y avait que le futur surveillant, s'il arrivait un jour, qui pourrait apercevoir mon visage. De toute façon, Summer n'oserait jamais m'égorger en pleine salle de classe, hein ? Quel scénario amusant. Je prenais mon sac à dos dans mes deux mains, et cherchait à l'intérieur quelque chose à faire. J'avais quelques livres, que j'avais malheureusement fini trop vite et que je n'avais pas particulièrement envie de relire, une trousse de secours, mon lecteur mp3, mes cours. L'idée même d'écouter de la musique en classe -cela devait surement être interdit- m'effrayait, et rien de ce qui pouvait se trouver à ma disposition ne m'attirait non plus. N'y avait-il vraiment rien à faire ici ? Il ne me restait plus qu'à penser. Peut-être imaginer un monde surnaturel où je serais une superbe et magnifique créature à peau pâle et où Aidan tombait immédiatement et irrémédiablement fou amoureux de moi, et où nous vivions une petite idylle jusqu'à la fin de nos jours. Le scénario me semblait très bien, et assez pour occuper quelques heures. Alors que j'essayais de m'imaginer étant belle -ma concentration devait être à son niveau maximum-, des pas me firent relever la tête. Une jeune fille entrait, et mes sourcils se froncèrent. En fait, j'espérais silencieusement qu'elle s'assoie à côté de moi, histoire peut-être de refaire le manège Summer une autre fois avec cette .. fille. Dont je ne savais pas le nom. Mais malheureusement, elle choisit de s'asseoir à côté d'une fenêtre, et donc deux ou trois rangs derrière moi. Je me retournais quand même, pour paraître polie -ou peut-être pour qu'elle se décide à me parler- et ouvrait la bouche. « Salut. » Je baissais les yeux au sol et me mordait la lèvre. Je détestais faire les présentations. « Moi c'est Enea. » Je fronçais les sourcils, et, gênée, passais une main dans mes cheveux. « On s'est déjà croisées. Tu étais avec Aidan. » Je restais à la fixer quelques instants, m'essayant même à sourire -ce qui fut loin d'être concluant- et me retournais rapidement. Je courbai mon dos, et mettais ma tête entre mes mains, en proie à une angoisse totale.

A me concentrer uniquement sur la personne pleine d'énergie qui était entrée après moi, j'en avais totalement oublié celle qui l'avait suivie. Elle m'avait sourit, et j'étais sure d'avoir eu l'air de l'ignorer. Je ne voulais pas spécialement paraître malpolie en saluant l'une et pas l'autre, et je me retournais pour rapidement me reprendre. Je la trouvais étonnement jolie. A cette pensée, mes joues rosirent, et j'essayais de me reprendre avant qu'elle remarque le brusque changement de couleur. Une fois que mes joues furent un peu moins chaudes, je m'essayais à commencer la conversation. « Salut. Pardon. Je n'ai .. Enfin, je suis .. Bref. Enea. Tu as entendu, non ? Voilà. » Je lui adressais un petit sourire gêné, comme à chaque fois que je m'exprimais de manière incompréhensible. Mon regard dériva sur la bouteille de coca qu'elle tenait à la main, ce qui eut don de me rappeler à quel point ma gorge était desséchée. Remarque, ce n'était pas le soda qui allait arranger ça, et je détestais de toute façon toutes les boissons à bulles. Le jus de fruit m'était exquis, ainsi que le thé, et les tisanes de toutes sortes -sans oublier l'eau que j'adorais-, mais ces boissons un tantinet trop chimiques ne m'attiraient pas du tout. Parce que tout m'était comme une occasion d'ouvrir la bouche pour débiter des stupidités, je commençais. « Oh, tu aimes le coca ? C'est bien. La bouteille en verre, je veux dire. Pour le recyclage, et tout ça .. » Je haussais le sourcil, et embrayait tout de suite sur une autre phrase pour qu'elle oublie bien vite celle-ci. « Sinon, heum, vous êtes déjà allées en retenue, non ? Enfin, bien sûr pas que je veuille dire .. Enfin .. Que vous êtes des mauvaises élèves, ou des trouble fêtes, ou je ne sais quoi encore c'est juste que .. Bref. Recommençons. Je suis Enea. Ça va ? Le surveillant est supposé arriver quand ? Il y a un surveillant ? On peut faire ce que l'on veut ? » Je me rappelais de mes non-inutiles suppositions sur le fonctionnement du comportement humain, et cherchais rapidement dans mon sac quelque nourriture que j'emportais toujours avec moi le matin même. Ce n'était pas spécialement pour le manger, mais plutôt pour l'offrir. Le contact passe bien mieux avec la nourriture. Comme en petites sections. « Un gâteau ? » Je leur tendais à toutes deux un panel de différents paquets de différentes marques. Avec moi, c'était un peu tout ou rien.

Apple remarqua que la magnifique immortelle qu'était Summer venait de lui adresser un sourire. C'était stupide, mais Apple avait toujours cru que les Immortels étaient froids et distants. Le seul Immortel avec qui elle était proche, c'était Aidan. Justement, Apple s'employait à le rendre moins froid, moins renfrogné. Et ça marchait diablement bien. Bref, à part donc ce cher Aidan, Apple côtoyait assez rarement les Immortels. Elle fut donc agréablement surprise que Summer lui rende son sourire, d'une façon amusée et légère.

La fille brune, humaine, qu'Apple avait identifiée comme ayant un prénom commençant par un E, se tourna vers l'hybride et se présenta. Apple avait vu juste, il s'agissait bien d'une certaine Enea. Qui avait l'air pas très sûre d'elle. Elle avait une attitude de constante prudence, comme si elle avait peur que quelqu'un lui saute dessus pour l'égorger. En pensant à cela, le regard bleu azur d'Apple dévia une fraction de seconde vers Summer, puis revint au visage - rougissant, allez savoir pourquoi - d'Enea. Certes, Summer D. Jackson représentait un danger potentiel, mais elle ne s'attaquerait jamais à une élève du lycée, du moins, pas dans le lycée lui-même. Bref, Apple était amusée par les bégaiements d'Enea. Cette fille avait besoin d'être rassurée, c'est pourquoi Apple adopta l'attitude de la fille adorable qu'elle était, et écouta Enea, même si ce qu'elle disait était parfois assez dur à suivre. Ensuite, Apple se présenta à son tour:

Salut, Enea, enchantée de faire ta connaissance. Moi, c'est Apple.

Enea embraya ensuite sur le sujet du coca, puis passa du coq à l'âne pour parler finalement du prof qui était absent. Visiblement, la miss venait pour la toute première fois en retenue. Apple était déjà venue, mais cela restait assez rare. Apple remarqua à son tour que le professeur n'était toujours pas arrivé. Tout en se demandant s'il viendrait un jour, elle répondit à Enea, en mettant le plus de chaleur possible dans sa voix, et en assortissant ses paroles d'un immense sourire qui lui était habituel, afin de la mettre en confiance:

Oh, non, ce n'est pas ma première retenue, mais je ne suis pas une habituée non plus. Le prof ? Je ne sais pas s'il compte venir, s'il ne vient pas, c'est tout aussi bien, non ? On pourra papoter autant qu'il nous plaira. Apple hésita ensuite. Visiblement, Enea n'était pas une grande bavarde, du moins, pas lorsqu'elle connaissait à peine quelqu'un. Ou bien faire autre chose.

Apple ouvrit tous grands ses yeux bleus lorsqu'Enea, tout en proposant à manger, sortit de son sac une armada de gâteaux en tous genres qu'elle étala devant les yeux affamés d'Apple. Celle-ci, à midi, était sortie se "promener" dans la forêt (comprendre: se transformer) car elle sentait, même si elle arrivait à se maîtriser, que son envie d'adopter sa forme lupine grandissait de plus en plus. Ainsi, elle n'avait pas eu le temps de manger quoi que ce fût, et seul le coca qu'elle tenait toujours dans sa main remplissait son estomac.

Mon Dieu, tu es une sorte de père Noël, non ? Tu es sûre que je peux ?

Il faut comprendre que, pour Apple, quiconque promenait dans ses poches des choses qui se mangent et qui, si possibles, soient sucrées et chocolatées, était le père Noël. Car Apple faisait partie de cette catégorie agaçante de personnes capables de manger quoi que ce soit sans prendre un gramme. Apple regarda donc avec envie les diverses chose grasses et sucrées qu'Enea sortait de son sac comme s'il eût été sans fond.

