Eden Pleasance Gray

Il fait noir. Je vous dirais bien que c'est normal, puisque c'est la nuit. Mais étrangement, ce n'était pas ce ciel uniformément noir qui assombrissait l'allée où je me trouvais. Non, c'était moi. Ma présence a toujours été très obscure, à l'instar de ma vie. Déjà, commençons par le commencement...

Je ne suis pas née de l'union d'un père et une mère. A vrai dire, je ne suis même pas censée être née. Je suis le produit d'une expérience. On pourrait parler d'une expérience ratée puisque j'étais censée avoir pour don la téléportation. Mais quelque chose clocha dans ma création. Et je devins une traqueuse...

Qu'est-ce qu'une traqueuse, me demanderez-vous? Et bien, c'est une personne - une Immortelle, pour mon cas - qui n'a qu'une seule idée en tête : tuer. Je suis la pire tueuse du millénaire. Dès que je me trouve une proie - animal ou humain, ces derniers étant mes préférés -, celle-ci ne peut plus m'échapper. Je n'aurais de repos qu'après l'avoir attraper. J'ai un GPS intégré dans la tête, je sais où se trouve n'importe qui, n'importe où dans le monde. Ma vitesse, qui est la plus grande par rapport aux autres Immortels, m'aide à rattraper ma proie très rapidement. Je suis une machine à tuer, en somme.

Mais revenons à notre histoire. La nuit venait de tomber, et j'imagine qu'un être humain normal aurait eu froid, puisque les courants d'airs emplissaient la sinistre et sineuse rue où je me baladais. En fait, j'étais en pleine chasse. Ma première. Nous venions d'arriver à La Crosse, après nous être échappés de l'Area 51. Lorsque je dis nous, je parle de mes semblables, des autres Immortels, ainsi que les Hybrides et les Metamorphes. Nous n'étions pas normaux, et nous le savions.

Lorsque j'étais à la base, on me nourissait avec des pochettes de sang d'animaux. Mais jamais je n'étais rassaisiée. Il me fallait plus, un sang meilleur que ce pipi de chat. Et ce sang, j'allais le trouver au bout de cette rue.

Une bande de jeune gens avancèrent. A leurs rires et leur maintien penchant, je devinais qu'ils étaient soûls. Parfait, se serait beaucoup plus drôle ainsi. Mais qui étais-je, moi, une jeune femme très belle en plein milieu d'une rue déserte, l'air impassible, un petit sourire aux lèvres. Sûrement durent-ils me prendre pour une de ces filles qu'on appelle charmantes, car ils m'accostèrent. L'un d'eux me jeta un rapide coup d'oeil, analysant mon corps, avant de lancer, avec un rire bourru :

- Eh ma jolie! Qu'est-ce qu'une aussi jolie fille comme toi fait dans un endroit aussi lugubre...? *hips* Ca te dirait de faire un petit tour en ma compagnie...?

Je lui souris. Il dût croire que c'était une réponse affirmative à sa question, car il fit un pas en avant. Mais je ne bougeais pas. Au contraire, je restais parfaitement immobile tandis qu'un rire cristallin sortit de ma bouche. Se fut comme un carillon enchanteur. Je posais mes yeux doux sur le jeune homme, et finit par décréter, avec amusement :

- Tu as dis deux fois "jolie", dans ta phrase. Ceci est une anaphore. Malheureusement, je ne supporte pas les anaphores...

Et c'est ainsi que débuta le jeu. Je bondis sur l'homme qui m'avait parler, lui brisant la nuque au passage et mordit son cou. Ses compagnons commencèrent à fuir, mais je m'en fichais. Le sang coulait dans ma gorge. Jamais je n'avais bu un tel délice. Le sang animal n'était rien à côté de ça. Je me régalais. Mais le dîner fut vite fini. Je décidai alors de me débarasser du corps. L'un des compagnons du jeune homme avait laissé une bouteille d'alcool. Je m'en saisi, en jeta sur le cadavre et y mis le feu avec le briquet du jeune homme que j'avais sorti de sa poche intérieur.
Maintenant, ça allait être au tour des autres. Mon festin allait être parfait, ce soir-là.