Mais bien entendu qu'il n'avait pas fait exprès. Du moins, c'est ce que les autres enseignants, incrédules, pensaient en le voyant se diriger d'un pas résolu en direction de la salle de colle, avec au visage le classique air royal qui ne l'avait jamais quitté, cet air qui le caractérisait et que l'ainé des Immortels était bien loin de contrôler. C'est les mains dans les poches de son pantalon sombre, sa chemise noire en parfait contraste avec sa peau plus blanche que neige, qu'il se dirigea, l'air de se rendre au réfectoire, vers la porte de la salle où les élèves passaient en général les nombreuses heures de retenue que les professeurs leur infligeaient. Levant les yeux au ciel en songeant aux abrutis qui devaient s'y trouver, Aidan poussa la porte. Non pas que le beau jeune homme craigne qui que ce soit, si ce n'était cette fameuse jeune fille qui le tentait tant, aussi n'aurait-il nullement considérer avec appréhension que ces idiots se retrouvent dans la même pièce que lui. En fait, il s'inquiétait surtout de passer trois heures à entendre les idioties que ceux-ci proféraient mentalement, elles étaient parfois pires que celles qui traversaient la bouche de ces crâneurs sportifs se prenant pour le nombril du monde. Parfois, et même souvent, il maudissait son don, ce don qui lui faisait entendre les pensées des gens autour, de ces gens aux réflexions tellement banales qu'il en aurait parfois pleuré de rage, si seulement ses canaux lacrymogènes avaient pu fonctionner, mais ce n'était pas le cas. Tout en lui était dur comme le marbre, exceptionnellement froid également. Une expérience ratée, selon ses créateurs. Le premier des Immortels, le plus rapide, le plus fort d'entre eux... Et pourtant, malgré le fait qu'il ait été dès la naissance trop rapide, trop puissant, Aidan avait toujours été le plus apte à se contrôler. Heureusement, heureusement, puisque ses narines humèrent l'odeur délicate qu'il maudissait et révérait à la fois, cette douce effluve, épouvantable tentatrice, qui lui causait tant de douleurs, une odeur pour laquelle il se serait volontiers damné... Enea Phoenix Bennett.

Incroyable, comment il avait pu la sentir avant même de la voir, avant même que ses pensées désordonnées, qui étaient une véritable fascination à ses yeux, ne l'atteignent. C'est sans bruit qu'il entra dans la pièce, comme toujours, puisque malgré sa haute et musculeuse silhouette, Aidan était très silencieux. Son regard clair courut sur la classe et il fut soulagé de voir que les gens qui s'y tenaient étaient loin d'être les abrutis tant hais. La première qu'il aperçut fut Rafael, sa soeur par l'ADN, cette hybride qui était l'une des rares à parvenir à le faire sourire. Son regard croisa par la suite celui d'Apple, et un sourire chaleureux éclaira le visage irrésistible de l'Immortel. Apple Jaysin Price, la seule qui le faisait sourire à tout coup et qui s'astreignait à cette tâche avec une telle ardeur que le simple fait de savoir qu'elle espérait une réaction positive de sa part entrainait inévitablement un sourire de la part d'Aidan. S'y trouvait également une humaine inconnue de l'Immortel, qui ne lui porta aucune attention. Les yeux verts de l'Immortel se posèrent sur Enea, et il souhaita soudain être loin de là. Dans une pièce close, entouré de ce parfum si délicat et qui le tentait tellement qu'Aidan, s'il ne s'était pas imposé un controle de fer, aurait volontiers déclanché un carnage pour humer celui-ci plus longtemps. Il se dirigea rapidement vers la fenêtre et l'ouvrit à la grandeur, heureux de sentir l'air s'engouffrer dans la pièce. L'air était froid et Aidan ne put s'empêcher de remarquer avec joie qu'elle portait la veste qu'il lui avait laissée. Sourire discret aux lèvres, il passa près d'elle et lui accorda un minuscule sourire ainsi qu'un léger hochement de tête, ses doigts frôlant doucement son épaule afin de la saluer discrètement. Bien sûr qu'il aurait préféré s'asseoir près d'elle, mais il aurait reçu en plein nez sa délicieuse fragrance, ce qu'il voulait à tout prix éviter, aussi choisit-il la place en arrière, près de... Summer. Il n'aurait pu être plus heureux qu'elle se trouve à ses côtés. Pourquoi? Aidan n'avait pas chassé depuis longtemps, et la faim qui le tenaillait ne laissait rien présager de bon... Il avait eu du mal à réprimer un mouvement vers Enea dès que son odeur délicieuse avait atteint ses narines, alors d'être entouré de celle-ci pendant trois heures... Aidan déglutit difficilement. Décidément, les prochaines heures allaient être intéressantes. Et pénibles. Heureusement, Summer pourrait le retenir pour le contrôler si besoin était, du moins, il l'espérait de tout son coeur. Celle-ci lui accorda d'ailleurs un regard d'encouragement lorsque l'Immortel croisa son regard.

Il aurait voulu remettre sur ses oreilles son Ipod et faire jouer la plus assourdissante de ses chansons rock, mais il ne pouvait s'y résoudre. Il semblait y avoir tant de gens dans cette pièce, pour ce jeune homme qui détestait parler en public et qui, surtout, préférait les gens lorsqu'ils n'étaient pas là. Pourtant, il se lancerait. Enea, qui ne parlait elle-même que très peu, le faisait bien, non? Pourtant, comment la saluer? Bonjour, comment vas-tu? Classique et ennuyeux comme la pluie. Ah non, tiens, il se souvenait ... le livre qu'il tenait au creux de ses mains lui rappela pourquoi il aurait souhaité la voir.

« Enea.. je te cherchais, justement... une édition limittée. » Voilà, il avait survécu, il avait parlé en premier, quelle première de sa part... Le jeune homme lui tendit un livre finement ouvragé, qu'il avait trouvé à la librairie située à l'extrême-ouest de la ville. Les Misérables, de Victor Hugo, un auteur qu'il savait chéri de la demoiselle.

(désolée je me suis rendue compte au final que j'avais pas fait quelque chose de court >.< vous m'excuserez je ferai mieux la prochaine fois XD)

La jeune fille qui était assise à côté de Rafael me semblait adorable. En tout cas, elle avait une figure pour le moins angélique et semblait souriante, sans pour autant être hyperexcitée comme pouvait l'être sa voisine. Je laissais mes yeux se plonger dans les siens, d'un bleu aveuglant, avant de secouer la tête comme si je m'étais perdue dans mes pensées. Elle s'amusait de mon comportement maladroit, sans pour autant se moquer, et je me sentais étrangement soulagée qu'elle ne me prenne pas pour une folle directement échappée de l'asile. Elle se présenta, avec une appellation que je n'avais jamais entendu de ma vie. Apple. Un prénom tout à fait adorable, qui me fit sourire. Je trouvais que ce nom lui seyait en tous points, parce qu'elle me faisait vraiment penser à une pomme. Colorée, brillante, délicieuse, et rafraichissante. J'avais googlé mon prénom une fois ou deux, pas pour découvrir si j'étais connue bien évidement mais pour découvrir les origines de mon prénom ou ceux qui le portaient également, mais je n'étais tombée que sur des entreprises qui l'avaient pour sigle. Rien de bien passionnant. Je soliloquais quelques bonnes minutes avant qu'Apple se décide à me répondre, et j'accueillais sa réponse avec le plus beau sourire que je connaissais. Enfin, le seul sourire que je connaissais, qui n'était pas tip top, mais qui faisait l'affaire. Je pouvais vraiment dire que je n'aurais jamais imaginé une fille aussi parfaite en apparence coincée en retenue, et sa déclaration me surprit quelque peu. J'essayais d'afficher des expressions aussi proches de celles d'une fille normale que possible, exagérant les O formés par ma bouche ou haussant les sourcils à un maximum. Même si je n'étais pas exactement d'accord avec ce qu'elle disait, je hochais la tête d'un air encourageant. Car vraiment, s'il n'y avait aucun professeur pour nous surveiller, et donc que les élèves parlaient autant qu'ils le voulaient, je ne pourrais jamais avoir le silence et le calme qui m'était si chéri. Ses dernières paroles « ou bien faire autre chose » attisèrent ma curiosité, et je fronçais les sourcils sans en ajouter plus. Le moment où je sortais plein de choses impressionnantes de mon sac de Mary Poppins arrivé, je fus agréablement surprise de voir qu'Apple semblait ravie. J'avais vraiment raison, TOUT LE MONDE aimait lorsqu'on leur proposait à manger. Excluez les sujettes aux troubles du comportement alimentaire. Lorsqu'elle m'appela le père Noël, j'éclatais d'un rire quelque peu forcé, et hochais fermement de la tête. « Fais toi plaisir. Si personne ne les mange, cela va pourrir au fond de mon sac à dos, et ce n'est pas quelque chose qui me fait particulièrement envie .. »

Pendant que j'y étais, je sortais absolument tout ce qui se trouvait dans le sac et le posait sur la table d'Apple et de Rafael, afin qu'elles s'organisent un genre de grand festin. Occupées à manger, elles ne trouveraient pas la force de faire la conversation, non ? Cela m'arrangeait. Et si un surveillant pointait le nez un jour, cela les occuperait le temps qu'il arrive. Car je ne trouvais rien d'autre de débile à dire pour faire la conversation, je me retournais vers le devant dans la salle, posant ma tête entre mes mains, finissant par m'avachir sur la table. Cela n'était pas vraiment élégant, pire, c'était une position qui aurait pu être qualifiée d'inacceptable, mais je m'accordais le droit de somnoler quelque peu sur ma table. Cette petite pause me permit de m'endormir, puisqu'évidement, je n'avais presque pas dormi de la nuit. Pendant quelques minutes, je bavais tranquillement sur la table, et sursautait violemment lorsque la porte s'ouvrir une nouvelle fois pour faire apparaître une fille avec un look .. assez singulier. Bizarrement, j'avais la subite impression qu'elle devait être une habituée des retenues, avec ses cheveux blonds platine et son style extravagant. Ce n'était pas bien de poser de tels préjugés de cette manière, mais la parole qui suivit ne fit que confirmer la théorie. Un vieux ? Cela ne pouvait résolument pas être Evan. A moins que cette jeune fille ne veuille dire que « vieux » signifie « passé les 20 ans ». Comme personne ne lui répondait, je consentais à ouvrir la bouche pour être polie, même si je sentais que je n'allais pas bien m'entendre avec elle. « Il n'y a .. aucun surveillant pour le moment, en effet .. Bonjour. » Je me retournais bien vite, et me mordit la lèvre d'avoir oublié de me présenter. Le temps que je me retourne, la blondinette était complètement partie de mon champ de vision, et me laissait pantelante avec un filet de bave au coin de la lèvre. Je m'essuyais la bouche et posais contre le mur, histoire d'avoir un appui au cas où je décidais de dormir assise. Et une fois de plus, je repartais dans le pays des rêves, à moitié entre l'éveil et l'endormissement, voyant des images saugrenues défiler devant mes yeux avant qu'un autre son ne me tire des bras de Morphée. Je ne savais pas ce que c'était, surement un bavardage vers le fond de la salle, et je tournais la tête pour m'informer sur la nature du bruit. Alors que mon regard revenait vers le devant de la classe, il croisa une imposante silhouette qu'il avait tant de fois croisé, et même fixé. Je relevais quelque peu les yeux, histoire de m'assurer qu'il s'agissait bien de la personne à laquelle je pensais, puis ne m'emballais pas tout de suite. Premièrement, parce que mon cerveau fatigué avait un temps de réaction beaucoup plus long, et deuxièmement, parce qu'il était tout aussi possible qu'il soit une hallucination, ou pire, j'étais en train de rêver de ce que j'espérais qu'il se passe le plus. Mais après avoir cligné les yeux plusieurs fois, et touché ma main histoire de voir si j'étais réellement endormie, je du croire ce que je voyais.

Je m'essuyais bien vite la bouche, même si cette fois je n'avais pas de liquide inconvenant qui en coulait, il ne fallait pas que je risque de paraître complètement débile devant .. lui. Il ne fallait pas non plus que j'ai l'air d'une désespérée, et en général, une fille qui est en train de baver devant le premier garçon qui passe la porte de la retenue, cela fait plutôt idiot. Il ne me regardait pas tout de suite, occupé à détailler les autres qui se trouvaient dans la classe, et je passais une main dans mes cheveux histoire d'être à peu près présentable, en attendant, avec angoisse et impatience, que son regard croise le mien. Quand ceci fut fait, un grand sourire s'épanouit sur mon visage -sur ce coup là, ce n'était pas du tout forcé et plus facile que tout-, mais celui-ci s'effaça aussitôt lorsqu'Aidan sembla se précipiter vers la fenêtre. Je haussais un sourcil, et me sentais incroyablement honteuse, est-ce qu'il pouvait arrêter de se comporter comme si j'étais une puanteur ambulante à chaque fois qu'il m'apercevait ? Je n'allais pas me sentir devant tous ses gens, mais j'étais pourtant persuadée de ne sentir rien d'autre que .. mon gel douche à la vanille. Peut-être qu'il n'aimait pas la vanille ? Je ne portais même pas de parfum, donc on ne pouvait résolument pas dire que mon odeur emplissait toute la pièce. Je restais interloquée plusieurs instants, avant qu'il ne s'avance pour me saluer d'une façon aussi singulière qu'à son habitude, qui était cette fois de frôler mon épaule. Même ce minuscule contact m'emplissait de joie (qu'est-ce qui ne m'emplissait pas de joie lorsqu'il s'agissait de lui ?), je réprimais toutefois mon sourire pour ne pas paraître accro. Même si je pouvais résolument dire que je l'étais. Je baissais le regard tant qu'il restait près de moi, et dès qu'il fut à une distance raisonnable, je me retournais pour le voir marcher gracieusement vers le fond de la salle, pour finalement s'asseoir à côté de Summer, toute aussi pâle et belle que lui. Ils semblaient être les seuls en couleur dans une photo en noir et blanc, et je me mordais la lèvre devant un si magnifique spectacle. Parce que j'allais surement m'endormir dans une telle position si j'y restais plus longtemps, je me retournais pour encore une fois me perdre dans mes pensées, quand un timbre angélique me caressa l'oreille. Étant donné que son premier mot était mon nom, je ne pouvais me tromper sur la destination de sa parole et me retournais aussitôt, prête à l'admirer avec un léger sourire au visage. « je te cherchais, justement... ». Il fallait vraiment que je me retienne très fort pour ne pas sauter partout dans la salle en criant Hallelujah, et j'étais soulagée que personne ne puisse entendre mes pensées pour aussitôt se moquer de moi. Il me tendit un livre que je recevais timidement, avec une main tremblante, avant de ramener vers moi et de contempler. Une édition limitée. Je relevais le regard un peu surpris, ne sachant vraiment si cela était un présent ou un prêt. C'était tellement débile de demander, surtout avec la façon charmante dont il m'avait abordée .. J'inspirais profondément et posais le livre sur ma table, avant de me retourner encore vers lui.

Je battais les cils plusieurs fois avant de sursauter légèrement et de me rendre compte que je n'avais pipé mot depuis qu'il était rentré. « Oh, euh, merci .. » Je jetais mon regard vers le bas comme gênée et accrochais ma main gauche à mon épaule droite. Sur le coup, j'étais surprise. J'avais l'habitude de faire ça à chaque fois, et la sensation était bizarre avec cette veste. Ce n'était pas ces temps-ci que j'étais allée faire du shopping -non j'avais l'habitude qu'on fasse ça à ma place alors je ne m'étais pas déplacée dans les magasins depuis le début de la rentrée scolaire-, et il était donc peu probable que ce soit un vêtement neuf avec lequel je ne me serais pas encore familiarisée. Je baissais le regard, histoire de reluquer la veste. Elle semblait assez réglo et sobre, bien que trois fois trop grande pour moi. Comme je n'avais pas la capacité intellectuelle à ce moment présent nécessaire pour analyser très vite la situation, je relevais la tête vers Aidan et lui jetais un regard interrogateur. Il fallait un moment pour que les neurones fassent les connexions, et j'écarquillais les yeux, que je cachais presque subitement avec ma main, pour ensuite passer celle-ci dans mes cheveux. Si je ne la reconnaissais, c'était parce qu'elle n'était tout simplement pas à moi, et il fallait que je me fasse une raison. Parce que ma vie sociale était peu active, il n'y avait qu'une personne qui m'avait laissé un de ses vêtements, et c'était bien celui qui se trouvait juste devant mon visage. Surement que dans la panique de ce matin, j'ai attrapé la première chose qui se trouvait à ma portée dans le dressing pour l'enfiler, sans même prêter attention à son odeur ou à ce à quoi elle ressemblait. C'était bon, il devait vraiment croire que j'étais une de ses groupies attitrées et que je me prenais déjà pour sa petite amie. Ou un truc du genre. J'avais envie de me terrer dans un trou de souris, mais j'essayais d'afficher une expression assez normale, pour reprendre la parole. « Ah oui, tiens, quelle coïncidence .. Je suppose que je te cherchais aussi. Enfin je veux dire, oui, je te cherchais. Tiens. » Parce que je ne me souvenais pas exactement ce que j'avais enfilé en dessous, je me dévêtais de la veste en priant d'avoir pensé à enfiler un t-shirt et de ne pas avoir gardé mon haut de pyjama, et tendis le vêtement à Aidan tandis que je baissais le regard pour vérifier. Non, c'est bon, j'étais vêtue d'un débardeur blanc, plus que normal. Le seul problème était qu'avec l'ouverture de la fenêtre, le vent venait me chatouiller les bras et que la chair de poule les avait déjà recouverts, et que je ne pouvais me réchauffer qu'avec ma propre température corporelle, en collant mes mains contre mes épaules. « Je .. Je voulais te la rendre ! Mais bien sûr, il faisait froid, je me suis dit .. Enfin, je n'ai pas pensé .. » Pour changer bien vite de sujet, j'embrayais sur le premier qui me passait par l'esprit. « Et, en fait, qu'est-ce que tu viens faire en .. retenue ? »

« Oh, euh, merci .. » Heureux, Aidan lui laissa ses lèvres s'étirer d'un sourire plus éclatant qu'il ne l'avait escompté. Note à lui-même: arrêter de sourire aussi largement, il allait finir par effrayer Enea. Riant intérieurement à cette pensée, il pencha la tête sur le côté en tentant de voir si son cadeau lui avait plu ou pas. D'après sa réaction et ses pensées confuses comme toujours, il penchait vers un oui, heureusement. « Je suis heureux qu'il te plaise, je n'ai pas pu m'en empêcher. » C'est un regard contrit qu'il lui accorda, celui qu'un garnement présente à sa mère lorsqu'il a fait une gaffe qu'il ne pouvait s'empêcher de faire. Enea sembla soudainement remarquer par la suite que c'était bel et bien la veste qu'il lui avait donnée qu'elle portait. « Ah oui, tiens, quelle coïncidence .. Je suppose que je te cherchais aussi. Enfin je veux dire, oui, je te cherchais. Tiens. » Elle lui tendit le vêtement, qu'Aidan regarda simplement, confus. Ne lui avait-il pas donné cette veste? Alors pourquoi cherchait-elle à ce que l'Immortel la reprenne? Ne l'aimait-elle donc pas? Ah. Elle pensait que c'était un emprunt... Ainsi reprit-il la veste afin de l'étendre sur les épaules frissonantes de la jeune fille, sentant au passage son effluve délicieuse. Mu par son envie incroyable, il ne put s'empêcher de s'avancer légèrement vers elle, fermant à demi les yeux et humant son odeur aléchante. Ouvrant les yeux au son de sa voix, il sourit. « Ne me la rends pas, la prochaine fois.. Comme tu peux voir, j'ai ma propre veste... Tu feras un meilleur usage de celle-ci que moi. Garde-la, s'il te plait. » Sous ses yeux, cette adorable humaine si douce, si frêle, avec cette peau au grain de satin qui lui faisait si envie, de cette masse ondulée que formaient ses cheveux bruns et surtout, de cette fine silhouette moulée par ce simple débardeur blanc qui paraissait presque gris comparé au reste de sa peau... Aidan ne put empêcher son regard de s'attarder longuement sur ses fines courbes avant de se ressaisir. « Et puis.. dis-toi qu'il y a un avantage à te trouver en retenue avec moi: je pourrai te ramener chez toi et même t'expliquer ce devoir d'histoire que tu semblais si peu encline à débuter. »

« Et, au fait, qu'est-ce que tu viens faire en .. retenue ? » Aidan passa une main dans ses cheveux rebelles et constamment décoiffés, un léger sourire inégal aux lèvres, ce sourire qui faisait, à son plus grand agacement, soupirer ses "groupies", ces fille squi le suivaient partout, l'air béat, en admirant son physique et en soupirant. Quelle pitié. Elles le pourchaissaient en riant et en jacassant le peu de choses qu'elles savaient à propos de moi. Pour elles, il n'était qu'un prix à gagner, qu'une belle parure à accrocher à leur bras afin de mieux rendre leurs copines jalouses. Aidan aurait aimé, une seule fois, voir leur réaction s'il leur disait que depuis le tout début, il entendait tout ce qui leur passait par la tête, depuis ces premières minutes au cours desquelles, souriantes et gloussantes, elles se trémoussaient devant lui, battant des cils et tournicotant leurs mèches de cheveux... Aidan aurait bien voulu leur demander s'il y avait des toilettes, chez elles... Mais pas Enea. Aux yeux d'Enea, il était parfait, mieux que parfait, même. Il savait bien ce qu'elle pensait de lui, puisque ses moindres réflexions étaient entendues du bel Immortel. Souvent, il aurait souhaité la corriger, lui montrer que non, il n'était pas parfait, il avait même tellement de défauts.. Pourtant, cette admiration qu'il lisait en elle était un véritable baume sur les blessures continuelles créées par les piques que lui envoyaient ceux de sa race, ceux qui tuaient sans scrupule des humains à la tonne... « J'ai manqué de respect envers l'enseignant de philosophie » Il hésita. Ternir ou ne pas ternir son image d'élève parfait et modèle, qui ne dérangeait personne, qui répondait sans hésitation et parfaitement à toutes les questions d'enseignants, et contre qui on ne pouvait absolument rien retenir? Ternir, apparemment. « J'étais de mauvaise humeur, il m'agaçait avec sa logique trouvée dans une pochette-surprise... je me suis énervé contre lui, et me voilà en retenue pour la première fois de ma vie. » Il se retourna alors vers Summer, qui semblait écouter son Ipod, mais Aidan savait qu'elle suivait d'une oreille distraite sa conversation. « Summer, je crois que c'est toi qui avais parié que jamais je ne me retrouverais en retenue, non? » L'Immortel sourit à cette affirmation, sachant très bien que c'était effectivement elle qui l'avait parié. Son regard vert émeraude se reposa sur celui, chocolat, de la jeune fille dont les moindres pensées étaient dirigées vers lui. On pouvait aisément lire l'amusement dans son regard, une lueur joyeuse, et non pas pessimiste ou agressive, pour une fois. Aidan était de bonne humeur, il allait passer les trois prochaines heures en compagnie de cette petite humaine, et rien, pas même l'enivrante odeur de son sang, ne pourrait miner son moral.

Puis, Aidan marqua un temps d'arrêt, songeant à la question qu'elle lui avait posée et jaugea la jeune fille du regard, mesurant bien ses paroles, puisqu'Enea avait la fâcheuse tendance de mal interpréter ce qu'Aidan disait, pour le plus grand malheur de ce dernier. « Néanmoins, je te retourne la question... Tu es bien la dernière personne que je m'attendais à retrouver ici. » Bon, d'accord, ce n'était pas entièrement vrai. Aidan croisa le regard de Apple et ne put empêcher un sourire légèrement moqueur à l'encontre de l'hybride de s'étirer sur ses lèvres minces. Il reporta son attention sur Enea, à nouveau sérieux et attentif à ses moindres paroles. « Après tout... je ne te vois pas vraiment faisant quoi que ce soit de répréhensible », lui fit-il remarquer en souriant légèrement.

Il y a quelques temps, j'aurais pu très fortement douter de la capacité d'Aidan à sourire, mais je devais revenir automatiquement sur mes pensées ces derniers temps étant donné qu'il m'effrayait chaque jour un peu plus avec des sourires plus éclatants les uns que les autres. Je ne pouvais résolument dire que ces expressions ne me faisaient ni chaud ni froid, étant donné que je ressentais un pincement au cœur dès qu'il découvrait ses dents blanches. Je pouvais sans mentir assurer que j'aurais pu passer des heures à l'observer de cette façon si j'en avais l'occasion, et étais de plus en plus heureuse que ces accidents me soient arrivés ce matin pour que je me retrouve enfermée pendant trois heures avec la créature la plus magnifique qui soit. « Je suis heureux qu'il te plaise, je n'ai pas pu m'en empêcher. » Je lui adressais quelque sourire timide comme à mon habitude, et baladais mon regard dans la salle pour ne pas rougir instantanément. Parce que je devais surement être prédestinée dès la naissance à devenir une niaise sans aucun intérêt, j'étais dotée des étranges et embarrassantes capacités de rougir plus vite que mon ombre, et d'être plus maladroite que n'importe qui. Si seulement c'était mignon, comme ces filles dans les films qui attiraient l'attention des garçons de cette manière -pas que ce soit mon intention-, mais non, cela ne paraissait que .. débile. En plus de ça, j'avais l'étrange habileté de ne jamais comprendre les paroles et actions des autres, et c'est avec un regard interrogateur que j'accueillais sa remise de la veste sur mes épaules. Ce n'était pas pour me déplaire, bien sûr, puisque maintenant que je m'étais rendue compte de l'affreuse vérité je pouvais laisser mes narines se délecter des merveilleuses effluves qui s'en dégageaient encore, et puis cela me réchauffait au passage, mais je me sentais affreusement honteuse. En plus de ça, vu que je lui avais rendu de cette manière, tous ceux qui avaient pu me regarder à cet instant avaient du se douter de l'appartenance de la veste et je craignais plus que tout une remarque. Ce qu'il pouvait m'énerver et me fasciner celui là, et je me doutais bien que son comportement étrange faisait part de mon grand intérêt en sa personne. « Ne me la rends pas, la prochaine fois.. Comme tu peux voir, j'ai ma propre veste... Tu feras un meilleur usage de celle-ci que moi. Garde-la, s'il te plait. » Je me demandais s'il me disait « garde-la », comme un « garde-la » ou un « garde-la pour l'instant ». Puisqu'il me conseillait de ne plus réitérer mon geste, je pensais bien que la première hypothèse était la plus plausible, mais parce que mon cerveau refusait de le croire, je restais dans le doute le plus complet. « Merci, encore une fois, j'imagine .. » Je réajustais la veste sur mes épaules, pour finalement passer les bras dans les manches histoire que ça ne paraisse pas louche.

Je me sentais terriblement gênée avec mes phrases hésitantes et décousues tandis qu'il semblait toujours sortir des répliques que je n'aurais pu trouver moi même qu'avec un long temps de réflexion à l'avance. Même si je l'aurais cru beaucoup plus silencieux de moi, je ne pouvais pas m'empêcher de ne trouver absolument rien à dire face à lui et il avait donc l'honneur de déclarer les plus longues phrases, nettement plus intéressantes que celles qui pouvaient passer l'enceinte de mes lèvres. « Et puis.. dis-toi qu'il y a un avantage à te trouver en retenue avec moi: je pourrai te ramener chez toi et même t'expliquer ce devoir d'histoire que tu semblais si peu encline à débuter. » Mon regard devait surement paraître plus intéressé tout d'un coup, car même si je n'étais pas vraiment fan des balades en voiture ce serait toujours une occasion de passer du temps avec lui (= l'admirer, pouvoir écouter sa voix, si possible apprendre plus de choses sur lui ..). Puisque je me doutais -ou j'espérais ?- qu'il n'allait pas m'expliquer tout ça dans la voiture, cela ne pouvait qu'inclure différentes choses qui ne s'annonçaient pas forcément bien. Je savais bien qu'il n'allait pas m'amener dans sa chambre d'hôtel, avec toutes les recommandations ce n'était pas maintenant qu'il allait m'amener en mission suicide -ou un truc du genre-, ce qui induisait forcément qu'il pensait que nous allions travailler dans la mienne, et par conséquent, dans celle d'Evan. Bon alors si nous supposions qu'Evan était le surveillant de cette retenue et qu'il allait bientôt se pointer, je supposais qu'il se proposerait aussi à me raccompagner, et quitte à choisir, il était évident que ce n'était pas vers mon cher frère que la préférence allait se porter. Alors comment lui expliquer cela, sachant que je ne lui parlais pratiquement jamais et qu'en plus il semblait persuadé que j'avais des vues, ou quelque chose de ce genre, sur Aidan ? Sans parler du fait que s'il rentrait dans notre chambre, je ne savais pas si mon cher frère ne commencerait pas la conversation. Je mourrais de honte. Restait encore les hypothèses, un il fait je ne savais quoi et je ne voulais pas savoir avec Emery ce qui était plus que gênant, deux il ne serait pas à l'hôtel et nous nous retrouverions tous seuls, ce qui n'était pas une perspective qui me rendait folle de joie non plus. Parfois, j'aurais vraiment voulu me couper la tête et la poser à côté de moi, pour qu'elle arrête de me torturer à chaque occasion. « Super, oui, j'en serais ravie, vraiment. ». Bien évidement, ce ne serait pas vraiment du devoir d'histoire que j'aurais envie de parler -je pouvais très bien le rédiger moi même seule- mais si j'avais déjà du mal à savoir ce qu'il me disait, je pouvais encore moins deviner ce qu'il pouvait bien penser ou imaginer.

« J'ai manqué de respect envers l'enseignant de philosophie » Je haussais les sourcils, car je ne pensais pas qu'Aidan pouvait manquer de respect envers n'importe qui. Pas spécialement avec ceux qui lui étaient supérieurs hiérarchiquement, mais avec tous les élèves qui l'entouraient. Je ne savais pas s'il y en avait qui étaient suffisamment idiots pour lui faire des reproches, l'insulter ou quoi que ce soit, mais même s'il pouvait parfois se montrer un peu dur et j'en avais fait les frais, je ne le voyais pas s'emporter véritablement. Ou en tout cas, je ne souhaitais pas l'imaginer. C'est vrai que la vision d'un Aidan furax était beaucoup plus plaisante que celle qui me restait toujours à l'esprit, celui calme et serein -parfait-. « J'étais de mauvaise humeur, il m'agaçait avec sa logique trouvée dans une pochette-surprise... je me suis énervé contre lui, et me voilà en retenue pour la première fois de ma vie. » J'exprimais un petit rire discret et gardais un petit sourire aux lèvres. « Au moins cela nous fait un point en commun, c'est la première fois que je rentre dans cette salle. Tu dois t'en douter. » Comme il se retournait vers Summer, mon regard suivit également, et je la fixais tandis qu'Aidan déclara une phrase que j'écoutais d'une oreille discrète. « Summer, je crois que c'est toi qui avais parié que jamais je ne me retrouverais en retenue, non? » « Sur quoi avez vous parié au juste ? » Je ne savais pas exactement quel était le lien qui liait Aidan et Summer, je me doutais qu'ils devaient être amis mais tout était bien compliqué dans ma tête. Elle m'intriguait aussi, peut-être pas autant que son voisin mais quand même, à sa propre façon. De toutes les peaux pâles femmes que j'avais pu rencontrer depuis mon arrivée à La Crosse elle resterait ma favorite -celle avec qui j'avais le plus parlé aussi remarque-, et je devais avouer que la perspective de devenir son amie me faisait vraiment envie. Je me surprenais moi même, parce que depuis récemment, jamais je n'aurais pu penser avoir un souhait de ce genre. N'importe qui soit la personne, je n'avais jamais exprimé la volonté d'en savoir plus sur elle, et c'était pour ça que je m'étais retrouvée dans mon coin depuis 17 années. Ça avait fait le temps, mais je pensais que mon cerveau se débloquait par endroits, pour mon plus grand bonheur ou mon plus grand malheur. Je mourrais presque d'envie de leur proposer une sortie n'importe quand dans la prochaine semaine, parce qu'entourée de ses créatures parfaites je ne pourrais qu'être la plus heureuse du monde, mais ma proposition aurait paru tellement incongrue et étrange que je me retenais. Même si ma fascination n'était plus à prouver, je n'étais pas non plus obligée de les harceler, et pire, il ne fallait surtout pas que je le fasse, si je voulais au moins rester en contact avec eux.

« Néanmoins, je te retourne la question... Tu es bien la dernière personne que je m'attendais à retrouver ici. » Il se retournait, je suivais son regard, et aperçus la jeune Apple que je venais tout juste de rencontrer. Parce qu'il la connaissait, elle aussi ? Pour un homme solitaire, je trouvais qu'il connaissait drôlement de monde, et même moi je ne l'aurais imaginé se lier d'amitié avec une fille aussi souriante et énergique. Remarque, c'était peut-être pour ça qu'il était -peut-être- ami avec elle, parce qu'elle devait représenter son opposé. « Après tout... je ne te vois pas vraiment faisant quoi que ce soit de répréhensible » Je riais un peu et hochais de la tête pour appuyer ce qu'il disait, parce que j'étais tout l'opposé de la fille rebelle qui faisait n'importe quelle bêtise qu'elle trouvait à faire et qui se retrouvait en retenue pratiquement tous les jours. En plus, étant donné que j'étais plus qu'effrayée par la retenue avant de voir que des gens parfaitement normaux s'y trouvaient, je n'aurais jamais rien fait qui m'aurait intentionnellement ramené ici. Si j'avais su qu'il y allait, peut-être que cette remarque aurait changé. « Quelque chose qui ne se passe qu'à la télévision et qui peut vraiment n'arriver qu'à moi » Je poussais un petit soupir en gardant mon sourire au visage -qui commençait d'ailleurs à me faire mal, il était rare que je reste autant de temps avec une expression du genre-, et reprenais la parole. « Tout ce que je dirai, c'est que ça incluait moi, une nuit blanche, et une flaque d'eau » Je riais un peu et passais une main dans mes cheveux machinalement, pas parce que ça faisait cool -parce que ça ne l'était pas-, mais juste parce que .. Bref, je ne savais pas, et restais silencieuse quelques instants. J'alternais les regards entre Aidan et Summer, ne sachant vraiment que dire, et ouvrit finalement la bouche. « Je suppose que tu ne sais pas mieux que moi qui s'occupe de la retenue, enfin vu le retard je parierais plutôt sur Evan .. » J'avais bien tenu ma promesse de ne dire à personne qu'il ne s'agissait de mon frère, mais en fait la plupart des personnes qui étaient autour de moi l'avaient appris, d'une façon ou d'une autre. Il ne fallait pas me taper. Je me retournais spécifiquement vers Aidan, pour lui faire part d'une de mes précédentes réflexions mentales. «  Si c'est lui, je doute qu'il ne me propose pas de me ramener lui même après et, je ne sais pas trop quoi dire .. » Je ne savais pas vraiment si ce que je sous entendais était particulièrement explicite. Parce que je ne voulais pas qu'il ne me ramène pas, mais bien qu'il le dise lui même à mon frère. J'étais bien trop gênée pour oser le faire moi même, et même si cela paraissait ridicule, je considérais Evan comme un frère et mon père à la fois, et il me semblait que c'était bien ce qui se faisait ? Je ne pouvais pas exactement dire à Aidan les réflexions qu'il m'avait fait à son sujet, et de l'autre il allait se poser des questions sur le fait de devoir parler au frère d'une fille avec qui il était uniquement ami .. Tout cela me donnait mal à la tête.

Bon dieu, sauvez moi. Faites n’importe quoi, un miracle. Oh oui, un miracle. Un tout petit, peut être .. Et bien non. Mon i-pod toujours vissé aux oreilles, j’entrepris d’augmenter le volume d’un cran. Et malgré cela, je ne pouvais qu’entendre les divers conversations se déroulant dans la salle. Même si cela revenait à englober les malheureux balbutiements d’Enea, aux quels répondaient les quelques personnes concernées. Donc .. Toutes celles qui passaient, à peu près. J’étais vraiment anormale. Et pas seulement selon les thermes de l’humanité simple, qui ne m’avaient jamais concerné. Non. Moi, j’étais apparemment une asociale. Et cela ne me dérangeais pas. Je connaissais Enea, je connaissais Apple. Et tout les autres aussi. Même si je n’avais jamais adressé la parole à certain.. Et pourtant. Pourtant, j’en revenais à réclamer à un dieu - qui n’existait pas, je le savais – un miracle. Simplement parce que j’étais ici la seule et unique vampirette. Et parce que, sans échapper à sa nature qui semblait être d’attirer cette chère Enea Phoenix Bennett dans les ennuis, elle était coincée avec moi ici. Et même si j’avais chassé peut de temps auparavant, même si je ne dévorais plus d’humain depuis un certain pari, et bien cette demoiselle avait tout simplement une odeur alléchante. Je m’étonnais d’ailleurs chaque jours de son retour en classe tout les matins. Selon moi, seul un profond respect pour notre aîné commun, Aidan, tenait les autres immortels en arrière. Et j’ignorais combien de temps ce fameux respect suffirait à assurer la protection de cette chétive humaine. C’est donc pour cette raison, ainsi que pour deux autres, plus personnelles, que je surveillais Enea de loin, dès que je le pouvais. Pour tout avouer, les deux autres arguments étaient bien entendu, ma curiosité naturelle, mais aussi le fait que je vivais cela comme de la procuration. Puisque Aidan tenait – j’en étais sûre – plus qu’il ne voulait l’avouer à cette humaine, et que j’étais moi-même incapable de faire pareil, je voulais voir ce que donnerait cet attachement par eux. C’était peut être égoïste et tordu, mais ça me ressemblait, et tant que ça contentait tout le monde, je ne voyais pas trop ce qu’Aidan aurait pu avoir à y redire.

Puis, m’interrompant dans mon monologue silencieux, une nouvelle personne fit irruption dans la salle. L’observant un court instant, je souris. C’était une originale, dont le look était remarquable. Je n’avais rien contre elle, et je n’avais rien pour elle non plus. C’était une métamorphe, je connaissais son nom, son prénom, et même si je n’avais pas encore trouvé de renseignement sur son pouvoir, il était clair que cela me suffisait. Je n’aimais pas ma faire des amis chez les mortels, justement parce qu’ils allaient mourir. Et les métamorphes étaient décidément trop motivé pour m’amuser. Parce que même si mon sang félin me rendait plus souriante que les autres immortels, il n’en était pas moins vrai que les métamorphes finissaient toujours par me taper sur le système. Enfin. Apparemment vexée par le manque d’entrain devant son arrivée, la blonde vint s’asseoir dans le coin à ma gauche, tout en gardant ses distances. Je lui en fût reconnaissante, mais ne lui adressai pas la parole pour autant. J’étais bien dans mon mutisme, il me contentait. Puis quelqu’un d’autre entra. Avant même que la personne ne soit entrée, son odeur me fit sourire. Aidan Williams. C’était étonnant, mais d’un côté, il était toujours tout près d’Enea. Et même s’il ne le faisait pas exprès, c’était excellent. Automatiquement, et parce que je n’aimais pas qu’il lise mes pensées, je laissai mon instinct animal prendre le contrôle de mon esprit. Les changements furent directs. Je me mis à penser de manière plus concrète, plus .. chaotique. Et mes réflexes s’affûtèrent aussi, rendant le moindre de mes mouvements encore plus félin, et de ce fait, moins humain .. Mais peu importait, le regard des autres ne m’avait jamais dérangé, je n’allais pas m’arrêter pour eux. Souriant à Aidan, je le regardais avancer, ralentir près d’Enea, pour finalement venir s’installer à mes côtés. Plutôt heureuse de ce geste, je lui adressai un rapide regard d’encouragement. Je savais pourquoi il était venu près de moi, et je l’aiderai si besoin .. Et si j’y arrivais. Détachant quelques mots du cours chaotique des mes pensées, je les mis en évidence, de sorte que résonne bientôt dans la tête de l’autre immortel un léger « Bonjour.. Tiens bon. » C’était singulier, mais je n’avais pas envie – ni besoin – de faire plus. Je n’étais pas spécialement proche d’Aidan, mais nous nous comprenions assez bien, et c’était suffisant.


Bizarrement, il retourna près d’Enea. Cette conduite m’interloqua, et, surveillant sans être indiscrète, je tournai délicatement la tête. Bien entendu, je les écoutais. Mais les mots roulaient sur moi sans que j’y fasse attention, simplement parce que je ne voulais pas m’incruster, ni être au courant de ce que les deux autres racontaient. Aidan sembla le remarquer, et il ne dit rien. C’était bizarre. J’avais toujours trouvé ennuyant le fait qu’il puisse entendre ce que les gens pensaient, mais sans leur répondre. C’était dommage. Enfin. Je ne réagis que lorsqu’il s’adressa directement à moi, avec un sourire. « J’avais parié. » Ma réponse brève, fut suivie d’une question d’Enea. Et je ne savais que répondre. Simplement parce que mes paris étaient tous généralement foireux, et que je ne pariais jamais grand-chose.. Pourtant. Je ne pu m’empêcher de leurs répondre, avec un sourire ; « Un baiser, peut – être ? Je ne sais pas .. Aidan, que veux tu ? » Avec un léger rire, qui parût illuminer la pièce et l’ambiance, je finis par les laisser reprendre leur conversation, qui après tout, ne me concernait plus. Et puis, sous l’impulsion d’une envie soudaine, je me levai, et passais derrière Enea en lançant un regard d’avertissement calme et glacial à Aidan. S’il se passait quoi que ce soit pendant mon absence, je le déchiquetais. Et même si j’étais certaine que les remords feraient qu’il me le demanderait lui-même, je tenais à lui dire. Lorsqu’il eu compris le message, je souris, et m’éclipsais de la pièce. Une fois dans le couloir, je vérifiais avec détachement qu’aucun professeur n’arrivait puis m’avançait vers une fenêtre, devant laquelle je me figeais. Malgré moi, le sang des humains, que je sentais courir dans leurs veines .. Et bien ce sang me rendait folle. Une fois légèrement calmée, je respirais une ou deux fois à fond – plus par habitude que pour me calmer, vu que j’étais restée calme – je repris le chemin de la classe. Sur le moment, je n’avais pas su pourquoi j’avais besoin de m’éclipser, je compris enfin que c’était parce que la pièce était déjà trop bondée à mon goût. Et que cela m’énervait …

Apple, pendant qu'elle se délectait d'un Lion offert par la généreuse Enea - qui semblait l'apprécier, et elle en était ravie - observait les gens autour d'elle. Lorsque la porte s'ouvrit une première fois, ce fut pour laisser passer une blondinette au look extravagant mais pas désagréable. Apple, par principe, lui sourit, mais laissa quelqu'un d'autre répondre à sa question. Ensuite, la porte, derrière elle, s'ouvrit à nouveau. Apple n'eut même pas besoin de se retourner pour savoir qu'un Immortel venait d'entrer. elle l'avait repéré à la froideur de son corps, qu'elle sentait à plusieurs mètres. Et surtout, à son odeur délicate, qu'un humain n'aurait pas repérée, mais que son flair de louve lui permettait de reconnaître: l'odeur si caractéristique des Immortels. Apple se retourna et eut un grand sourire en reconnaissant le charmant jeune homme qui venait d'entrer. Aidan, ce garçon si mystérieux qui, avec elle, se libérait un peu et devenait presque déluré. Apple avait beaucoup de sympathie pour lui. Ce fut donc naturellement qu'elle se leva et alla l'embrasser sur la joue. Elle utilisait toujours le baiser comme salut, autant pour les filles que pour les garçons, du moment qu'elle les connaissait. Aidan, après lui avoir souri - quel beau sourire il avait, dommage qu'il ne le montre pas plus souvent, songea-t-elle -, alla parler à Enea. En quelques minutes, Apple comprit - même si Aidan ne lui en avait jamais parlé auparavant - les sentiments qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. La légère crispation d'Aidan, et le fait qu'il avait ouvert la fenêtre, lui permirent même de comprendre qu'il avait du mal à résister à l'odeur du sang d'Enea. Apple était ravie de ne pas être une Immortelle: s'abreuver de sang, non merci. Quelle torture cela devait être pour Aidan ! Il aurait dû se nourrir avant de venir. Apple s'efforça de ne pas écouter leur conversation, car elle ne la regardait pas, mais entendit tout de même l'explication d'Aidan pour le fait qu'il se trouve en retenue. Elle ne put s'empêcher de commenter: "Wahou, Aidan, l'élève modèle, manque de respect à son professeur ! Tu me déçois, tu sais ?" Elle expliqua ensuite la raison de sa retenue à l'Immortel, car il semblait être surpris de la voir en retenue. La plus vieille hybride de La Crosse, alias Apple, se désintéressa ensuite de leur conversation, toujours afin de respecter leur intimité. Elle se leva dans le but d'aller rejoindre la nouvelle venue, une petite brunette qui lui avait souri, ce qui laissait présager une discussion possible. Entre-temps, Apple, sentant la difficulté d'Aidan à se concentrer, poa sa main sur l'épaule dure du jeune homme et murmura dans son oreille: "Courage." Elle avait prononcé cet unique mot dans un murmure inaudible pour Enea, mais que l'ouïe surdéveloppé du doyen des Immortels pourrait entendre. Ne pouvant résister à l'envie de faire rire Aidan, Apple tira ensuite sur les joues du jeune homme, afin de lui faire faire une grimace comique. Ce geste n'avait absolument rien à voir avec ce qu'elle venait de dire, mais Aidan devait sans doute être habitué à la logique inexistante et à la légère folie qui habitait Apple. Celle-ci s'assit ensuite à côté de la jeune fille brune dont elle ignorait le prénom, et engagea aussitôt la conversation: "Hey, je m'appelle Apple. Je t'ai déjà croisée à l'hôtel Aushwitz, mais ton prénom m'échappe. Tu peux me rafraîchir la mémoire ?"

« Quelque chose qui ne se passe qu'à la télévision et qui peut vraiment n'arriver qu'à moi. Tout ce que je dirai, c'est que ça incluait moi, une nuit blanche, et une flaque d'eau » Aidan revit la scène par le biais des pensées d'Enea, et ne put empêcher un léger rire de franchir ses lèvres fines, un son que peu de gens avaient l'occasion d'entendre. Néanmoins, cette scène était réellement hilarante. Il lui posa une question dont la réponse était bien sûr sous-entendue ; « À ce que je vois, tu attires les ennuis comme un aimant. » « Je suppose que tu ne sais pas mieux que moi qui s'occupe de la retenue, enfin vu le retard je parierais plutôt sur Evan ..Si c'est lui, je doute qu'il ne me propose pas de me ramener lui même après et, je ne sais pas trop quoi dire .. » Les sourcils d'Aidan se froncèrent automatiquement. Elle marquait un point: Evan le laisserait-il la ramener s'il lui demandait gentiment? Il faudrait bien, car l'Immortel avait pris la décision de la ramener chez elle. Or, avec Aidan, les désirs des autres s'arrêtaient souvent là où débutaient les siens, ainsi allait le monde... « Techniquement, il ne devrait y avoir aucun problème... Tu partiras directement avec moi, puisque les autres ne sont pas sensés savoir que vous êtes frère et soeur, non? Tout ira bien, ne t'en fais pas. » Il avait toutes les misères du monde à se concentrer. Non seulement y avait-il Enea, mais se tenaient également sa soeur Rafael, Summer & Apple, dont il ne pouvait s'empêcher de suivre le cours de pensées, bien qu'il suive les pulsions chaotiques de Summer, dans le cas de la belle Immortelle. Ses pensées sous forme de pulsions étaient décidément les plus enivrantes, Aidan aimait bien entrer en contact avec l'esprit si riche de sa cadette. Enea avait relevé ses cheveux, et c'est avec surprise qu'Aidan fut frappé de plein fouet par l'odeur. Il dut réprimer un geste brusque, que les humains ne virent pas, mais il était certain que tous les êtres de l'Area 51 avaient remarqué à quel point il avait été à un poil de sauter sur la jeune fille. Cette odeur finirait par le rendre fou, cette senteur florale si douce, qui empoisonnait ses sens, qui... Concentration!! Focus. Summer finit par répondre à la question d'Aidan, et celui-ci fut, comme toujours d'ailleurs, ébloui par son sourire si parfait. « J’avais parié. Un baiser, peut – être ? Je ne sais pas .. Aidan, que veux tu ? » Le principal concerné ricana, comme il le faisait souvent face aux propositions foireuses de Summer, mais il l'aimait bien pour cela. Sans crier gare, une vieille image lui revint en tête, en petit jeu amusant auquel jouaient beaucoup de jeunes adolescents, contrairement aux "vieux" sages et sérieux qu'ils étaient... spin the bottle. Jetant automatiquement un regard d'excuse en direction d'Enea avant de répondre, Aidan lâcha simplement, l'air presque dédaigneux, « Tu m'avais fait jurer de jouer à la prochaine partie de spin the bottle. »

Suivit une remarque de la part d'Apple, cette hybride qui, pourtant, était appréciée d'Aidan. Non pas qu'il avait quelque chose de particulier contre cette race de l'Area 51, mais quand il y en avait trop dans une même pièce, leur odeur tendait à lui monter à la tête, provoquant d'horribles maux de tête dont il préférait nettement se passer. « Wahou, Aidan, l'élève modèle, manque de respect à son professeur ! Tu me déçois, tu sais ? » Ses yeux glacés se retournèrent vers la jeune hybride louve, et il ne put empêcher une lueur amusée de se glisser dans son regard vert qui devenait de plus en plus foncé. Lorsque la soif aurait atteint son paroxysme, que ses yeux deviendraient complètement noirs... Il devrait se trouver une raison et s'éclipser aussi rapidement que possible dehors. Qui sait, peut-être les hybrides pourraient-elles lui filer un coup de pouce en créant une diversion par le biais d'une transformation plus que bienvenue... « Personne n'est parfait, surtout pas moi, apparemment, Apple. » Cette remarque, dite d'un ton presque badin, n'était pourtant nullement fausse, compte tenu de sa nature. Le prédateur le plus perfectionné du monde... Puis, il vit arriver l'enseignant de littérature, Evan Carlson, qui surveillait leur retenue. Il savait bien pourquoi l'homme était en retard, ses sens surdéveloppés ayant entendu des râles et des gémissements dans le couloir. Voilà qui promettait d'être intéressant, pensa-t-il en souriant intérieurement. Après tout, il aimait bien cet enseignant constamment égaré et perdu, si facilement intimidable... Il nomma les élèves sur la liste, et hésita après avoir prononcé le nom de Summer. Evan devint rouge comme une tomate et Aidan vit tout de suite ce à quoi il songeait. Une liaison? Avec Summer?! Aidan jeta un regard à la fois surpris et interrogateur en direction de Summer, sachant bien que cette dernière, loin d'être une idiote et connaissant son don, saurait ce qu'il avait vu dans les pensées de l'enseignant. Evan appelait les élèves à l'aide, mais Aidan n'avait nulle envie de lui tendre une perche. Qu'aurait-il voulu à l'instant présent? Vider sa voisine de son sang délectable. Sortir d'ici et se couper du monde pour mettre ses réflexions au clair. C'était une réalité à laquelle l'Immortel était habitué: lorsqu'il entendait les pensées de plusieurs personnes en même temps, les siennes devenaient moins cohérentes, plus brutales, plus chaotiques, se rapprochant dangereusement de l'instinct de chasse du prédateur qu'il était, ce pourquoi il tentait de se calmer en ne pensant pas au sang de sa jeune voisine. La fenêtre ouverte ne laissait-elle donc pas entrer d'air?!!

Alors là, ça allait devenir amusant. Alors que je venais de revenir en classe et de reprendre ma place auprès d'Aidan, un nouvel humain entra. Souriante, je regardais d'un œil moqueur notre cher monsieur Evan Carlson entrer. Il avait une tenue très débraillée, et je ne pus m'empêcher de penser que Mlle Carlisle avait du trouver un moyen de se détendre après m'avoir collé ma retenue. Enfin. Tandis que je rangeais distraitement mon i-pod, et que j'écoutais d'une oreille inattentive Aidan faire papotte à Enea, le professeur se mit à faire l'appel. Il avait l'air mal à l'aise, et ce qu'il fit en citant mon nom me fit sourire encore plus. Haha. Je dû me retenir d'éclater de rire. Il avait rougi ! Héhé 8) .. Sans le quitter des yeux, je souris de plus belle, juste avant de sentir un autre regard peser sur moi. Oh, bien sûr, la plupart des élèves me fixaient.. Mais là, c'était Aidan. Remarquant son regard interrogateur je me rendis compte qu'il avait du lire chez Carlson ce qu'il s'était passé. Merde. Me mordillant les lèvres, je calmais le flot ininterrompu et chaotique de pensées animales qui me traversaient l’esprit, tout en profitant de ce moment pour mettre en avant quelques images. Carlson buvant verre sur verre, puis se jetant à moitié sur moi. Moi-même, succombant à mon instinct animal.. Ensuite, en lui épargnant tout les détails qui ne le regardait pas – et qu’il verrait chez Carlson de toutes manières – je lui montrais mon réveil, la manière dont je m’étais débattue pour que le professeur me lâche.. Bizarrement, la tête d’Aidan à la vue de ces images me fit rire, et je du me forcer à me taire. Si je me laissais aller, j’allais me taper un vrai fou rire, ce qui n’était pas conseillé. J’entendis soudain la blonde assise plus loin à ma droite dire à Apple de faire attention à une poutre, puis se ré appuyer contre le mur. C’était anormal. Enfin. Tant pis, je n’avais pas envie de réfléchir à ça pour le moment. Puis, Carlson demanda de l’aide à ses élèves. Consciente du pouvoir que j’exerçais sur lui en ce moment, j’en profitais. Oh, pas méchamment, non, mais je savais tout simplement qu’il ne pouvait réfléchir de manière cohérente en ma présence. Surtout depuis la fameuse nuit .. Enfin bref. Me levant d’un bond souple, je souris, puis lui dit avec un calme glacial ; « Monsieur, les deux travaux que je devais rendre sont sur le bureau ... » Et bam. Je n'étais pas censée rendre ses travaux avant le cours prochain, mais tant pis. Il allait se demander comment j'avais réussi à tout finir si vite, et cela m'amuserait. De plus, c'était un travail que je rendais en retard, plus un autre que m'avait assigné Carlisle pour m'occuper à l'étude. D'ailleurs, en parlant d'occupation, les paroles d'Aidan me revinrent en mémoire.. « Tu m'avais fait jurer de jouer à la prochaine partie de spin the bottle. »

Toujours debout, je me mis derrière Aidan, en posant une main glacée sur son épaule. Il était tendu. Très tendu. Frémissant devant la catastrophe qui approchait à grand pas, je pris rapidement une décision. Ouvrir une fenêtre, et donner des mots d'encouragements, les autres étaient capables de le faire. Mais il y avait une chose qui pourrait peut être encore l'aider. Et que je n'avais fait que deux fois auparavant. La première fois parce qu'il me l'avait demandé, et la deuxième parce que je voulais lui montrer ma façon de penser. Alors, pour la troisième fois, je lui ouvris mon esprit. Consciente de ce que je faisais, je le laissais s'immerger dans mes pensées. Après, bien sûr, avoir pris le soin d'enlever toutes notions de sang, chasse, et Enea. Silencieuse depuis un court instant, je me rendis compte que ma position me forçais à parler. Sinon, Carlson allait encore se demander ce que je foutais. Ouvrant donc la bouche en essayant de continuer de distraire l'assoiffé sanglant ici présent, je proposais calmement ; « Et bien monsieur, puisque .. tout le monde ici à fini son travail » Bon là, je mentais. Je le savais, et Aidan aussi. Et sûrement ceux qui n'avaient pas fini ce qu'ils étaient censé faire. Mais tant pis. Personne ne réagis, et j'en fus soulagée.« Et que bien sûr, nous sommes censés rester calme, je propose qu'on s'occupe en groupe .. D'ailleurs, Aidan viens juste de me rappeler qu'il m'avait mis au défi de participer à un jeu de la bouteille » Ce n'était pas tout à fait ça, mais bon. Je n'allais pas commencer à expliquer le grand jeu des paris et des "pas cap" auquel je participais avec l'autre immortel hein. « Donc comme il y a une bouteille, et si les autres élèves sont d'accord pour jouer, on pourrait peut être le faire .. En restant sage, promis. » Haha. La dernière phrase, je le savais, et j'en étais certaine, seuls Aidan ainsi peut être qu'Apple et Jessina l'avaient entendu. J'avais envie de rire, et les provocations ne manquaient pas. D'un côté, j'avais toujours été comme ça, je n'allais pas changer maintenant.